FEU Bâtonnier Me Yondo Black n'est plus
Me Yondo Mandengue Black, figure légendaire du barreau camerounais et militant infatigable pour les droits humains et l'État de droit, s'est éteint ce 16 octobre 2025 à l'âge de 83 ans. Sa disparition survient au moment même où le Cameroun traverse une période électorale cruciale dont il n'aura pas connu l'issue officielle.
Ancien bâtonnier de l'Ordre national des avocats du Cameroun (1982-1986), Me Yondo incarnait l'engagement sans compromis en faveur de la justice et de la défense des libertés fondamentales. Ses plaidoiries marquantes dans les prétoires lui ont valu une réputation de redoutable défenseur, mais c'est surtout son engagement politique constant qui restera gravé dans la mémoire collective camerounaise.
Me Yondo Black fut l'une des figures de proue de la lutte pour la restauration du multipartisme au Cameroun dans les années 1990. Compagnon des militants Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, actuelles figures de l'Union pour le changement 2025, il a activement participé aux mouvements de protestation et aux appels aux « villes mortes » qui ont secoué le pays pendant cette période critique. Cet engagement lui a coûté cher : l'avocat a connu la privation de liberté pour ses convictions démocratiques.
Même à un âge avancé, Me Yondo n'a pas renoncé à son combat pour la consolidation de l'État de droit. Lors de la présidentielle d'octobre 2018, il s'était prononcé publiquement en appelant le président Paul Biya à céder le siège présidentiel, estimant qu'un tel changement ne pouvait intervenir par simple accord entre élites (« gré à gré »), mais devait procéder d'un processus démocratique clair.
Plus récemment, Me Yondo s'était positionné en faveur du boycott de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, réaffirmant son engagement envers les principes démocratiques jusqu'à ses derniers instants.
Au-delà de ses combats politiques, Me Yondo a brillé par ses contributions institutionnelles majeures. Il a participé à la fondation de la Conférence internationale des barreaux, contribuant ainsi au rayonnement du barreau camerounais sur la scène mondiale et à la défense des principes universels de justice et de droits humains.
Le décès de Me Yondo Mandengue Black met fin à une époque. Celui qui aura marqué l'opinion publique camerounaise au cours des trois dernières décennies laisse un héritage de courage civique, d'intégrité professionnelle et de dévouement à la cause démocratique.
À l'instant même où le Cameroun attend les résultats officiels de sa présidentielle — une élection qu'il aurait sans doute suivie avec la vigilance critique qui le caractérisait — la voix de Me Yondo s'éteint. Une voix qui aura porté sans relâche la plaidoirie pour la défense des droits humains et la consolidation de l'État de droit, et qui manquera désormais à la nation.
HOMMAGE DE MAURICE KAMTO
AU FEU BÂTONNIER YONDO MANDENGUE Black.
tu ne fus pas distrait
des malheurs de ton peuple
et maintenant tu t'en vas
au milieu de la tempête
comme pour te faire offrande
au jour rêvé dans la nuit
à ton cou altier
ma guirlande d'étoiles
sur le chemin où tu avances
au pas doux des bienheureux
je sais que tu sais
que rien n'est fini ici."
M. Kamto