Cinq combattants séparatistes ont été abattus dans la nuit de samedi à dimanche à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, lors d’une opération menée par les forces de sécurité camerounaises. Selon des sources locales, l’intervention s’est concentrée sur une cachette située à Nchulam, où le commandant du groupe armé, surnommé « Arme générale », ainsi que son assistant, ont été tués. L’armée a récupéré deux véhicules de type Prado, des munitions et plusieurs armes sur place.
L'opération ne s'est pas limitée à cette première phase. En anticipant une cérémonie de deuil pour le chef rebelle, les forces gouvernementales ont tendu une embuscade, piégeant trois autres combattants venus rendre hommage à leur leader. Ces derniers ont été abattus à leur tour. La stratégie d'embuscade, souvent utilisée par les militaires camerounais, consiste à attendre les renforts ennemis après un premier assaut, une méthode qui avait marqué les débuts du conflit anglophone.
L’identité précise des combattants n'a pas été confirmée, et l'on ignore à quel groupe armé spécifique appartenaient les individus tués.
Le conflit anglophone, souvent appelé la guerre d’Ambazonie, ravage les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis 2017. Ce conflit est né des tensions politiques et sociales liées à la marginalisation des anglophones dans un pays majoritairement francophone. Ce qui avait débuté fin 2016 comme des revendications corporatistes de la part des avocats et enseignants des régions anglophones a rapidement dégénéré en une lutte sécessionniste, exacerbée par la réponse jugée répressive du gouvernement central.
Plusieurs initiatives ont été tentées pour mettre fin à cette guerre. En 2019, la Suisse s'est proposée comme médiateur, et le président Paul Biya a convoqué un « grand dialogue national » en septembre de la même année. Toutefois, ces efforts n'ont pas apporté de solution durable. En janvier 2023, le Canada avait annoncé avoir engagé un processus de paix pour le Cameroun, déclaration démentie par Yaoundé quelques jours plus tard.
En mai 2024, Capo Daniel, ancien porte-parole des Forces de défense de l’Ambazonie (FDA), l'un des principaux groupes séparatistes, avait appelé à une cessation des hostilités en vue de négociations. Cependant, le gouvernement a rejeté cet appel. Depuis, les violences n’ont cessé de croître, malgré les espoirs d’un règlement pacifique.
Depuis le début de ce conflit sanglant, plus de 6 000 personnes ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été déplacées, fuyant les affrontements incessants qui paralysent les régions anglophones. L’opération militaire de Bamenda n’est qu’un épisode de plus dans une guerre qui semble encore loin de trouver son dénouement.