NOSO: Buea plongé dans le chaos, des morts enrégistés

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Thu, 20 Mar 2025 Source: www.camerounweb.com

Le quartier Bomaka de Buea a été le théâtre d'une double exécution lundi soir. Les assaillants, présumés séparatistes, ont abattu deux conducteurs de taxi dont l'un pour non-respect du "ghost town". Ces meurtres soulignent l'escalade de l'insécurité dans les régions anglophones camerounaises.

La ville de Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, a été secouée par un nouvel épisode sanglant dans le conflit anglophone qui déchire le Cameroun depuis près d'une décennie. Lundi soir, deux chauffeurs de taxi ont été froidement abattus dans le quartier Bomaka par des individus armés, selon plusieurs sources locales contactées par notre rédaction.

D'après les témoignages recueillis, les deux conducteurs ont été tués dans des circonstances différentes mais dans un laps de temps rapproché. Le premier chauffeur a été exécuté directement dans son véhicule par des hommes lourdement armés, identifiés par les habitants comme appartenant à des groupes séparatistes actifs dans la région.

Le second chauffeur aurait été ciblé spécifiquement pour avoir bravé le mot d'ordre de "ville morte" (ghost town), imposé chaque lundi par les séparatistes dans les régions anglophones. Cette pratique, instaurée depuis le début de la crise en 2016, contraint à la fermeture totale des activités économiques et administratives sous peine de représailles violentes.

"Personne n'ose plus sortir les lundis, mais certains prennent des risques pour nourrir leur famille. Malheureusement, ils peuvent le payer de leur vie", confie sous couvert d'anonymat un commerçant du marché de Buea. "La population est prise en otage entre les forces de sécurité et les séparatistes."

Ces meurtres s'inscrivent dans une inquiétante montée des violences observée ces dernières semaines dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les affrontements entre l'armée camerounaise et les combattants séparatistes s'intensifient, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles.

Selon l'ONU, le conflit anglophone a déjà causé plus de 6 000 morts et forcé près d'un million de personnes à quitter leur foyer depuis 2016. Les déplacements internes se poursuivent à mesure que l'insécurité gagne du terrain dans des zones auparavant épargnées.

Face à cette situation, les habitants dénoncent l'incapacité des autorités à assurer leur protection. "Les forces de sécurité sont présentes en ville, mais elles ne peuvent pas être partout. Et quand elles interviennent, c'est souvent trop tard", déplore un enseignant de l'Université de Buea.

Pour rappel, la crise anglophone, qui dure maintenant depuis plus de huit ans, trouve ses racines dans les revendications des populations des régions majoritairement anglophones, qui se sentent marginalisées par le pouvoir central majoritairement francophone.

Malgré plusieurs initiatives de dialogue, dont le Grand Dialogue National de 2019, et des appels répétés de la communauté internationale à une résolution pacifique, le conflit semble s'enliser. Les groupes séparatistes continuent de revendiquer l'indépendance d'un État qu'ils appellent "Ambazonie", tandis que le gouvernement maintient sa position sur l'indivisibilité du Cameroun.

Ces nouveaux assassinats à Buea viennent rappeler l'urgence de trouver une solution durable à ce conflit qui continue de faire des victimes innocentes parmi la population civile.

Source: www.camerounweb.com