L’asphyxie peut-être pas encore, mais 2023 sera sans doute une année difficile pour les Camerounais. La complexité de l’environnement international avec ses crises multiformes adossée aux difficultés endogènes ne sont pas de nature à favoriser le plein épanouissement pour une écrasante majorité de la population. Comme si cela ne suffisait pas, la Loi de finance 2023 avec des nouvelles impositions fiscales plante déjà le décor d’une vie plus chère. L’inflation qui a atteint 4,6% au deuxième semestre 2022 devrait poursuivre une ascension fulgurante par rapport au taux de 3% admis au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Pris dans l’étau de l’inflation, le Gouvernement semble perdre son latin, arguant sans trop convaincre que le taux d’imposition au Cameroun n’est pas aussi élevé en comparaison à certains pays du continent. Quid des bons exemples en la matière qui existent pourtant à travers l’Afrique. Aveu d’impuissance ou mauvaise foi caractérisée des gouvernants ? Toujours est-il au-delà des beaux discours, la réalité est là, implacable, la vie est de plus en plus chère. Même des thuriféraires enclins à défendre l’indéfendable ne pouvant nier cette réalité, tant les faits parlent d’eux-mêmes. Depuis quelque temps, le Gouvernement n’a eu de cesse d’insister sur cette « nouvelle » trouvaille qu’est l’import-substitution. Autrement dit, l’accroissement des exportations et la réduction des importations. C’est le fil d’Ariane des politiques budgétaires au Cameroun au cours des prochaines années qui vise à réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur l’objectif étant d’atteindre dès 2023 une croissance de 4,5 % grâce à la production locale. Les Pouvoirs publics misent sur un certain nombre d’indicateurs pour atteindre ces objectifs de croissance. Outre la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SN30) qui prévoit notamment de consacrer 40% des dépenses de l’Etat à l’investissement, contre 30% dans par le passé, il y a la baisse du taux de croissance économique de 0,3 points en pourcentage par rapport à l’estimation de 4 % du collectif budgétaire de juin 2022 et enfin, la réduction des dépenses d’investissements à 22,1 % en 2023 contre 36,3% depuis 2017.
L’implémentation de l’import-substitution intervient dans un contexte marqué par le déficit de la balance commerciale qui a cumulé à 1478 milliards de FCFA en 2021, soit une aggravation en valeur relative de 7,5% par rapport au précédent exercice. Reste à savoir si le « made in Cameroun » qu’on entend – enfin – promouvoir permettra d’inverser la tendance inflationniste actuelle, synonyme d’une économie dépendante des importations.