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Mebe Ngo’o cité dans un autre scandale de surfacturation

Mebe Ngo’o, Ministre Transports Les chiffres font état de près de 20 milliards de surfacturation

Mar., 31 Oct. 2017 Source: Boris Bertolt

Le 9 octobre 2017, le chef de mission de contrôle et de vérification auprès du ministère du transport du Contrôle supérieur de l’Etat demande à Edgard Alain Mebe Ngo’o de lui fournir plusieurs éléments relatifs au dossier d’acquisition des MA 60 à savoir: l’intégralité du dossier d’appel d’offres, les contrats commerciaux signés en septembre 2011 et en juillet 2012, l’offre initiale du fournisseur chinois AVIC, les rapports d’études préalables et les différents mémoranda d’entente signés dans le cadre de ce projet.

Cette opération du CONSUPE fait suite au fait que l’Etat du Cameroun détient actuellement des preuves d’un important scandale financier impliquant plusieurs membres du gouvernement à savoir: Edgard Alain Mebe Ngo’o (actuel ministre des transports), à l’époque ministre de La Défense mais qui a été le premier à acquérir un MA 60 pour le compte de l’armée ; Jules Doret Ndongo, secrétaire général des services du premier ministère à l’époque du déclenchement de la procédure d’acquisition des avions ; Séraphin Magloire Fouda, actuel secrétaire général des services de la primature, mais Conseiller économique du chef de l’Etat au moment des faits ; Robert Nkili qui a été au ministère des Transports, mais qui confie qu’au moment où la procédure d’acquisition des MA 60 a été lancée il était ministre du travail et de la sécurité sociale et nie par conséquent son implication dans ce dossier. Les chiffres font état de près de 20 milliards de FCFA de surfacturation.

L’histoire commence en réalité en 2011, lors de la visite du président Biya en Chine, un accord avait été scellé entre le Cameroun et la Chine pour la livraison de trois avions MA60 par la Chine au Cameroun. A cette période, le chef de l’Etat est profondément préoccupé par le lancement de la flotte de la Camair-Co qui vient de renaitre sur les cendres de la Cameroon Airlines et l’équipement de l’armée camerounaise pour faire face aux menaces à nos frontières au Nord et à l’Est du Cameroun. Des centaines de milliards seront débloqués à cet effet. Bon à savoir, c’est d’ailleurs dans ce cadre que Edgard Alain Mebe Ngo’o est actuellement traqué par les services de sécurité français pour des rétro-commissions avec la société Mag Force, qui a livré des équipements militaires à l’armée camerounaise.

En Septembre 2011, le chef de l’Etat autorise l’acquisition des MA 60. À l’époque, les termes du contrat, qui rappellent un commerce d’arachides au marché, prêtent à sourire : pour deux avions achetés, le troisième est livré gratuitement.

Le premier avion sera effectivement livré un an et demi plus tard à l’armée du Cameroun. C’est ainsi que toute l’opération d’acquisition des avions se mettra en place. Cerveau de toutes les négociations, le ministre de La Défense qui a de très bons contacts avec les chinois. D’ailleurs il va effectuer de nombreuses visites en Chine. Rappelons au passage que, de tous les ministres de La Défense de Paul Biya, Edgard Alain Mebe Ngo’o est celui qui aura effectué le plus grand nombre de voyages à l’extérieur.

Problème: très vite au-delà de la fiabilité de ces avions remise en cause par des experts de l’aéronautique, des informations sur la surfacturation sont transmises au chef de l’Etat. Les avions auraient coûté deux fois plus cher que sur le marché. Des responsables camerounais ont volontairement multiplié les coûts dans les négociations avec les chinois afin d’obtenir des rétro-commissions. Dès la fin 2014, Paul Biya demande à la police judiciaire d’ouvrir une enquête sur l’acquisition des MA60. De nombreux intervenants sont auditionnés. Y compris Mme Afouba Ngayihi et Doung Marcel, Ingénieurs en aéronautique (vous comprendrez pourquoi ils sont importants par la suite) qui sont auditionnés à plusieurs reprises. Leurs révélations mettent clairement en cause le ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o. Dès août 2015, Paul Biya autorise à ce qu’une délégation d’enquêteurs de la police judiciaire et d’experts en aéronautique se rende en Chine, en France, au Canada et au Congo (qui a également acquis les MA 60) pour investiguer sur la question. A leur retour, les auditions se poursuivent. La police judiciaire boucle son enquête et transfère le dossier au secrétariat général de la présidence de la République à l’attention de Paul Biya.

Le dossier transmis à Paul Biya met en cause les personnes sus-mentionnés. Afin de vérifier son implication, dans un calcul machiavélique dont il a le secret, Paul Biya mute Mebe Ngo’o au ministère des Transport où il sait pertinemment qu’il travaillera à nettoyer les traces de son implication dans l’acquisition des MA 60 et va transmettre il y a quelques semaines à nouveau le dossier au CONSUPE. Au-delà des documents qui commencent à disparaître comme par enchantement, des pressions sont constamment exercées sur ses collaborateurs. Il fait limoger les deux experts de l’autorité aéronautique qui ont établis auprès de la police judiciaire sa responsabilité. Problème il n’agit pas seul. Il est de connivence avec Séraphin Magloire Fouda (dont Doung Marcel n’est autre que le frère consanguin (ils auraient le même père). Mais un frère qui parle trop à son gout.

Il n’est donc pas surprenant d’avoir vu Edgard Alain Mebe Ngo’o, Fame et Jules Doret Ndongo à l’entrée du palais de l’unité pour soi-disant former la ceinture sécuritaire du Sud autour de Paul Biya comme si ce dernier était devenu le président de la république du Sud Cameroun ». En réalité ils tentent d’utiliser l’argument de l’ethnie pour manipuler le président afin que ce dernier ferme les yeux sur le détournement de plus de 20 milliards FCFA.

Auteur: Boris Bertolt