Nécrologie : 60 printemps et un arrière-goût d'inachevé, dernier hommage au journaliste Benjamin Lipawing

Benjamin Lipawing reçoit un dernier hommage

Tue, 19 Dec 2023 Source: Intégration

Décédé dans l’après-midi du 10 octobre 2023 et inhumé aux aurores le lendemain, le journaliste émérite et chef du village Mansouh a reçu des hommages émus de ses amis, collègues et parents lors de ses obsèques officielles organisées samedi 9 décembre dernier

l n’y avait plus de pleurs. Mais les youyous et des pas de danse exécutés par les filles Tikar de la chefferie de Mansouh. C’est un village perdu dans le département du Mbam-et-Kim situé sur l’axe Foumban-Banyo que l’on atteint au bout de 60 km de route de poussière et après franchissement du fleuve Mbam sur un bac à Mbioko. Samedi 9 décembre 2023, il y avait surtout une litanie d’hommages appuyés à la mémoire de Benjamin Lipawing, éminent journaliste et écrivain s’il en fut, décédé le 10 octobre de suites d’une longue maladie. Charles Onana, journaliste et écrivain aussi, et surtout ami d’enfance du défunt, est venu de la lointaine France pour pleurer celui qui était de fait devenu membre et même chef de sa famille. Entre quelques anecdotes sur les «400 coups» avec Benjamin quand ils potassaient au quartier Melen à Yaoundé, il a surtout martelé que son «pote» était «un homme droit, incorruptible, qui n’a cédé à aucune tentation dans un environnement marqué par la boulimie de l’accumulation». Pluie d’éloges Les qualités de l’homme Lipawing, humble rassembleur, sociable et toujours attentionné, ont été martelées par d’autres proches. À l’instar de Camile Mouté à Bidias, à la tête d’une délégation des patriarches du grand Mbam, qui a promis que sa case de notable construite à l’intérieur de la chefferie de Mansouh ne sera pas abandonnée, ni les actions en faveur de la préservation de la culture du terroir qu’il mène depuis des années avec son ami Lipawing. «Il ne s’est pas passé un seul jour sans qu’on se retrouve, sauf quand l’un d’entre nous avait des obligations personnelles ou professionnelles», révèle encore le directeur général du Fonds national de l’emploi (FNE) désormais «orphelin» d’un compagnon hors-norme. Le professeur Lucien Ayissi, le journaliste Emmanuel Gustave Samnick, l’éditeur Daniel Nadjiber, Christophe Mien Zok, le directeur des organes de presse et de propagande du RDPC (ayant pour adjoint Benjamin Lipawing), et représentant du secrétariat général du Comité central dudit parti à la cérémonie, ou encore le président de l’association MbogLiaa, Mbombog Malet ma Njami, ont emprunté les mêmes trompettes d’éloges funèbres à l’illustre disparu, qui laisse véritablement un grand vide dans son entourage. Mais l’œuvre intellectuelle, immense, de Benjamin, quant à elle, survivra fatalement. Même dans sa maladie, il continuait à écrire des livres.

M. Nadjiber a du reste annoncé la parution prochaine du dernier livre en date, une réédition de son chef-d’œuvre «Martin Luther hier et aujourd’hui: une lecture contemporaine de la Réforme». En cours d’édition aussi chez Duboiris, la maison d’édition parisienne de Charles Onana, «Les ancêtres de l’avenir». Côté journalisme, l’on a appris que Benjamin Lipawing, de son vivant, a donné mandat à Emmanuel Gustave Samnick, de ressusciter la parution de «Amand’la», le célèbre mensuel panafricain d’analyses et de débats fondé en 1990 et inspiré du «Monde diplomatique». En somme, Sa Majesté Lipawing s’en est allé ainsi, au bout de 60 ans bien remplis. Sa bibliothèque privée, dans sa résidence au quartier Nyom à Yaoundé, porte témoignage de ce passage remarqué sur cette triste terre des hommes. Les cinq enfants qu’il laisse à la postérité sauront sans doute préserver ce lourd héritage. C’est l’espoir qu’on percevait samedi 9 décembre 2023, en clôture de cette pluie d’hommages en guise d’adieu à une icône, chaleureuse cérémonie majestueusement orchestrée par le master of ceremony, le journaliste André Nguimvoum, au rythme des chants funèbres transperçant le ciel ensoleillé de Mansouh.

Source: Intégration