Ces personnalités ont marqué la scène politique, sportive, musicale, et littéraire du continent. Voici des portraits des figures les plus marquantes qui nous ont quittés.
Henri Konan Bédié, ancien de Chef d’Etat (Côte d’Ivoire)
Également connu sous le surnom de sphinx de Daoukro, il voit le jour le 5 mai 1934 dans le village de Dadiékro, Henri Konan Bédié décède le 1er août 2023 à Abidjan, alors qu’il a 89ans.
Deuxième président de l’histoire du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), il a été chef de l’Etat de 1993 à 1999 après la mort de Félix Houphouët-Boigny.
Il est à ce moment président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. De l’avis de plusieurs, il a connu une ascension assez rapide dans la politique.
Dans les années 1960, il s’engage auprès du père de l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, au PDCI-RDA, alors parti unique. Il a été ambassadeur des Etats Unis et ministre de l’économie sous le règne du premier dirigeant ivoirien.
Nous vous recommandons aussi:
Top 10 des articles les plus lus sur BBC Afrique en 2023
Top 10 des actualités africaines les plus lues sur le site de BBC Afrique en 2023
Son passage à la tête de la Côte d’Ivoire aura été marqué par le concept décrié d'"ivoirité" qui selon son initiateur prônait les Ivoiriens de souche aux postes importants et qui de l’avis des observateurs avait surtout pour objectif de combattre Alassane Ouattara et empêcher celui-ci de briguer la fonction présidentielle de 1995.
Les analystes estiment que ce concept a contribué à la montée de la tension lors de la décennie de crise armée qui s'est soldée par les violences post électorales de 2010-2011 ayant fait 3 000 morts.
Jusqu’à son décès il était considéré comme l’une des figures les plus importantes de la vie politique de la Côte d’Ivoire.
Jadis opposant à l’actuel président Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié l’avait soutenu au deuxième tour de la présidentielle de 2010, puis au moment de sa réélection en 2016.
Surnommé le "Sphinx" , Bédié était retourné depuis 2018 dans l'opposition, où il s'est rapproché des partisans de Laurent Gbagbo. Il n'excluait pas exclu d'être candidat à la prochaine élection présidentielle en Côte d'Ivoire en 2025.
Henri Lopes, écrivain et ancien Premier ministre (République du Congo)
C’est en 1971 qu’Henri Lopes fait son entrée dans la littérature. Il publie « Tribaliques » aux éditions CLE, à Yaoundé, au Cameroun.
Un recueil de nouvelles salué par la critique, dans lequel il aborde les thématiques comme le tribalisme, le népotisme, la corruption, l’injustice sociale ou encore le néocolonialisme.
Le livre est sacré Grand prix littéraire de l'Afrique noire. S’en suivent ensuite deux romans, « La nouvelle romance » et « Sans tam-tam », toujours aux éditions CLE.
A écouter sur notre site
Débat BBC Afrique avec Henri Lopès
Son roman le plus connu est sans doute « Le pleurer-rire » publié aux éditions Présence africaine, en 1982.
Il est d’ailleurs considéré par beaucoup comme un classique de la littérature africaine. Au total, Henri Lopes aura écrit 13 livres pour la plupart des romans dont « Une enfant de Poto-Poto », prix littéraire de la Porte dorée.
Né en 1937 à Léopoldville ( actuel Kinshasa) ; il décède le deux novembre 2023 à Paris. Henri Lopes fait ses études tour à tour à Brazzaville, Bangui, Nantes et Paris. Il a été professeur d'histoire à l'Ecole normale supérieure d'Afrique centrale à Brazzaville, actuelle université Marien Ngouabi.
Homme politique, il a été Premier ministre du président Marien Ngouabi entre 1973 et 1975.
Mais avant, il a servi comme ministre de l'Éducation Nationale en 1969, ministre des Affaires étrangères en 1972, puis ministre des Finances de 1977 à 1980, après son passage au premier ministère.
Dans les années 1980 et 1990, il a travaillé à l'Unesco comme directeur adjoint pour l'Afrique, avant d'être nommé ambassadeur du Congo en France en 1998, poste qu'il a occupé pendant 17 ans.
