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Massacre de Ngarbuh: voici le visage derrière la vérité des faits

Massacre Ngarbuh L’histoire vient donner raison à Mgr George Nkuo

Fri, 24 Apr 2020 Source: camer.be

Considéré comme un soutien aux sécessionnistes qui l’ont pourtant enlevé il y a quelques mois, le successeur de Cornelius Esua Fontem est un prêtre téméraire.

Dans la polémique qui accompagne le communiqué du Secrétaire général de la Présidence de la République, relative aux événements de Ngarbuh, Mgr George Nkuo, évêque catholique du diocèse de Kumbo, dans le Nord Ouest, doit être bien embarrassé. En attendant de savoir si le nombre de victimes déclaré par Ferdinand Ngoh Ngoh est celui trouvé par la commission d’enquête mise sur place pour faire la lumière sur ces tristes événements, il est présenté comme juge et partie.

Dans le manichéisme ambiant, la participation du prélat, aux côtés des magistrats militaires et des officiers du Mindef, à la recherche de la vérité, apparaissait comme un piège. Sa cooptation avait pour but, si l’on juge par les commentaires des hiérarques du Rdpc, de lui rabattre le caquet, une fois pour toutes. L’évêque de Kumbo, comme ses autres confrères de la particulière conférence épiscopale provinciale de Bamenda, est considéré par beaucoup comme un opposant, comme le cardinal Christian Tumi, leur supposé mentor dans le sacerdoce.

Né le 27 février 1953, George Nkuo est ordonné le 26 février 1981, comme prêtre du diocèse de Buéa. Le 8 juillet 2006, il est nommé évêque du jeune diocèse de Kumbo, par le Pape Benoît XVI et installé en septembre de la même année, en remplacement de Mgr Cornelius Fontem Esua, devenu archevêque de Bamenda et aujourd’hui retraité. Jusque-là, tout se passe bien entre les populations, très croyantes et leur leader, jusqu’au déclenchement de la crise anglophone. Leurs écoles fermées, des paroisses attaquées, le pouvoir accuse les évêques de supporter les agitateurs, parce qu’ils appellent au dialogue. De retour d’une réunion épiscopale, avec ses collègues de la conférence ecclésiastique de Bamenda, il sera enlevé par des miliciens à Jakiri. Grosse polémique, certains estiment qu’il se serait agi d’une simulation, au regard de son apparition plus tard derrière une moto, lorsqu’il a été relâché. Il avait fait une homélie fort médiatisée, appelant à la rentrée scolaire.

Lors des événements sanglants du 14 février, le gouvernement fait état d’un bilan officiel de cinq morts, en dehors des présumés sécessionnistes: une femme et quatre enfants. Le chiffre est contesté par les organisations de la société civile, plusieurs leaders politiques et l’Onu, qui parlent de plus de 20 morts. Dans une correspondance du 18 février 2020 aux prêtres, religieux, croyants, hommes et femmes de bonne volonté, Mgr George Nkuo, soutient que le massacre a coûté la vie à 24 personnes. « Nous avons été suffisamment informés du vrai malheureux incident qui a eu lieu le 14 février dans le village Ngarbuh-Ntumbaw à la paroisse St Martin de Porrès à Ndu… Le vendredi 14 février 2020, les militaires ont envahi Ngarbuh à 4h et on nous a dit que vingt-quatre personnes, dont des femmes enceintes et des petits enfants, ont été tuées… certaines victimes ont été brûlées vivantes et plusieurs autres blessées», insiste le prélat qui parle de neuf maisons incendiées et de « centaines de personnes de Ngarbuh sont actuellement déplacées et réfugiées dans des conditions humaines déplorables dans des villages voisins».

Alors que les coups viennent de partout, il invite à une solidarité envers les victimes. «En attendant l'aboutissement de l'enquête en cours pour déterminer les responsables de ce massacre impitoyable, il incombe à nous chrétiens, non seulement de condamner fermement ces atrocités, mais aussi d'aider immédiatement les nouvelles victimes à trouver un soutien et réconfort auprès de nous».

L’évêque de Kumbo invite à « une journée de prière pour les décédés et membres souffrants de ce tragique incident », le 21 février 2020. Un appel considéré comme un soutien aux sécessionnistes. L’histoire vient de lui donner raison : il y avait injustice et exactions.

Source: camer.be
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