Des terroristes ont encore frappé au Cameroun autour de 7h ce dimanche 20 septembre 2015. Cette fois-ci, c’est la ville de Mora qui a été la cible des Kamikazes.
Selon les autorités locales, deux jeunes filles ont fait exploser des bombes qu’elles transportaient peu de temps après leur entrée à Mora, chef-lieu du département de Mayo-Sava. Ces nouveaux attentats ont causé moins de décès que les précédents perpétrés dans les villes de Fotokol, Kerawa et Maroua. Soit cinq morts parmis lesquels trois kamikazes.
Pour le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari, ces attaques auraient pu causer plus de dégâts, n’eut été la vigilance des forces de maintien de l’ordre. En effet, c’est un inspecteur de police principal qui a repéré les suspects, deux jeunes filles âgées entre 17 ans et 20 ans, qu’accompagnait un guide plus âgé. Face à l’insistance de l’homme en tenue de les fouiller, l’une des terroristes a actionné sa bombe tandis que l’autre s’est enfuit. La première explosion a fait trois morts: le kamikaze, son guide et le policier. La seconde jeune fille a actionné sa bombe dans sa course lorsqu’elle a été aperçue par un paysan.
Midjiyawa Bakari a indiqué sur les antennes de la radio nationale, la CRTV, que « les kamikazes se précipitaient certainement pour aller se positionner dans le marché de la ville pour pouvoir commettre leur forfait. Cet inspecteur a certainement dû s’en apercevoir et a pu les intercepter. Mais, il a dû payer de sa vie. Nous magnifions cet acte-là. Nous voulons aujourd’hui féliciter les forces de défense et de sécurité, mais également les comités de vigilance. Ces kamikazes n’ont pas pu atteindre leurs objectifs ».
Un attentat repoussé
La mobilisation des éléments des forces de maintien de l’ordre a donc été salutaire. Car, les explosions de dimanche ont commis le plus faible nombre de décès depuis que Boko Harama décidé de changer de stratégie en adoptant les attentats kamikazes. Pour le préfet du département du Mayo-Sava, Babila Akaou, c’est plus les malfaiteurs qui ont péris que les civils. Ce dernier indique que des informations ont fait état de ce que c’est jeudi dernier que les terroristes comptaient frapper le marché des chèvres de la ville de Mora. Immédiatement, les forces de sécurité se sont mises en branle.
« Jeudi dernier vers 4 heures du matin, une réunion de crise s’est tenue à mon bureau. 230 soldats ont été mobilisés dans tous les quartiers criminogènes. C’est ça qui nous a permis d’éviter l’attentat le jeudi qui était un jour du marché », a indiqué Babila Akaou sur les antennes de la CRTV. La mesure s’est étendue durant les quatre jours qui ont suivi, ce qui de l’avis du préfet a permis d’appréhender les kamikazes à la périphérie de la ville dimanche.
En décembre 2013, le journal Le Jour annonçait que des lettres de menace provenant des membres de la secte islamiste Boko Haram avaient été envoyées aux autorités administratives et aux responsables des forces de l'ordre et de défense installés dans le département du Mayo-Sava dans la région de l'Extrême-Nord. Lesdites lettres écrites sur des papiers formats A4 en langue arabe, s’adressaient au préfet et à certains de ses collaborateurs des services de sécurité. Notamment le commissaire de sécurité publique de Mora, le commandant de la compagnie de gendarmerie, ainsi que le commandant du détachement du 32ème Bataillon d'intervention mobile (Bim).
Dimanche, Mora a essuyé son premier double attentat suicide. La ville abrite désormais le Quartier général camerounais de la Force multinational mixte (FMM) créée pour la lutte contre Boko Haram. Le Commandant de ce qui est dénommé Premier secteur de la FMM au Cameroun, le général Bouba Dobekreo, a été installé le 11 septembre 2015 à Mora par le général nigérian IIiya Issa Abbah, Commandant en chef de la FMM dont le Quartier général opérationnel est à Ndjamena au Tchad.