Yaoundé – Face aux craintes de manipulation des résultats, des citoyens camerounais mettent en place un système technologique inédit pour compiler et diffuser les résultats dès la fermeture des bureaux de vote le 12 octobre. Un dispositif qui s'inspire des expériences sénégalaise et française.
5 octobre 2025
« Il revient au peuple camerounais de défendre sa victoire le soir même du 12 octobre », martèlent les promoteurs de cette initiative citoyenne. Leur argument juridique est solide : conformément à l'article 113 du Code électoral, « Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public.
En théorie, l'addition des résultats de tous les bureaux de vote permet d'obtenir une tendance claire dès 20h le soir du scrutin, sans attendre la publication officielle du Conseil Constitutionnel présidé par Clément Atangana.
Des dispositions techniques ont été prises pour contourner une éventuelle coupure d'Internet. Un dispositif d'Internet gratuit par satellite, financé par la diaspora camerounaise, sera accessible à tous les citoyens du 12 au 16 octobre 2025.
Les organisateurs recommandent aux Camerounais de télécharger dès maintenant des VPN (réseaux privés virtuels) pour garantir leur accès à l'information, même en cas de blocage gouvernemental des connexions traditionnelles.
L'exemple sénégalais de mars 2024 inspire cette initiative. Alors que le Conseil Constitutionnel n'avait pas encore proclamé les résultats officiels, c'est sur la base des procès-verbaux sortis des bureaux de vote que le peuple célébrait déjà dans les rues la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
« Même en France, ce sont les résultats des bureaux de vote qui sont publiés par les chaînes de télévision le soir même du scrutin, alors que le Conseil Constitutionnel les valide des semaines plus tard », rappellent les initiateurs du projet.
Pas besoin de compiler les résultats des 33 000 bureaux de vote du pays. Les organisateurs estiment qu'environ 25 000 bureaux de vote stratégiques suffisent pour déterminer le vainqueur. La technologie des smartphones permettra de filmer et transmettre en temps réel les procès-verbaux des bureaux les plus importants.
« Ce qui se passe ailleurs se passera aussi au Cameroun le 12 octobre 2025 », affirment avec confiance les promoteurs de cette surveillance citoyenne du scrutin.
Cette mobilisation technologique expliquerait-elle l'absence prolongée du président sortant ? Certains observateurs estiment que « malgré le dopage et le botox, il n'a pas le moral de se rendre à Maroua où il risque même d'être hué par les populations ».