Christian Atsu, footballeur (Ghana)
La disparition, le 18 février 2023, de ce footballeur de 31ans a ému la planète football. Du président du Ghana aux instances de football en passant par les supporters, tout le monde lui avait rendu hommage.
Son corps avait été retrouvé sous les décombres de l'immeuble où il vivait à Antakya, dans la province d'Hatay, après deux semaines de recherche.
Il est l’une des 40.000 personnes ayant perdu la vie dans le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février.
L'ambassade ghanéenne en Turquie et la Fédération ghanéenne de football avaient initialement assuré que l'attaquant avait été retrouvé vivant 24 heures après le tremblement de terre, mais ces informations s'étaient par la suite révélées fausses.
Atsu avait été recruté en septembre 2022 par le club turc d'Hatay. Quelques heures avant le tremblement de terre, l'international ghanéen avait inscrit l'unique but de la rencontre opposant son club, Hatayspor, à Kasimpasa.
A lire aussi
La star ghanéenne Christian Atsu est introuvable, selon son agent
Formé dans son pays natal au sein d'une académie créée par le club néerlandais de Feyenoord, l’ailier d'1,65 m, est arrivé à 17 ans en Europe en 2011 au FC Porto. Il a rapidement séduit certaines des plus grandes écuries du continent.
C'est le club anglais Chelsea qui a été le premier attiré par ses talents en 2013, mais le club londonien l'avait immédiatement envoyé en prêt au Vitesse Arnhem aux Pays-Bas.
Ballotté ensuite de club en club, Atsu, est passé sans convaincre par Everton, Bournemouth en Angleterre et Malaga Espagne, n'a disputé aucun match officiel sous les couleurs des Blues.
Prêté en 2016 à Newcastle, il y est transféré l'année suivante pour près de huit millions d'euros. Il n'inscrit que trois buts en quatre saisons avec les Magpies, avant de s'exiler en Arabie saoudite en rejoignant l'équipe d'Al-Raed, puis Hatayspor.
Avec les Black Stars, il totalise 65 sélections. Avec quatre éditions de la Coupe d'Afrique des nations, il avait été désigné meilleur joueur de l'édition 2015 où le Ghana s'était incliné en finale aux tirs au but contre la Côte d'Ivoire et figure aussi dans l'équipe type en 2017. Il avait également été du voyage pour le Mondial-2014 au Brésil (élimination au 1er tour).
Impliqué dans plusieurs actions caritatives dans son pays et en Afrique, Atsu laisse une veuve et trois enfants.
Yacouba Sawadogo, Environnementaliste et agriculteur (Burkina Faso)
On l’appelait « l’homme qui a arrêté le désert ». Yacouba Sawadogo est décédé le 03 décembre 2023 à l’âge de 77 ans. Il était mondialement connu pour avoir redonné vie à une forêt dans sa localité de naissance.
Dans les années 80, la province de Yatenga, dans le Nord du Burkina Faso est touchée par de graves sécheresses provoquant une chute drastique des rendements agricoles et par conséquent une famine pour la population.
Pour trouver une solution, celui qui a fait l’école coranique au Mali va s’inspirer d’une technique ancestrale : le Zai.
Elle consiste à faire pousser les cultures dans des fosses qui retiennent les pluies et dans laquelle on dépose des matières organiques.
Mais Yacouba va améliorer la technique : non seulement il prépare les fosses plus tôt, mais il les fait plus large et y ajoute des pierres.
Une amélioration qui va porter des fruits car elle permettra de créer un forêt de près de 40ha sur des terres arides.
La forêt Bangr-Raaga abrite aujourd’hui plus de 90 espèces différentes et un riche biotope animal et végétal.
Yacouba Sawadogo a reçu le prix Right Livelihood en 2018 pour son combat contre la désertification, et le titre de « Champion de la terre » en 2020 des Nations Unies.
