Le Cameroun a reculé dans beaucoup de domaine
Quelle serait la réaction du président Ahidjo en voyant l’état dans lequel se retrouve le pays qu’il a confié à Paul Biya. Jean-Pierre Du Pont propose ici la réponse dans un discours imaginaire.
Camerounais, Camerounaises,
Très chers compatriotes des villes, des villages, des campagnes et de la diaspora, c’est à vous, la jeunesse, que je m’adresse aujourd’hui, en ce jour de la fête qui vous est dédiée. Ce 11 février, c’est votre jour. L'immense majorité d'entre vous, nés en 1982 ou après, ne m’ont pas connu. Ce que je déplore grandement, croyez-moi.
J'avais initialement voulu que cette date soit celle du souvenir douloureux de la perte de nos 80 000 compatriotes du Northern Cameroon, qui, par un plébiscite vicié de l'ONU le 11 février 1961, furent rattachés au Nigéria voisin. Mais, convaincu que l'avenir d'une nation ne pouvait se construire sur le ressentiment, j'ai décidé d'en faire une journée d'espérance et de mobilisation pour vous, la jeunesse, qui incarnez l'avenir du Cameroun.
Lorsque notre pays accéda à l'indépendance le 1er janvier 1960, nous étions moins de quatre millions d'habitants et souffrions d'une cruelle pénurie de cadres. Le départ massif des administrateurs coloniaux français exigeait une réponse immédiate. C'est pourquoi j'ai lancé une politique ambitieuse de camerounisation des cadres, en fondant des universités et grandes écoles :
L'Université de Yaoundé
Polytechnique (1971)
L'Université de Ngaoundéré et celle de Dschang
L'EMIA (Ecole Militaire Interarmées)
L'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun)
Le CUSS (Centre Universitaire des Sciences de la Santé)
Dans le domaine du sport, nous avons créé les OSSUC (Organisations Scolaires et Sportives Universitaires et Collégiales), qui ont révélé la fine fleur du sport camerounais.
Convaincu que l'indépendance économique passait par la maîtrise de nos infrastructures, j'ai pris en 1971 la décision de quitter Air Afrique et de créer Cameroon Airlines, dotée d'un Boeing 747 Combi. Nous avons aussi mis en place des piliers économiques essentiels :
CAMSHIP (Compagnie maritime)
REGIFERCAM (Chemins de fer)
SODECAO et SODECOTON (Cacao et coton)
ONCPB (Office National de Commercialisation des Produits de Base)
SONARA (Raffinerie de pétrole)
SNH (Société Nationale des Hydrocarbures)
SNI (Société Nationale d'Investissement)
SNEC et SONEL (Eau et électricité)
L'agriculture, or vert du Cameroun, était au cœur de ma politique. Nous avons encouragé l'initiative privée en mettant en place des banques agricoles (FONADER, FOGAPE, MIDEVIV) et des coopératives (UCCAO, CAPLAMI, CAPLANOUN). Ces structures permettaient aux paysans de bénéficier d'un prix stable et d'une assistance technique.
L'enseignement était accessible à tous : l'inscription à l'université était gratuite, et chaque étudiant recevait une bourse. Le logement social était une priorité, avec les cités SIC. Mon modèle était observé au-delà des frontières.
Je me souviens d'une visite du président Félix Houphouët-Boigny de la Côte d'Ivoire, qui tenait à voir les plantations bamiléké. Nous nous rendîmes à Bafoussam et Koutaba, et, impressionné par l'ardeur au travail de nos cultivateurs, il s'exclama : "Un homme qui a faim n'est pas un homme libre."
Le Cameroun était alors autosuffisant et exportait ses denrées en Éthiopie, Chine et Inde. Grâce à une gestion rigoureuse, nous avons traversé les chocs pétroliers sans recours au FMI ou à la Banque Mondiale, préservant notre souveraineté économique.
Chers jeunes Camerounais,
Gardez espoir en vous et en votre pays. Cette terre bénie regorge de potentialités. Travaillez avec acharnement, soyez créatifs, ambitieux et dignes du Cameroun. Les difficultés du présent ne sont que passagères. Le Cameroun de demain sera ce que vous en ferez. Mais souvenez-vous :
Le moment venu, vous aurez des comptes à rendre aux générations futures.
Vive le Cameroun libre, indépendant et uni !
President Ahmadou Ahidjo