Nécrologie : une énorme place se libère au RDPC, pluie de pleurs à Etoudi

Succession au RDPC

Tue, 31 Oct 2023 Source: L'Œil du Sahel n°1865 du 30 octobre 2023

Qui pour remplacer El Hadj Mohamadou Abbo Ousmanou à la tête de la délégation permanente régionale du Comité central du RDPC dans l’Adamaoua ? Cette question se pose depuis le décès, le 13 octobre 2023, du milliardaire patriarche. « Avant même son décès, Il y avait déjà des batailles internes de positionnement. Elles se sont exacerbées depuis le 13 octobre dernier », concède un ancien ministre de la région, militant du parti au pouvoir. Lequel ne manque pas de tresser des lauriers au défunt.

« Le parti lui doit, ici, dans les circonstances qui étaient les siennes, une grande partie de sa situation actuelle, tant l’opposition gronde aux portes depuis 1992. Il aura pesé de son poids pour nous permettre de garder la tête hors de l’eau. Voilà ce qui rend sa succession plus complexe. En réalité, le RDPC doit choisir entre vivre ou mourir, selon qu’il aura porté son choix sur un tel ou sur un tel autre ». Nonobstant les défis qui attendent le successeur de Alhadji Abbo, les prétendants sont nombreux à la porte.

« Sur le plan strictement hiérarchique, c’est l’honorable Théophile Baoro, membre du bureau politique et adjoint du défunt à la délégation régionale du RDPC qui est fondé à lui succéder. Il pourrait toujours argué avoir bien fait ses classes aux côtés de l’illustre défunt », défend un Boukar Maturin, militant du RDPC dans le Mbéré, département d’origine de celui qui est également vice-président de l’Assemblée nationale.

Le 19 octobre dernier, à l’occasion des obsèques officielles de Alhadji Abbo, il a été, en qualité de n°2 de la délégation régionale du RDPC dans l’Adamaoua, le seul à s’exprimer dans le registre politique. Un signe ? Si certaines qualités lui sont reconnues, Baoro Théophile est cependant étiqueté à tort ou à raison de ne se consacrer uniquement qu’à la promotion et à la protection des intérêts des Gbaya, sa communauté d’origine.

« L’UNDP exerce sur l’espace politique régional une telle pression que si le responsable en chef du RDPC ne dispose pas d’un bas de laine intéressant, il ne sera pas utile au parti et c’est de mon point de vue la plus grande limite de Baoro Théophile », fait remarquer Ahmadou Djika, militant du RDPC dans la Vina.

Dans le registre de militant fortuné qui pourrait sortir du chapeau, l’on retrouve le milliardaire Nana Bouba, originaire comme Baoro Théophile du département du Mbéré. Membre du comité central du RDPC et chef de la délégation régionale du Mbéré, il est crédité de nombreux atouts dont le moindre n’est pas sa capacité à pouvoir répondre localement aux défis « financiers conjoncturels » du parti au pouvoir.

« C’est un grand militant du RDPC qui vivait à l’ombre de Alhadji Abbo », affirment ses proches qui mettent en avant les résultats exceptionnels obtenus par le RDPC dans le Mbéré, faisant de cette unité administrative, la place forte du parti au pouvoir dans la région.

Chez les outsiders où le RDPC puise assez souvent pour surprendre, se bousculent des militants aux profils différents. S’y retrouve Alhadji Baba Hamadou, ex-ministre et chef de la délégation départementale du RDPC dans la Vina. Plus en grande odeur de sainteté dans l’appareil et même à Etoudi, l’ancien ministre du Tourisme qui s’est vu éjecter du Senat signerait à coup sûr une résurrection politique si Paul Biya venait à porter son choix sur lui.

L’ancien ministre en charge des Marchés publics, chef de la délégation départementale du RDPC dans le Mayo-Banyo, Abba Sadou, est également dans les starting-blocks. Également, est cité dans cette liste, l’homme d’affaires et ex-député de la Vina, Ali Bachir. Baroudeur politique hors pair qui donne du fil à retordre à l’UNDP dans l’Adamaoua, sa nomination pourrait apparaître comme un mauvais signal à la formation politique de Bello Bouba Maïgari.

« Politiquement, c’est un homme redoutable, un grand manœuvrier, qui a de l’énergie et des ressources financières pour faire le job. Dans une formation politique ambitieuse, il aurait été le candidat le plus sérieux à ce poste », avance Fatma Malloum, militante RDPC et enseignante à Ngaoundéré.

Dernier prétendant à ce bal : Mohamadou Moustafa, actuel secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Originaire de Mayo-Banyo et personnalité administrative la plus importante de la région, son investissement aux dernières sénatoriales remportées par le parti au pouvoir dans l’Adamaoua a démontré ses grandes capacités manœuvrières.

« Sa position et ses succès sont essentiellement liés à sa position administrative. S’il n'est plus dans le gouvernement demain ou à une position moindre, qu’est-ce qu’il se passera ? En plus, vous n’êtes pas sans ignorer les considérations communautaires et religieuses dans notre environnement politique et cela est bien visible dans son département d’origine, le Mayo-Banyo », relativisent des cadres du parti. Quel que puisse être le candidat retenu par Paul Biya, celui-ci aura fort à faire, tant le challenge est grand.

Source: L'Œil du Sahel n°1865 du 30 octobre 2023