Maurice Kamto, entre résilience et solitude politique : un message qui interroge l’avenir du MRC

Ce lundi 29 septembre 2025, Maurice Kamto a de nouveau marqué les esprits avec une publication sobre, mais chargée de sens. Dans un message intitulé « La Pensée de MK » (N° 086-2025), le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) livre une réflexion intime sur la trahison, la résilience et la quête de clarté dans un environnement politique miné par les divisions et les calculs. « Ce sont l’expérience des Hommes et les lois qui gouvernent la vie qui m’ont forgé à survivre aux trahisons, et à ne plus m’occuper que de ce qui compte », écrit-il, avant d’évoquer la perfidie, la lâcheté, la jalousie et la haine comme des maux qu’il a appris à affronter.

Cette sortie intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le MRC. Après avoir annoncé, il y a quelques jours, qu’il ne soutiendrait aucun candidat à la présidentielle du 12 octobre, Maurice Kamto a vu son parti se déchirer entre partisans de l’abstention, défenseurs d’un ralliement à Issa Tchiroma ou Bello Bouba Maïgari, et ceux qui réclament son retour à la tête du mouvement. « Quand on refuse de se poser les bonnes questions ou d’assumer sa responsabilité d’Homme, cheminer ensemble devient un danger pour celui qui cherche un peu de clarté avant d’avancer », souligne-t-il, comme une réponse voilée aux critiques et aux divisions qui agitent son camp.

Pour les observateurs, ce message sonne comme un aveu de lassitude face aux luttes internes et aux manipulations. « Kamto semble dire qu’il ne gaspillera plus son énergie dans des combats stériles », analyse un politologue camerounais. « Il se recentre sur l’essentiel : sa vision politique et sa survie dans un jeu où les alliances sont souvent éphémères. »

Le ton de Kamto est celui d’un homme qui a tiré les leçons de ses expériences passées. « Elles [les lois de la vie] m’ont appris à discerner les fourvoiements de bonne foi du cynisme », écrit-il, faisant probablement référence aux retournements de veste et aux stratégies opportunistes qui ont jalonné son parcours. En 2018, il avait frôlé la victoire présidentielle avant de voir son mouvement s’effriter sous les pressions du pouvoir et les dissensions internes. Aujourd’hui, alors que le MRC est plus divisé que jamais, son message semble adressé autant à ses détracteurs qu’à ses propres partisans.

« La grandiloquence des flatteurs » et « les applaudissements hystériques » qu’il mentionne pourraient également viser certains de ses anciens alliés, prompts à le soutenir publiquement avant de le lâcher dans l’ombre. « Kamto a toujours été un stratège, mais il est aussi un idéaliste. Ce message montre qu’il a compris que la politique camerounaise ne récompense pas toujours la loyauté », commente un journaliste spécialisé.

Alors que les élections législatives et municipales de 2026 se profilent, la question du leadership du MRC reste en suspens. Kamto, dont le retour officiel à la tête du parti est toujours bloqué par des querelles statuaires, semble vouloir tracer une ligne rouge : « Cheminer ensemble devient un danger pour celui qui cherche un peu de clarté. » Une phrase qui pourrait annoncer une refonte de sa stratégie, voire une distanciation avec ceux qui, au sein du MRC, refusent de s’aligner sur sa vision.

« Changement dans la paix », le hashtag qui accompagne son message, rappelle aussi l’un de ses leitmotivs : une transition politique apaisée, loin des violences et des règlements de comptes. Mais dans un pays où le jeu politique reste impitoyable, cette quête de paix semble de plus en plus solitaire.

Que reste-t-il du « Kamto phénomène » ?

En 2018, Maurice Kamto incarnait l’espoir d’une alternance. Sept ans plus tard, alors que le Cameroun s’apprête à voter dans un climat de défiance généralisée, son message du 29 septembre 2025 interroge : et si le vrai combat de Kamto n’était plus contre Paul Biya, mais contre les démons internes de son propre camp ?