John Fru Ndi, homme politique (Cameroun)
Il serait difficile de parler de l’histoire politique du Cameroun sans mentionner le nom de Ni John Fru Ndi. Il est encore considéré comme l’opposant historique du président Camerounais Paul Biya.
L’histoire de son parti, le SDF (Social Democratic Front) est très liée à l’instauration du multipartisme au Cameroun.
Crée en mai 1990, le SDF est présent à la première présidentielle multi partite en 1992. Fru Ndi arrive deuxième avec 35,97 %, derrière Paul Biya (39,98 %), selon les résultats officiels. Le Candidat du SDF, soutenu par une large partie de la population, conteste les résultats.
La Cour suprême valide l’élection et il est placé en résidence surveillée pendant plusieurs mois. Il boycotte la présidentielle de 1997.
Sur le même sujet
John Fru Ndi : Un courageux champion de la démocratie au Cameroun
Il est de nouveau candidat aux présidentielles de 2004 et 2011 sans toutefois renouveler l’exploit de 1992. Il s’est réengagé dans la course en 2011 avant de jeter l’éponge lors de la présidentielle de 2018 il n’a pas été candidat.
C’est Joshua Osih, premier vice-président du parti qui va représenter les couleurs du parti. Il recueille 3,35 % des voix.
Signe d’un parti politique en décadence. Pour preuve, le parti n’obtient que 5 sièges sur 180 aux législatives de 2020. A son décès ; le Social Democratic Front est en proie aux divisions internes.
Fru Ndi est né dans le village de Baba II, près de Bamenda dans le nord-ouest anglophone du Cameroun en 1941.
Il décède dans la nuit du 12 juin au 13 juin à Yaoundé, la capitale Camerounaise. D'abord petit vendeur ambulant, il est devenu un homme d'affaires prospère, créant les librairies Ebibi.
Ismaila Toure, Musicien (Sénégal)
Né le 24 avril 1950 à Ziguinchor (sud du Sénégal), Ismaïla Touré est décédé le 27 février 2023 des suites d’une longue maladie.
Il est le fils de Daby Touré, artisan cordonnier originaire du Mali qui s'installe à Ziguinchor en Casamance dans le sud du Sénégal.
Dès leur plus jeune âge, au cours des cérémonies religieuses, les frères Touré, Amadou, Ismaïla, Sixu, Ousmane et Hamidou Touré chantent en mandingue, diola et wolof des chansons traditionnelles jouées à la kora et aux sabars.
Ismaïla et Sixu forment en 1978 le groupe Touré Kunda. Le groupe est considéré comme pionnier des musiques africaines en France à la fin des années 1970. Tous deux ont ainsi régné pendant de longues années sur ce qu’on appelle la Wold Music dans la décennie 1980.
Leur musique est un mélange de rythmes africains traditionnels avec des influences funk, reggae et pop.
Le groupe avait été lancé avec le tube « E’Mma » sorti en 1980. le Touré Kunda a sorti au total près de 18 albums au cours de leur carrière.
Zahara, Chanteuse (Afrique du Sud)
De son vrai nom Bulelwa Mkutukana, Zahara est décédée à l’âge de 36 ans le 11 décembre 2023.
Elle était Hospitalisée pour des complications hépatiques. En 2019, elle avait courageusement partagé son combat contre la dépendance à l’alcool.
Le gouvernement sudafricain assistait la famille depuis un certain temps. Originaire d'un village proche d'East London (sud-est) et issue d'un milieu modeste, Zahara avait connu le succès dès son premier album "Loliwe" en 2011, explosant les ventes en un temps record.
Le premier tirage est vendu en 72 heures, et 19 jours plus tard, l'album atteint le disque double de platine en Afrique du Sud, dépassant les 100 000 ventes.
Cela fait d'elle la deuxième musicienne, après Brenda Fassie, à atteindre ce chiffre en un temps record. Le 1er mai 2012, lors des South African Music Awards, elle remporte huit prix, dont ceux de Meilleure artiste féminine et Album de l'année.
La même année, elle se voit attribuer également un Kora Awards. À travers cinq albums, Zahara avait accumulé de nombreux prix, locaux et internationaux. En 2020, elle figurait dans la liste des “100 femmes” de la BBC.
