La recrudescence d’effondrements d’immeubles rappelle la nécessité du respect des normes en la matière.
Trois effondrements d’immeubles, dont deux ayant fait des morts ont été enregistrés en un temps record dans les villes de Douala et Ngaoundéré. Le 25 juillet dernier, un immeuble d’habitation R + 4 s’est effondré au lieu-dit « Mobil Guinness », dans le 5e arrondissement de Douala (Littoral). Cet effondrement a fait plus de 40 morts et plusieurs blessés. Deux jours plus tard, un immeuble de quatre niveaux en construction s’est affaissé au quartier Baladji I à Ngaoundéré dans l’Adamaoua, faisant quatre morts. Plus récemment encore, dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 juillet dernier, toujours dans la ville de Douala, un autre bâtiment, R+2 en cours de construction, s’est affaissé dans la nuit de samedi à dimanche, causant des dégâts matériels au quartier Pk 19, dans l’arrondissement de Douala V. Heureusement aucune perte humaine enregistrée.
Dans un cas comme dans l’autre, le non-respect des normes de construction a été pointé du doigt par les populations et les autorités. Ces effondrements d’immeubles ne sont pas les premiers au Cameroun. Alors que les normes en vigueur et les procédures sont connues, presque tous semblent les ignorer. Conséquence, encore en construction ou déjà achevés certains immeubles s’effondrent tuant au passage leurs occupants et même des riverains. C’est ce qui est survenu le 6 décembre 2019 au lieu-dit Biyem-Assi Lac dans l’arrondissement de Yaoundé VI. Un immeuble R+4 en construction s’était écroulé, engloutissant une vingtaine d’ouvriers en service sur le site.
Le jour du drame, les ouvriers qui ont échappé au drame ont fait savoir qu’ils avaient constaté des fissures au niveau de la première dalle. Le chef chantier, informé avait donné l’ordre de poursuivre le travail. Certains ouvriers vont préférer abandonner le chantier, tandis que d’autres ont continué le travail. Du côté des populations aussi, elles avaient vu d’un mauvais œil l’avancée rapide des travaux. Avant le cas de Biyem-Assi, il y a eu Obili, un quartier voisin. En novembre 2019, une femme enceinte et sa fille ont été retrouvées mortes sous les décombres. Elles étaient logées dans un immeuble encore en chantier depuis des années. L’on se rappelle également de l’effondrement d’un immeuble R+4 dans la ville de Dschang en septembre 2017 ayant fait une quinzaine de morts. Ces quelques clichés funestes montrent à suffisance, qu’il y a un problème dans le secteur de la construction au Cameroun.
A la Communauté urbaine de Yaoundé, une source en charge de la question explique qu’il y a pourtant toute une procédure à suivre pour ériger une bâtisse. Le demandeur devrait avoir un permis de bâtir qui lui est délivré. Le permis en question comprend deux dossiers : administratif et technique. « S’il y a une des pièces qui manque, lors de la constitution du dossier, il est rejeté », précise la source. « Sauf qu’il y a des personnes véreuses qui ne respectent pas les prescriptions du permis de construire », regrette l’interlocuteur. D’après lui, certains propriétaires obtiennent un permis pour d’un immeuble R+2, mais vont plutôt construire un bâtiment R+5. D’autres, construisent sans toutefois avoir fait une étude du sol, ni la note de calcul. Sur le terrain également, on déplore le non-respect du dosage des matériaux de construction.
Carine Tsiele