L'annonce d'un « dernier combat » relance les spéculations autour du chef séparatiste ambazonien, déclaré mort en février 2023 par plusieurs sources
Le fantôme du Général No Pity hanterait-il à nouveau les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ? Une page Facebook liée aux mouvements séparatistes ambazoniens a annoncé, dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025, le « grand retour » de Clement Mbashie, plus connu sous son nom de guerre « General No Pity ». La publication, qui n'a pas été vérifiée par des sources indépendantes, évoque « l'heure du dernier combat Ambazonie vs Cameroun » comme étant « proche ».
Cette annonce survient neuf mois après que plusieurs médias et sources sécuritaires ont annoncé la neutralisation définitive du chef de guerre lors d'une opération des forces de défense et de sécurité camerounaises en février 2023. À l'époque, aucune confirmation officielle n'avait été apportée par les autorités camerounaises, alimentant déjà les doutes sur la véracité de l'information.
Si cette réapparition présumée se confirmait, ce ne serait pas la première fois que le Général No Pity défie les annonces de sa mort. En 2020 déjà, la nouvelle de son décès avait circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias, avant qu'il ne réapparaisse dans des vidéos de propagande, narguant ses adversaires.
En 2021, il aurait échappé à l'opération « Clean Kumbo » menée par le Général de Brigade Valère Nka, commandant de la 5ème région interarmées, et le Colonel Matiang Charles Alain. Cette opération d'envergure visait spécifiquement à neutraliser le chef des Bambalang Marine Forces et des Bui Unity Warriors, deux groupes séparatistes opérant dans la zone anglophone.
Après cet échec, les forces de défense et de sécurité avaient arrêté des membres de la famille de Clement Mbashie, provoquant une réaction virulente du chef de guerre. Le 3 août 2021, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il avait menacé : « Si quelque chose leur arrive, j'envahirai les régions francophones et je viserai les civils. Je donne 48h aux forces de l'État pour les libérer, sinon elles verront l'autre côté de moi. Ma mère, mon père, mes oncles, mes tantes, ne m'ont pas envoyé au combat. C'est ma décision personnelle. »
Originaire de Bambalang, dans la région du Nord-Ouest, le Général No Pity s'est imposé comme l'un des chefs de guerre les plus redoutés et les plus controversés de la crise anglophone qui déchire le Cameroun depuis 2016. Accusé d'exactions contre les populations civiles, d'enlèvements et d'extorsions, il incarne la dérive violente d'un conflit né de revendications corporatistes des avocats et enseignants anglophones.
Sa réputation de cruauté lui a valu son surnom « Sans Pitié ». Au fil des années, il a commandé plusieurs groupes armés, notamment les Bambalang Marine Forces et les Bui Unity Warriors, semant la terreur tant parmi les forces gouvernementales que parmi les populations locales.
Comme lors des précédentes annonces de sa mort, les autorités camerounaises n'ont pour l'instant fait aucun commentaire sur cette prétendue réapparition. Le ministère de la Défense, traditionnellement discret sur les opérations militaires dans les zones anglophones, n'a pas répondu aux sollicitations.
Cette politique du silence alimente les rumeurs et complique la vérification des informations. Dans un conflit où la guerre de l'information fait rage sur les réseaux sociaux, distinguer le vrai du faux devient un exercice périlleux.
Cette annonce, vraie ou fausse, rappelle que la crise anglophone reste d'une actualité brûlante. Plus de neuf ans après le début du conflit, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest demeurent le théâtre d'affrontements réguliers entre forces gouvernementales et groupes séparatistes.
Les populations civiles continuent de payer le prix fort de cette guerre, prises entre les exactions des groupes armés et les opérations militaires. Des milliers de personnes ont été tuées, des centaines de milliers déplacées, et l'économie des deux régions anglophones est dévastée.
La mention d'un « dernier combat » dans l'annonce de la page Facebook laisse planer l'ombre d'une escalade militaire. Si le Général No Pity était effectivement vivant et opérationnel, sa réémergence pourrait marquer une intensification des hostilités dans une région déjà exsangue.
Dans l'attente de vérifications indépendantes, les observateurs appellent à la prudence face à cette information. Les réseaux sociaux, terrains privilégiés de la guerre informationnelle entre séparatistes et gouvernement, sont régulièrement utilisés pour diffuser de fausses informations visant à démoraliser l'adversaire ou galvaniser les troupes.
La question demeure : le Général No Pity est-il réellement vivant, ou s'agit-il d'une nouvelle manipulation destinée à maintenir le mythe d'un chef de guerre insaisissable ? Seul le temps et des enquêtes approfondies permettront de lever le voile sur cette énième résurrection annoncée d'un homme devenu légende malgré lui dans le conflit anglophone camerounais.