Alors que le gouvernement tente d’éviter les tensions dans le pays, un juge fait parler de lui à Mora, dans la région de l’Extrême-Nord. Il s’agit du juge d’instruction Gaoussou Taira. Le 11 octobre dernier, il a convoqué le proviseur du lycée de Kourgui avant de le faire incarcérer immédiatement. L’enseignant, Majila Moïse, est accusé d’avoir diffamé et insulté, le 17 juin 2022, le maire RDPC de Mora, Chetima Hamidou.
Les élèves de la localité, ainsi que les enseignants, menacent, par solidarité, de cesser les cours et d’organiser une grande manifestation devant le tribunal. Selon des sources locales, il n’est pas exclu que la situation s’envenime.
Il convient de rappeler que le juge Gaoussou Taira est tristement célèbre dans la région, des actions passées lui ayant valu le surnom de « sanguinaire ». L’ONG Mandela Center International a demandé la libération provisoire de l’enseignant afin qu’il puisse reprendre ses activités dans une localité déjà marquée par une pénurie d’éducateurs.
« 6. Que, sans autre forme de procédure, le juge d'instruction l'a inculpé des faits de diffamation et d'injures à l'endroit de Sieur CHETIMA HAMIDOU, maire RDPC de la commune de Mora depuis le 17 juin 2022, par suite du décès du maire Abba Boukar le 25 avril 2022;
7. Qu'alors que Sieur MAJILA Moise était frappé par un sentiment d'absurdité et ne comprenait pas ce qui lui est arrivé, il sera immédiatement déchaussé et menotté et son téléphone arraché au cabinet du juge instruction et conduit quelques minutes après, comme un malfrat, sous le regard inquisiteur de ses proches, à la Prison principale de Mora;
8. Qu'il est constant que le Proviseur MAJILA Moise et le Maire Chetima Hamidou sont tous membres d'un groupe WhatsApp regroupant les ressortissants de la commune de Mora et le premier a régulièrement critiqué les actions de l'élu RDPC à la tête de la collectivité territoriale décentralisée de Mora depuis son arrivée le 17 juin 2022;
9.Qu'au moment des présentes écritures, la tension est perceptible dans toute la localité de Kourgui et le millier d'élèves du Lycée de Kourgui s'est associé aux enseignants pour suspendre les cours et ont décidé de se masser dès lundi 14 octobre 2024 devant la prison principale de Mora jusqu'à la remise en liberté de leur proviseur; »
10. Que Mandela Center International soutient qu'en plaçant le Proviseur de Kourgui en détention provisoire pour une durée de six (06) mois renouvelable, le juge d'instruction N°2 auprès des tribunaux de Mayo Sava, Sieur GAOUSSOU TAIRA, alias le << sanguinaire », n'est pas en mesure de justifier de la nécessité de prévenir ni la fuite, ni l'altération des preuves encore moins une emprise sur les témoins;
11. Que Mandela Center International est en mesure de soutenir que le magistrat municipal de Mora a usé de ses réseaux occultes au sein de la justice locale pour régler ses comptes politiques face à un adversaire devenu gênant pour lui à l'approche d'une importante échéance électorale de 2025 et 2026, en instrumentalisant la justice camerounaise à des fins personnelles;
12. Qu'il est clair que les conditions de l'arrestation et de détention du Proviseur de Kourgui violent tous les Traités et conventions relatifs aux droits humains librement ratifiés par le Cameroun ainsi que les lois de la République;