Montée en puissance du banditisme: un journal expose les limites de la police camerounaise

Martin Mbarga Nguele, DGSN, patron de la police camerounaise

Mon, 25 Apr 2022 Source: Le Messager N 6002

Policiers sans armes, des fois avec des armes sans munition, des policiers sans grand moyens face à des bandits lourdement armés...Dans sa parution de ce lundi 25 avril, le journal Le Messager attire l'attention des autorités camerounaises par rapport à des tares de la police camerounaise qui se distingue de plus de manière triste.

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Le grand banditisme fait des enjambées spectaculaires à voir comment, impuissants, sans moyens, ni outils de travail, les forces de police se font moquer et narguer par des malfrats. Mardi 12 mars 2022. Sortie de l'enceinte de l'école des travaux Publics de Yaoundé. Il est à peine 19 heures. Fatiguées de stopper un taxi qui ne les prend pas, deux étudiantes s'engagent à faire quelques pas dans la direction de la station Total Melen.

À peine une dizaine de mètres, elles sont happées par un quatuor de malfrats qui les neutralise, les fouille et s'empare de leurs biens : en quelques minutes, les téléphones portables, les ordinateurs et leur matériel de valeur changent de propriétaires. Terrifiées, éplorées, paniquées elles ne trouvent aucune épaule secouable : Dans les environs de l'école, il n'y a aucune unité de police, pas de commissariats de sécurité publique, absence d'éclairage public, juste de la pénombre. Pour qui connaît ce haut lieu du savoir, l'école est sur un site dangereux et non sécurisé.

De part et d'autre, ce sont des quartiers où les forces de l'ordre y accèdent difficilement. D'un cliché à un autre, carrefour intendance. Il est 14 heures, mercredi dernier. Aux entournures de la maison des artisans, une jeune dame, debout sur le trottoir est spolié de son téléphone portable par deux voleurs à l'arraché, sur une moto. « Oh m'y God! Jésus ! », S'exclame la journaliste Promise Akanté, en service à Royal FM. La pauvre a juste une poussière de secondes pour marquer son indignation, sa colère et sa révolte. L'aspect insolite et spectaculaire de ce coup de vol, c'est qu'il se passe sous le « regard impuissant » et choquant de plusieurs personnes au rang desquelles une demi-douzaine d'officiers de police qui ne peuvent intervenir. Désarmés, les mains nues, n'étant en possession d'aucun outil, ni moyen de locomotion pour prendre en chasse les deux malfrats, les officiers de police, au même titre que les populations, resteront tétanisés, stupéfaits, inefficaces et incapables à réagir.

Cinq jours plus tôt, une dame au volant de sa voiture dans laquelle, se trouvent sa sœur aînée et leurs enfants est prise pour cible. Alors qu'elle est coincée dans les embouteillages sur l'axe de la pénétrante qui va de l'ancien cinéma « Le Rex » pour le palais polyvalent des sports, des malfrats sans inquiétude, mais d'allure désinvoltes, agressifs et menaçant avec des longs couteaux ouvrent les portières du véhicule, emportent tous les biens des occupants de l'automobile. Les trois clichés sus évoqués ne sont pas des cas isolés.

Dans la ville de Yaoundé, il ne se passe pas un jour sans qu'on ne recense des victimes prises en grippe par les brigands et les malfaiteurs. Ces hommes sans scrupules dépouillent les usagers de la route. Le plus grand nombre de ces crimes est l'apanage des motos taxis. « Même si l'insécurité est vécue de manière permanente, le phénomène des motos taxis en augmente l'intensité. Ils sont à l'origine d'un nombre élevé des vols et des agressions », lance un policier.

Dans le périmètre de la Sni, aux encablures du palais des sports, à la Briqueterie, carrefour intendance, Mokolo en bas, marché du Mfoundi, Nkolndongo. . ., il existe des espaces publics qui sont presque devenus des zones interdites, difficiles d'accès aux forces de l'ordre. Ici les activités des hommes sans scrupules vont grandissant et s’aggravant ; on pourrait penser que les voyous et les filous influencent, ou ont pris le contrôle de tout. Personne n'est à l'abri. En plein carrefour intendance, il est arrivé que les policiers qui dirigent la circulation se fassent délester de leur téléphone portable ou porte-monnaie par les motos taxis...

Peur sur la ville

Qu'est ce qui peut expliquer la floraison des motos taxis et les vols à l'arraché dans le périmètre urbain pourtant formelle- ment interdit d'accès aux engins à deux- roues? Comment comprendre ou justifier que dans la presque majorité des postes, les unités de police, certaines chaumières et points chauds, il y a certes des poli- ciers, mais on dirait qu'ils font dans la contemplation et la figuration? Combien de temps faut-il pour faire comprendre à la hiérarchie policière que les moyens de riposte, d'intervention actuels sont devenus inopérant, inefficaces et inoffensifs. Les malfrats et les bandits se moquent, narguent le langage de la dissuasion, de la peur de l'autorité policière ou de l'action du découragement. Au regard de la recrudescence des coups de vol, l'agression et la spoliation des biens des populations, à en juger par le tableau de peinture, du moins la caricature sombre, funeste et pittoresque du grand banditisme et l'insécurité qui vont s'intensifiant, il faut proposer une nouvelle politique de sécurité publique dans les cités, les villes et les zones urbaines au Cameroun.

À voir comment dans les grandes métropoles : Yaoundé, Douala, Garoua, Bafoussam ; les malfrats, les groupes de gangsters, les agresseurs, les bandits commencent à se déjouer des forces de l'ordre en dictant leurs lois, il faut faire quelque chose. Inutile de rappeler à Martin Mbarga Nguele que la situation est identique dans les villes, chefs lieu de départements. La côte d'alerte est atteinte. Il faut rassurer les populations par des moyens, une offensive efficace et des voies de riposte qui éloignent de la panique, la détresse les grandes frayeurs, le stress permanent et les angoisses qui se sont emparés des populations. Le temps n'est plus à la multiplication innombrable des policiers à mains nues, sans armes. La récurrence des activités dangereuses des bandits, leur mode opératoire, le spectaculaire dans les actes de vols, braquages, agressions et filouterie, il faut éviter de créer le doute, aussi bien chez les populations qu'au sein des forces policières ; au risque de laisser croire aux bandits que la peur a changé de camp; qu'ils peuvent continuer de perpétrer impunément des forfaitures de délinquance, de grand banditisme et l'insécurité selon leur convenance. À la hiérarchie policière de comprendre qu'il est impératif de façonner une police moderne, débarrassée des stratégies ténébreuses et des pratiques moyenâgeuses. L'heure est grave, les bandits sont en confiance, l'insécurité grandissante plane, les populations ont perdu le sommeil et le goût à la vie. Accablés par la vie chère, traumatisés par le malaise social qui se propage dans toutes les strates de la vie courante, si en plus, les camerounais ne peuvent pas se sentir protégés de leurs biens parce que la police a baissé la garde, que reste-t-il?

Source: Le Messager N 6002