Roger Motaze était l’aide de camp de Paul Biya et le neveu de la première dame Jeanne-Irène Biya. Cette dernière ne supportant plus sa relation avec le président de la République avait supplié en vain le soldat de l’aider à fuguer selon EBALE ANGOUNOU Daniel St Yves . L’écrivain raconte dans le livre « Le vrai visage de Paul Biya », comment le neveu de la première dame a perdu la vie après un diner avec le chef de l’Etat.
LA LEÇON DU MAITRE
Depuis leur retour de Dakar, Motaze Roger n'a pas la conscience tranquille. Sa tante est morte parce qu'il n’a pas su la protéger. Alors qu'il aurait dû. Il ressent maintenant son absence. De part et d'autre de la famille, il subit des pressions. La vie du Palais l'incommode déjà. Il voudrait en partir, continuer sa carrière militaire ailleurs.
L'idéal serait même de sortir un moment du pays, question de changer d'air et de se refaire un moral. Paul Biya s'est très vite rendu compte de l'état d'esprit de son aide de camp depuis que la tante de celui-ci est décédée. Et cela le met mal à l'aise. De toutes les façons, Roger en sait trop, et cela n'est pas bien, cela n'est pas rassurant. S'il a éliminé Jeanne-Irène pour certaines raisons, pourquoi n'éliminerait-il pas Roger pour les mêmes raisons ?
En effet, dans cet état d'esprit, il pourrait bien craquer et lâcher le morceau. Le Président invite alors son aide de camp à un dîner intime. L'occasion est favorable à ce qu'il fasse le point de la situation. Roger est entré à son service, six (06) mois après son accession à la magistrature suprême. Depuis lors, il le sert à la fois comme le fils qu'il n'a cessé d'être et le soldat qu'il est devenu. C'est dans une salle particulière que le chef de l'Etat installe son aide de camp. La table est faite. Il y a de faibles lumignons de diverses couleurs, et une odeur de parfum magique : l'ambre sans doute, ou le benjoin. Ce sont les deux parfums magiques du Président. Il y a aussi une douce musique instrumentale religieuse qui flotte dans l'air.
Paul Biya sert à boire à Roger Motaze dans une coupe. Puis il prend du pain de sa main, qu'il lui donne. Il fait de même avec du poisson. Roger mange et boit en présence du Président. Pas un seul propos n'a encore été échangé. La musique s'arrête. Le Président se lève. Marche vers la porte. S'immobilise. Parle enfin : Roger doit se rendre le lendemain en mission à Mvomeka'a, le village de Paul Biya. Il y va très souvent d'ailleurs. De retour chez lui, l'officier est perturbé : ce dîner lui a paru suspect. Il va alors à son tour préparer un document sonore dans lequel il fait état de son dîner avec Paul Biya, en y exprimant ses appréhensions. Car il sait que le Président est devenu un Maître dans l'art du sorcier. Le lendemain, en compagnie de l'officier de l'armée, il se rend à Mvomeka'a. C'est à un virage mal négocié qu'il va déraper pour trouver la mort.
Son compagnon de voyage en sort indemne. Il connaissait pourtant parfaitement la route, qui est d'ailleurs la meilleure du Cameroun. C'est qu'il avait oublié un tout petit détail : lorsqu'on dîne avec le diable, il faut s'asseoir à bonne distance, et utiliser une longue cuillère. Le maire de Sangmélima, M. N'na Ze Bavard, déclare que l'officier, de passage devant la mairie ce jour-là, l'a aperçu et lui a dit : "je fais un tour au village, j'arrive". Il n'en est jamais revenu ... c'était un voyage pour l'éternité. APPENDIC