Dans une interview accordée jeudi à l'émission "Rendez-vous avec l'Afrique" sur Voxafrica, Me Alice Nkom, avocate et militante des droits de l'homme, a dressé un bilan sévère des 43 années de pouvoir du président Paul Biya, particulièrement en matière de justice.
L'avocate internationale a établi un parallèle entre l'administration d'Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun, et celle de l'actuel chef d'État. "La justice au temps d'Ahidjo était de loin, mieux à celle de Paul Biya. La justice d'aujourd'hui est gangrenée par la corruption", a-t-elle affirmé, louant les qualités de bâtisseur du premier président camerounais.
Me Nkom s'est particulièrement inquiétée de la situation des prisonniers politiques, citant notamment les cas de Bibou Nissack et Alain Fogué. "Il a accentué la répression de tous ceux qui ne pensent pas comme lui", a-t-elle déclaré, questionnant la légitimité de ces emprisonnements.
À l'approche des élections présidentielle et régionales de 2025, l'avocate a exprimé ses vives préoccupations quant à l'avenir du pays. "Il y a trop de frustrations, et des attentes peuvent être démesurées de cette élection en faveur du changement", a-t-elle souligné, craignant les conséquences du mécontentement populaire.
Pour Me Nkom, le bilan des 43 années de "Renouveau" est sans appel : "Les faits sont têtus [...] le renouveau n'a rien renouvelé du tout", a-t-elle conclu, déplorant l'échec de la construction d'un véritable État de droit sous la présidence de Paul Biya.