Nécrologie : L’artiste musicienne Fati Salma n'est plus

Salma Fati

Tue, 5 Jul 2022 Source: www.camerounweb.com

• Les artistes du Cameroun en général et du Septentrion en particulier sont en deuil

• Fati salma, l'une des voix de la musique sahélienne a cassé son micro

• Elle est morte des suites de maladie



Le milieu artistique Camerounais et de l’Adamaoua en particulier est en deuil. La fin du mois de juin a emporté l’artiste Fati Salma. Peu visible ces dernières années, sans doute à cause de la conjoncture mondiale, Fati Salma avait pourtant de l’ambition pour la musique sahélienne en général. Dans une interview accordée au journal l'Oeil du Sahel en 2018, elle confiait que : «Mes débuts dans la musique n’étaient pas faciles. J’ai vraiment souffert pour devenir une artiste chanteuse sahélienne aujourd’hui. Il a fallu travailler d’arrache-pied, à travers des répétitions, des enregistrements dans les studios, etc. Je n’ai jamais chanté dans les cabarets. C’est vrai que je n’ai pas encore atteint le plafond, mais je sors progressivement la tête de l’eau. Ça fait 10 ans que je chante en langues Peulhe, Haoussa, Français et un peu en Gbaya, puisque j’ai commencé en 2007. Et la chanson m’est arrivée dans les rêves. J’ai rêvé de mon père après son décès, qui est venu me donner une chanson et m’a dit que c’est à cette activité que je devais me consacrer. Le lendemain, j’ai commencé à mimer la chanson et tout a commencé» .

Fati Salma va donc sortir de sa vie de femme de ménage et de petite commerçante pour se consacrer à la musique. Née en 1986 d’un père haoussa et d’une mère peuhle, elle est propulsée sur la scène en 2015, par la sortie de son premier Album intitulé «Konou», produit par Moussa Haïssam. « Dans cette chanson, qui est le titre de mon premier album, je chante pour dire stop à la guerre qui n’est pas une bonne chose. A cause de ce fléau, les enfants ne partent plus à l’école, il y a de la famine et bien d’autres conséquences fâcheuses. On a dans cet album, le titre

«Djanguirdé» qui veut dire l’école. Vous savez que surtout dans le Grand-Nord, les parents ont des difficultés à amener les enfants à l’école. C’est pour cela que j’ai fait cette chanson pour inciter les parents à envoyer les enfants à l’école, surtout les filles. Voyez-vous, dans cette même chanson, il y a aussi un message contre les mariages précoces. Ici dans le Septentrion, quand une fille a déjà 13 ans, il faut qu’elle parte en mariage. Du coup, elle ne peut aller à l’école ; et même quand elle fait l’école coranique, il faut qu’elle parte en mariage. Compte tenu du fait que je ne peux aller prêcher dans les mosquées ou dans les églises, j’ai donc préféré passer ce message par la chanson «Djanguirdé». Il y a aussi la chanson «Ma prière». Celle-ci est dédiée aux hommes qui maltraitent les femmes. Je dis non à ce phénomène. Une femme, c’est comme un bébé, un bijou, qu’il faut choyer. Par ailleurs, j’ai tenu à rendre hommage à mon père, à travers la chanson «Wardé». C’est lui qui m’a tout donné, m’amenant à l’école, m’inspirant pour devenir chanteuse. En outre, il y a la chanson «Je pense à toi», qui est destinée aux amoureux»
, expliquait-elle.

NOMS DE PERSONNALITÉS

Elle quitte ainsi la scène, trainant toujours le sentiment de désolation qui l’animait, car «quand on cite les musiques du Cameroun, les artistes du Grand-Nord sont constamment classés derniers» ,/i> . Mais elle semblait avoir posé le diagnostic du pourquoi de cette déconsidération, mais davantage de cette vie de misère des artistes du Septentrion en général. «Je ne dirai pas que la musique du Septentrion n’est pas de bonne qualité, mais elle a encore du chemin. Je vois que beaucoup de jeunes du Septentrion forcent la musique, ne s’appliquent pas pour véritablement s’imposer et vendre notre culture. Il y a encore du tapage, et beaucoup d’artistes du Septentrion chantent les noms de personnalités. Donc, je dis clairement que les artistes du Septentrion, s’ils veulent marquer leur identité au niveau national ou à l’international, doivent cesser de chanter les noms de personnalités. Il faut qu’ils comprennent que même quand c’est une chanson commandée, elle ne peut être écoutée que par celui dont vous chantez le nom. En quoi doit-elle intéresser un mélomane lambda ? Evidemment, on peut faire quelques dédicaces, mais pas de consacrer toute une chanson dans laquelle on fait les louanges d’une personne, par hypocrisie le plus souvent. Il faut chanter pour tout le monde, travailler les thèmes abordés et les mélodies. Et si les artistes, déjà à l’échelle septentrional, sont unis, beaucoup de choses peuvent changer en faisant rayonner la musique de cette partie» , argumentait-elle. Malheureusement, l’artiste va rejoindre son producteur Moussa Haïssam dans l’au-delà, laissant sa famille artistique dans la consternation, mais davantage son époux, l’artiste Zala Zulu.

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