Message à la Nation : L’exhortation à la probité et à la discipline en question

Paul Biya

Thu, 5 Jan 2023 Source: www.camerounweb.com

Paul Biya en faisant l’état sur la Nation le 31 décembre 2022 a exhorté ses compatriotes à suivre cette voie pour relever les défis de la corruption, de l’incivisme et de l’insécurité. Suffisant pour vaincre l’hydre du malaise public ?

Paul Biya en faisant l’état sur la Nation le 31 décembre 2022 a exhorté ses compatriotes à suivre cette voie pour relever les défis de la corruption, de l’incivisme et de l’insécurité. Suffisant pour vaincre l’hydre du malaise public ? « Chacun, à son niveau, doit faire montre de probité et veiller à la préservation de l’intérêt commun », demande Paul Biya aux Camerounais, qui pris individuellement brille par l’égoïsme. Ceci fait écho à son lointain message de vœux de bonne et heureuse année en 2013 qui précisait que le peuple du Cameroun est « un peuple d’individualistes, plus préoccupés de réussite personnelle que d’intérêt général ». Cette année encore et comme les années antérieures, il exhorte tous ses concitoyens indépendamment de leur rang social à la probité et à la discipline individuelle. Combien des surdoués de la prévarication des deniers publics écoutent-ils encore et prennent-ils peur ? A défaut d’une batterie de répressions toujours un peu plus draconiennes les aunes que les autres, n’est-il pas logique que les fossoyeurs de la fortune publique reçoivent ce message comme de l’eau sur le dos d’un canard ? A quoi bon continuer d’exhorter ses compatriotes à changer de comportements déviants si au bout du compte, rien ne change ? Bien entendu que la dimension pédagogique n’est pas à occulter mais le risque est grand que sans l’exemplarité des sanctions établies, l’opinion suive plutôt les mauvaises prouesses de ceux qui spolient l’Etat et vont couler des jours dorés en prison à défaut d’avoir restitué le corps du délit. Qu’est-ce qu’une loi sans mesures contraignantes, sans les différentes sanctions liées à sa violation ? C’est là le chemin de la sagesse, de l’éducation véritable des peuples à la citoyenneté selon qu’il est dit que la peur du gendarme est le commencement de la sagesse. On se demande toujours pourquoi le chef de l’Etat ne change pas de fusil d’épaule si chaque année on constate que les mêmes maux décriés reviennent plus vigoureux qu’avant. Le même refrain revient et les incrédules à l’évangile présidentiel redoublent plutôt d’effort pour éventrer la fortune publique. « C’est en observant une discipline personnelle dans notre agir au quotidien, que nous parviendrons à bâtir ce Cameroun moderne auquel nous aspirons tous », supplique dirait-on Paul Biya avant d’assener comme à son accoutumée. « Chacun, à son niveau, doit faire montre de probité et veiller à la préservation de l’intérêt commun », poursuit le numéro un camerounais. Il n’y a sur ce point rien de nouveau sur l’incitation à la probité. Qu’on se souvienne que c’est depuis le 31 décembre 2013 que le président de la République faisait ce constat percutant sur le fonctionnement de notre société. « Bien qu’attachés à nos communautés d’origine – ce qui ne nous empêche pas d’être de fervents patriotes lorsque l’honneur national est en jeu – nous sommes un peuple d’individualistes, plus préoccupés de réussite personnelle que d’intérêt général. Notre Administration reste perméable à l’intérêt particulier. Ce dernier est le plus souvent incompatible avec l’intérêt de la communauté nationale. Dans un Etat moderne, cette dérive ne doit pas être tolérée », déclarait-il in extenso. Presque dix ans plus tard, on se rend compte que la situation, loin de s’améliorer s’est empirée. Juste à titre indicatif, la Conac (Commission nationale anticorruption) dans son rapport 2021 dit clairement que le Cameroun a perdu 43.947.794.138 Fcfa à cause de la corruption. En dépit de ceci, le président de la République n’est pas allé plus loin dans la mise en œuvre des mesures plus draconiennes pour contenir ce fléau. « Aussi, je tiens une fois encore à rappeler que tous ceux qui s’enrichissent illicitement, en spoliant l’Etat, à quelque niveau que ce soit, vont rendre des comptes ». Si avec cette sortie on peut comprendre et saluer que désormais la lutte s’engagera aussi bien dans le secteur public que le secteur privé, on se demande cependant pourquoi le président de la République ne met pas en œuvre le décret d’application de l’article 66 de la Constitution du 18 janvier 1996 portant sur la déclaration des biens.

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