Elle avait commencé le chant dans des chorales et appris à jouer de la guitare en autodidacte. Elle chantait en anglais et dans sa langue maternelle le xhosa, une des langues officielles d'Afrique du Sud.
Au-delà de la musique, elle s’était engagée contre la violence envers les femmes en Afrique du Sud, partageant son propre vécu.
Modeste M’Bami, footballeur (Cameroun)
L’ex-milieu de terrain a succombé à une crise cardiaque le samedi 7 janvier à 40 ans au Havre, où il résidait.
Modeste M’Bami, né à Yaoundé, débute le football à l'Académie Kadji Sport puis Dynamo Douala. Il avait entamé sa carrière professionnelle à Sedan (2000-2003) avant de rejoindre le PSG (2003-2006) puis l’OM (2006-2009).
Il a ensuite entrepris un périple qui l’avait mené en Espagne, en Chine, en Arabie saoudite et en Colombie. Il avait achevé sa carrière de footballeur au Havre (2014-2016).
M’Bami comptait deux Coupes de France à son palmarès, remportées avec le PSG (2004, 2006). Médaillé d’or olympique en 2000 et sélectionné à 38 reprises en équipe nationale du Cameroun, il avait également été finaliste de la Coupe des confédérations en 2003 et finaliste de la Coupe d’Afrique des nations en 2008 avec les Lions indomptables.
Il participe à la Coupe d'Afrique des Nations Juniors 1999 puis à la Coupe du monde des moins de 20 ans 1999. Éliminé au second tour du mondial juniors, Modeste marque un but. laisse derrière lui deux enfants âgés de 3 et 4 ans.
Salif Keita, footballeur (Mali)
Premier Ballon d'or africain, la légende du football Salif Keïta est décédée le 02 septembre 2023 à l'âge de 76 ans. « La Panthère Noire » comme on l’appelait fut l’une des premières stars du football africain.
Il voit le jour le 12 décembre 1946 à Bamako. il devient le plus jeune international de l’histoire des Aigles du Mali, lorsqu'il est sélectionné pour la première fois en équipe nationale en 1963. Il est alors âgé de 16ans.
Sa célébrité commence avec le Stade Malien de Bamako, avec qui il perd la finale de la première Coupe d’Afrique des Clubs Champions, en 1965, face à l’Oryx de Douala.
L’année suivante, avec l’AS Real de Bamako, son club d’origine, il cède une nouvelle fois en finale face au Stade d’Abidjan.
Mais le jeune prodige est sacré meilleur buteur de la compétition avec 14 buts en 8 matches et remporte, au final, trois titres de champion du Mali avec l’AS Real.
Il arrive à Saint-Etienne en 1967, à l’âge de 23 ans. Avec les Verts, il a été champion de France à trois reprises (1968, 1969, 1970) et deux fois vainqueur de la coupe de France (1968, 1970) avant de partir à Marseille en 1972.
Il a ensuite joué à Valence, en Espagne, au Sporting Portugal avant de terminer sa carrière à Boston aux États-Unis.
L'ex-attaquant avait été ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'initiative privée dans le gouvernement malien de transition (1991-1992).
En juin 2005, Salif est élu président de la Fédération malienne de football pour un mandat de quatre ans. Il reste à ce poste jusqu'au 16 juillet 2009. Premier Ballon d’Or africain en 1970, il est soulier d’argent européen.
Il fut décoré par la CAF, la FIFA, le France et le Mali. Il est également sacré au "Panthéon de la gloire" du sport africain en 2011.
Il crée le premier centre de formation de football professionnel du Mali en 1994, le Centre Salif-Keita. Le centre est depuis devenu un club professionnel évoluant en 1re division malienne
Salif Keita avait aussi joué dans le film « le Ballon d’or », librement inspiré de son histoire. Surnommé « Domingo » par ses amis en référence à un nom vu sur le générique d’une affiche de cinéma alors qu’il avait dix ans, Salif Keita, fut l’un des plus grands attaquants de sa génération.