Il y a quelques jours, le gouvernement camerounais répondait au ministère canadien des affaires étrangères, qu'il n'a jamais sollicité leur médiation dans le cadre de la guerre de sécession qui sévit au nord-ouest et au sud-ouest du Cameroun.
C'est a travers un communiqué du ministère de la Communication du Cameroun, que réponse a été donnée à la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, qui avait affirmé que le gouvernement fédéral du Canada, aidera à guider un processus de paix visant à résoudre la crise actuelle au Cameroun où des années de combats et de conflits ont déplacé près de 800 000 personnes.
« Le Canada a accepté de jouer un rôle de facilitateur dans ce processus, dans le cadre de son engagement à promouvoir la paix et la sécurité, et à faire progresser le soutien à la démocratie et aux droits de la personne. Ce rôle témoigne également de la détermination du Canada à travailler avec ses partenaires africains pour bâtir un avenir meilleur pour tous », avait déclaré la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, ce 20 janvier 2023 à Ottawa (Ontario).
Mais Jeune Afrique indique que Paul Biya avait pourtant donné son accord pour les négociations secrètes.
« Alors, que s’est-il passé ? Selon nos informations, le président Paul Biya a donné, en mai 2020, son accord pour la tenue de négociations secrètes sous l’égide des Nations unies – il en a informé François Louncény Fall, chef du bureau régional de l’ONU pour l’Afrique centrale à l’époque. Et il était bien prévu que l’initiative soit chapeautée par le gouvernement canadien, qui apportait déjà son appui financier à la médiation menée par le Centre pour le dialogue humanitaire (HD), une organisation suisse.
Le 6 juin 2022, Paul Biya reçoit de nouveau François Louncény Fall, dont le mandat arrive à son terme et qui vient donc prendre congé du président camerounais. Lors de cette audience, ce dernier renouvelle son accord pour une médiation canadienne sous l’égide de l’ONU. Dans les jours qui suivent, un comité spécial est mis en place, sous la houlette du Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Des rencontres ont lieu à Montebello et à Mont-Tremblant, au Québec, ainsi qu’à Toronto, dans l’Ontario. Toujours selon nos informations, les parties se sont entendues sur une feuille de route qui pourrait ouvrir la voie à un potentiel accord de paix », révèle Jeune Afrique
« Le problème, c’est que Paul Biya, qui doit sans cesse composer entre les partisans d’une ligne dure à l’égard des séparatistes et ceux qui prônent une solution négociée, avait exigé que tout cela se passe dans un secret absolu. Les propos de la cheffe de la diplomatie canadienne ont donc formé un grain de sable qui a enrayé le processus, et Yaoundé s’est rétracté.Mélanie Joly était-elle trop pressée de recueillir le bénéfice diplomatique de l’investissement de son pays dans cette médiation ? À travers cette action, Ottawa comptait en tout cas renouer avec un continent qui a refusé d’appuyer sa candidature au Conseil de sécurité de l’ONU et dont il s’est détourné ces dernières années en fermant plusieurs ambassades », pointe le magazine panafricain.