Paul Chouta est maintenant un homme sauvé. Le journaliste a quitté le Cameroun pour l’Allemagne, pays depuis lequel il va exercer librement sa profession, loin des intimidations et des tentatives d’assassinat faites contre lui. Le lanceur d’alertes a su compter sur l’organisation internationale Reporters sans frontières (RSF) pour mettre le voile.
A l’aéroport de Berlin, Paul Chouta a pu glisser ses premières paroles et donné les raisons de ce voyage ainsi que ses plans pour le futur.
Paul Chouta est un web journaliste, blogueur et lanceur d'alerte. Il a été incarcéré pendant vingt-trois (23) mois pour diffamations et puis libéré. Le 1er février 2019, il est agressé à coups de couteau par trois (03) personnes non identifiées alors qu’il sort de son domicile à Yaoundé.
L'agression est condamnée par les organisations de défense de la presse notamment Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le 28 mai 2019, cinq (05) officiers de police interpellent Paul Chouta et le conduisent au Secrétariat d’État à la défense (SED). Il est accusé, sur la base d'une vidéo, de diffamation, injures à la suite des plaintes formulées par l'écrivaine franco-camerounaise Calixthe Beyala.
L'arrestation est condamnée par des organismes internationaux de défense des droits des journalistes et des droits humains qui exigent sa libération. Son procès n'a pas eu lieu, les audiences étant reportées (vingt-trois fois) au tribunal de première instance de Yaoundé.
D’après les notes rendues publiques par le Comité pour la protection des journalistes et son avocat Me Emmanuel Simh, la demande de libération du journaliste a été refusée. Le président français Emmanuel Macron a été sollicité pour obtenir la libération de Paul Chouta.
En 2020, le cabinet d’avocats américain Debevoise & Plimpton et la Fondation Clooney pour la justice ont interpellé le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire du Haut-commissariat de l’Onu aux droits de l’homme (HCDH) pour demander la libération du journaliste et l’arrêt des poursuites qu’ils qualifient de disproportionnées et inutiles. Reporters sans frontières (RSF) juge sa condamnation « extravagante et abusive ».
Le 18 mai 2021, le tribunal de première instance du Mfoundi condamne Paul Chouta à vingt-trois (23) mois d’emprisonnement ferme avec une amende de 160 000 francs CFA et des dommages et intérêts de 02 millions de francs à payer avant sa libération. Deux jours plus tard, le 20 mai 2021, il est libéré.
Paul Chouta n’a vraiment été en sécurité dans son propre pays. Il est peint comme un journaliste prêt à tout pour dénoncer et faire son devoir professionnel qui est d’informer et de donner aux citoyens les moyens de comprendre la gestion que font les dirigeants du pays.
Après la mort de son collègue Martinez Zogo, il est devenu la cible prioritaire à abattre. Paul Chouta a révélé à plusieurs reprises qu’il se sentait surveillé nuit et jour. Des véhicules suspects avec à bord des hommes inconnus et aux apparences louches le filaient en douce. Il était devenu presque certain pour lui qu’on voulait le tuer, la première tentative ayant échoué lorsqu’on l’avait laissé pour mort.