Mobilisation tous azimuts pour une sortie de crise

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Tue, 17 Jan 2017 Source: camer.be

Vendredi 13 janvier, les membres du Comité adhoc chargé d’examiner les revendications des enseignants du sous-système éducatif anglophone envisageaient avec beaucoup d’optimisme, la levée du mot d’ordre de grève des enseignants qui paralysent les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les grévistes euxmêmes s’apprêtaient à lâcher du lest lorsque, soudain, des conducteurs de motos-taxis et des dizaines d’anonymes se dirigeaient en bloc vers les services du gouverneur de la région du Nord-Ouest où se tenaient les discussions.

Un mouvement de foule déclenché par une folle rumeur faisant état de la prise en otage des leaders de la grève par les responsables gouvernementaux présents à Bamenda. Les forces de l’ordre débordées ont tiré à balles réelles dans la foule, faisant quatre blessés. Suffisant pour radicaliser les grévistes qui ont aussitôt décidé d’appeler à deux journées villes mortes au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, à compter de ce lundi 16 janvier 2017.

La tournure prise par les événements depuis jeudi dernier était pour le moins attendue. En effet, à Kumba, jeudi 12 janvier, les avocats anglophones réunis en conclave au Presbyterian Youth Centre ont vu l’arrivée de l’ancien Ministre Garga Haman Adji, mandaté selon ses affirmations, pour servir de médiateur dans la crise. Après un refus catégorique de l’aile dure du mouvement, les avocats ont finalement écouté Garga pendant au moins cinq minutes.

Le visiteur a dit qu’il était venu écouter les avocats, pour s’informer personnellement de leurs revendications. Samedi 14 janvier, Garga Haman a rencontré au Buea Mountain Hotel, le président du Consortium des associations anglophones de la société civile, Felix Nkongho Agbor Balla. Le reporter du Jour présent au début de l’entretien a dû quitter les lieux pour laisser les parties intéressées dans leur échange privé. Plus tard, rien n’a filtré de l’entrevue.

Concessions

A Kumba et Buea, le ministre Garga a rencontré d’autres personnalités dont l’identité n’a pas été communiquée. Insuffisant pour désamorcer d’un seul coup le mouvement de grève en cours dans les régions d’expression anglaise du Cameroun. « Lorsque le ministre Garga a quitté Bamenda, nous croyions que quelque chose de bien allait se produire le lendemain », indique un officiel dans le sillage des négociations à Bamenda.

Un membre du Consortium reconnait que le gouvernement a fait plusieurs concessions. Redéploiement des enseignants non anglophones, affectation des enseignants anglophones au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, mouvement dans la magistrature, etc. Sans compter le recrutement annoncé de plusieurs enseignants. Les discussions portaient donc déjà des fruits à Bamenda, tout comme les travaux du Comité chargé d’examiner les questions soulevées par les avocats du Common avançaient aussi dans la sérénité.

Au Nord-Ouest comme au Sud-Ouest, le gouvernement a activé des leviers parallèles pour venir à bout de la contestation. Dans la ville de Manfe où se tenait une réunion des évêques, tout le monde attendait une proclamation au sujet de la grève en cours. Au rang des hôtes de marque, le gouverneur de la région du Sud- Ouest, Bernard Okalia Bilaï venu spécialement de Buea. Dans le contexte de crise actuel, nul ne peut dire ce qui se trame en dessous. Une source à la région à Buea a confié hier dimanche que « tout se passe bien ». Est-ce à dire que la fin de la grève est proche ? Les activistes de Bamenda répondent par la négative. Et affirment que la grève va durer plus longtemps encore.

« Aussi longtemps  que le gouvernement va refuser d’accepter le principe du fédéralisme à deux Etats au Cameroun ». C’est du reste l’un des points contenus dans la déclaration des villes mortes, issue des concertations du 13 janvier. Ce lundi, il faut attendre de voir si les villes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest seront effectivement mortes comme le souhaitaient les contestataires anglophones. De la réussite ou l’échec du mouvement annoncé pour aujourd’hui et demain, dépendra la suite des événements.

Hier soir, l’on signalait déjà une forte tension au sein du Consortium. Et pour cause, le véhicule de Dr Fontem, parqué devant l’unité de santé de l’université de Buea a été incendié dans la nuit de samedi à dimanche. Les membres du Consortium considèrent cette attaque comme étant une provocation qui aura de graves conséquences sur le dialogue avec le gouvernement. L’on en saura un peu plus sur cet épisode aujourd’hui ou demain.

Source: camer.be