En dehors des répressions policières, le régime de Yaoundé userait des méthodes surnaturelles pour dompter les Camerounais. Le livre « Sang pour sang » de l’écrivain EBALE ANGOUNOU Daniel St Yves, livre quelques détails sur ce rite.
LA MESSE DE MVOLYE
A l'heure de Nicodème, une sinistre procession a lieu au cimetière catholique de Mvolye. Il s'agit ici du siège de l'Eglise Catholique. Une colline qui, de la base à la crête, est un territoire conquis aux installations catholiques. Les trois statues, le foyer des sœurs de Saint Paul, le Sacré-cœur, l'imprimerie Saint Paul, le secrétariat général de la conférence épiscopale, l'école catholique, le cimetière de Mvolye, le centre Jean XXIII, la grotte mariale, la résidence de l'Archevêque de Yaoundé etc ... autorisent à croire en une sorte de bénédiction des lieux. Que non !
Malgré toutes ces infrastructures, le quartier est plongé dans une obscurité infernale, favorable à toutes sortes de pratiques. Cette nuit du 26 mai 1990, les grosses légumes de la République et autres membres du cercle de Paul Biya, sont réunis au cimetière, pour une messe noire, autour d'un célébrant de tradition ésotérique. Parce qu'il faut absolument asseoir l'autorité de Paul Biya sur tous les Camerounais, afin que ceux-ci se retrouvent impuissants face à lui quelle que soient leurs velléités, cette messe a été convoquée.
Ce soir là, un Camerounais a été charcuté quelque part, pour les besoins de la cause, il fallait du sang et des organes humains, qui seraient présentés selon les rites de la transsubstantiation. Lorsque le prêtre, au cours de la messe, procède à l'offertoire, le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ. Le principe de la transsubstantiation relève d'un théorème magique.
La poupée Ashanti chez les créoles, dans le îles du pacifique donne à l'observateur une idée de la consistance du principe de la transsubstantiation. Quand l'aiguille la frappe sur la tête, celui qu'elle représente à l'instant de l'opération éprouve de violentes douleurs à la tête. Si l'opérateur la frappe au cœur, la personne ciblée éprouve les douleurs à cet endroit. En sorte que, par ce moyen on peut mettre un terme à la vie d'un individu sans pourtant avoir eu un lien direct avec lui ; tout simplement en s'étant servi d'une poupée le représentant.
De même, quand comme à Mvolye, le célébrant va déterminer que la chair et le sang qui vont être consommés sont la chair et le sang de tous les Camerounais, il en sera ainsi. Dès lors, ceux qui les consomment ont mangé tous les Camerounais. Dans la forme et dans le fond en effet, la démarche du célébrant est absolue : "voici les camerounais, tous les Camerounais en ce corps et en ce sang. Quand vous en mangerez et en boirez avec foi, c'est tous les Camerounais que vous aurez consommés.
On a vu ce que sont devenues tes villes mortes et autres manifestations ; on a vu comment ont été gérées les baisses de salaire chez tes fonctionnaires. On en est encore à se demander comment l'ordre a pu revenir au pays après les périodes chaudes que les Camerounais ont connues durant les années de turbulence liées aux balbutiements de la démocratie naissante. Cette cérémonie rejoint étroitement celle de Maroua dans l'extrême-nord du Cameroun. En 1991-1992, l'époque où l'agitation politique avait atteint son apogée, tous les fous de la ville furent décapités. On les retrouva morts un jour, et mutilés de certains organes vitaux. En réalité, redoutant une guerre civile, les dirigeants du pays bien informés des pratiques de sorcellerie, concoctèrent une mixture avec tous ces organes de personnes humaines sacrifiées. Une pratique magique qui eut certainement un effet heureux, puisque la menace de guerre civile qui pesait sur le pays, se dissipa toute seule.