Mendicité : La prison pour 'trouble à l'ordre public'

Children Malnutrition Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Mon, 27 Jun 2016 Source: fr.allafrica.com

Le nouveau code pénal prévoit des peines pour celui qui pour se procurer des moyens de subsistance sollicite la charité.

Ala Poste centrale à Yaoundé comme dans bien d'autres lieux de fréquentation au Cameroun, pullulent des mendiants, ces personnes apparemment dans l'incapacité de se procurer par le travail des moyens de subsistance. Youssouf B. fait partie de ces nombreux citoyens qui risquent d'être bientôt frappés par le nouveau Code pénal.

Installé non loin de la délégation régionale d'Eneo à Yaoundé, il s'est dit surpris par les nouvelles dispositions du Code. « Ils vont nous arrêter. Depuis le bas âge, j'ai perdu un membre et je ne peux pas travailler ». Mohamadou Gaibai, mal voyant rencontré au marché Mokolo, n'a que la mendicité comme recours à l'absence d'emploi. Le Code pénal adopté en première lecture à l'Assemblée nationale sanctionne désormais tous ceux qui se baladent dans les rues à la recherche d'un hypothétique pain quotidien.

L'article 245 précise qu'est puni d’un emprisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de cinquante (50.000 F.Cfa) celui, ayant des moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit ». L'article 246 va plus loin et renchérit cette disposition. « « Est puni d'un emprisonnement de six mois à six ans et d'une amende de cent mille (100 000) de francs le mendiant, même invalide ou démuni de ressources, qui sollicite la charité dans l'une des circonstances suivantes :

- En usant d'injures, de menaces ou de violences,

- En entrant, sans permission de l'occupant, dans une habitation ou un enclos en dépendant,

-En simulant des plaies ou un handicap pour tromper la vigilance d'autrui, d'un groupe, à moins que ce ne soient le mari et la femme, le père ou la mère et leurs enfants, l'aveugle et son conducteur ».

Cette loi a particulièrement fait l'objet de débats. Le 22 juin 2016, le rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, des droits de l'homme et des libertés, de la Justice, du règlement et de l'administration a indiqué que lors des travaux en commission, le ministre de la Justice a rappelé que « la mendicité est différente de l'aumône. Elle est un trouble à l'ordre public ».

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