Morts suspectes dans la Vallée du Ntem : 100 chefs traditionnels en opération mystique

Les chefs traditionnels veulent purifier les eaux du village

Mon, 28 Mar 2022 Source: Bertin Metsengue

Les chefs traditionnels de tout le département de la vallée du Ntem – région du sud se sont donnés rendez-vous à Nyabizan dans l’arrondissement de Ma’an Samedi 26 Mars pour conjurer le sort des leurs, décédés tragiquement le 06 Mars 2022 et trouvés dans les eaux du barrage de Mem’vele. Si pour les Chefs Ekangs , leurs fils ont été assassinés et que justice ne leur a pas été rendue, les autorités locales de leur côté, semblent dubitatives sur la situation. Comment penser un retour à la normale dans un tel contexte ?

Le TSO pour renvoyer la mort tragique chez les perpétrateurs !

Samedi dernier, tous les Chefs de la Vallée du Ntem se sont réunis à Nyabizan pour conjurer le sort de la mort qui rôde autour des leurs dans les eaux du barrage de Mem’vele riche en ressource halieutique qui attirent les camerounais venus de tous les horizons. Sous la houlette de sa Majesté Messa Petit Albert Bernard, président de l’Association des Chefs traditionnels de la vallée du Ntem, une centaine de Chefs de 1er, second et 3ème degré se sont réunis dans les abords des eaux du barrage de Mem’vele pour exécuter un rite millénaire appelé le « TSO ». Dans la tradition Ekang. Ce rite est exécuté pour éloigner la communauté des décès des suites de Noyade, ou d’effusion de Sang. En rang et habillé pour les célébrants en tenues traditionnelles, les garants de la tradition Ekangs dans la Vallée du Ntem ont arpenté toute la localité de NYABIZAN : de la Maison des palabres aux rives du barrage de Memvele en passant par la tombe d’un des défunts le regretté Paul Edo Abessolo en fredonnant une chanson qui invite les ancêtres à se joindre à eux afin pour qu’ensemble ils puissent éloigner la mort tragique qui a arraché deux des leurs et de punir ceux ou celles responsables de cette situation. Le rituel avait aussi pour but d’implorer les ancêtres à venir à leur secours pour protéger ce qui leur revient de droit.

Edo Abessolo et Sosthène Ayissi Enyegue , les disparitions de la discorde entre autorités traditionnelle et préfectorale !

Après de longues heures de marche et d’exécution du rite ancestral TSO, la cérémonie va se terminer par l’Ikeng Awu , une forme de tenue de palabre qui intervient après la mort d’un proche. Cette cérémonie très courue qui a regroupé plusieurs centaines de natifs Ekang a été un moment d’expression du ras le bol de la communauté Ntoumou. Si on s’en tient à plusieurs témoignages, il ressort que les Autochtones se trouvent victime de leur trop grande hospitalité qui engendrerait le mépris de certains allogènes. Ceux-ci se croient tout permis chez eux parce qu’ils sont protégés par l’autorité administrative qui s’est carrément transformé en bourreau pour les autochtones et opère par intimidation et embastillement à tous ceux des autochtones qui essaient de décrier cet état des choses. Awu Mekon , Ndeu ye Bi ya Tobo bi Moumou ngeuah et Nfianga enéh eh biyong. Deux expressions qui temoignent à suffir de la tension vive qui règne à Nyabizan. L’apparition brève du Sous-préfet de Ma’an qui d’ailleurs a été marqué par une certaine indifférence des chefs lors de cette cérémonie Traditionnelle en est une parfaite illustration pour comprendre la tension qui règne désormais à Nyabizan. Les Autochtones se disent indignés qu’on n’ait pas daigné faire une enquête sur les disparitions des leurs. Selon l’assistance, malgré les sévices corporels constatés sur les corps des dépouilles et tous les indices suspects qui laissaient penser à un homicide, les autorités ont conclu à une noyade.

Pourquoi le Poisson de Paul Biya fait problème ?

Le Président Camerounais, dans l’implémentation du pari énergétique du pays a autorisé la construction d’un barrage Hydroélectrique sur le Ntem. Le présent Barrage produit 220MW d’électricité. Autour de cette infrastructure énergétique qui a électrifié la zone, il a instruit la mise en place d’un programme Social, le Programme d’autonomisation socio-économique de Mem’vele- PASEM, ce programme ayant pour cahier des charges la formation des autochtones aux métiers connexes notamment la pêche , l’agriculture et autres élevages pour permettre à ceux-ci de pouvoir bénéficier des retombées de ce projet structurant. Mais fort est de constater que les jeunes Ntoumou n’ont pas été formé, ils sont obligés de pratiquer la pêche archaïque à côté d’une pêche bien plus structuré pratiquée par les allogènes majoritairement venus du Noun ou encore de l’Adamaoua. D’où le désintérêt de la chose par les autochtones. Les quelques rares qui persistent sont victimes du sort réservé au regretté Edo Abessolo. On est en droit de se demander pourquoi le partage du Poisson de

Paul Biya Fait problème ?

DIA, une fois pas du tout coutume !

L’Association Développement Interne des Autochtones- DIA -Cameroun, qui suit de près cette actualité a tenu à assister p les Chefs dans cette action menée ce samedi mais aussi transmis aux familles éprouvées les condoléances les plus attristées. La Présente association a promis à l’Autorité Traditionnelle de venir en aide aux populations autochtones minoritaires en finançant des programmes de formation à la pêche et de fournir certains équipements à ceux-ci pour remédier à ce déséquilibre qui pourrait être le précurseur de ce type de tension sociale. DIA Cameroun est une Association de Droit Camerounais regroupant les Camerounais de La diaspora qui œuvrent dans le développement des minorités autochtones afin de pérenniser les cultures ancestrales dont ceux-ci en sont les dépositaires.

Source: Bertin Metsengue