• Une école coranique spécialisée dans la brimade d'enfants a été fermée à Ngaoundéré
• La dénonciation a été faite par des hommes de sécurité
• Le gouverneur de la région qui y a effectué une descente a fermé cette école
C’est à coups de bâton que le Coran était enseigné dans un domicile du quartier Sabongari à Ngaoundéré. L’entourage de cette école coranique d’un autre genre savait que les pensionnaires, des enfants essentiellement, sont quotidiennement soumis à des actes de maltraitance, mais personne n’a semblé s’en offusquer.
L’alerte est venue de certains hommes de sécurité qui ont porté l’affaire à l’attention du gouverneur de l’Adamaoua. Kildadi Taguiéké Boukar a donc effectué une descente au soir du 23 mai dernier, «pour lutter contre cette forme de brimade, cette forme de torture. Voyez- vous, cela se fait au vu et au su de tout le monde. L’espace est situé sur une voie à grande circulation, mais personne n’a osé venir dénoncer ce qui se passe ici ; n’eut été la clairvoyance des hommes en tenue qui nous ont alertés de ce que ça ne va pas, qu’il y a des enfants qui souffrent, des enfants de tous âges. Les droits de l’Homme sont manifestement violés ici, les droits des enfants surtout. Et l’État ne cautionne pas cela. L’Etat n’a jamais donné une autorisation spéciale à ce monsieur, encore qu’il est récidiviste».
De fait, le gouverneur et sa suite n’étaient alors que scandalisés de découvrir ce repaire de l’esclavage des temps modernes en plein centre-ville, avec pour bras armé la religion. «Ce qui se passe ici est contre nature ; il s’agit de la privation de liberté de ces jeunes garçons et nous condamnons les sévices corporels qui leur sont administrés. Nous sommes à l’ère des libertés au sens large et nous condamnons fermement le fait que les droits de l’Homme sont piétinés ; nous condamnons fermement cette façon de voir. Certes, on a dit que c’est une survivance de la culture, mais il faut voir que les mentalités ou les cultures sont aussi condamnées à évoluer, à épouser le temps», a relevé le gouverneur.
Avant de poursuivre qu’«aujourd’hui, c’est l’expression des droits de l’Homme et leur respect. L’enseignant coranique doit reconnaître et concilier nécessairement la culture et la modernité. Il peut accepter que son espace soit ouvert pour l’apprentissage du Coran, mais les parents sont invités à reprendre leurs enfants à la fin de chaque cours. Il revient à chaque parent de donner l’édu- cation nécessaire à ses enfants ; ce n’est pas au maître coranique d’enfermer des enfants chez lui et les comprimer de telle sorte qu’ils sont souvent étouffés et d’autres sont aujourd’hui fragilisés et mutilés dans leur chair». Curieusement, il y a quelques années, le même maître cora nique avait été sommé d’arrêter ses activités lugubres. Mais tout a continué de plus belle. «C’est une récidive malheureuse. Nous allons monter d’un cran par rapport à la prise de sanction ; nous allons fermer cet espace jusqu’à nouvel avis et inviter les parents à revoir leur appréciation par rapport à l’éducation de leurs enfants. Donc, l’apprentissage se fait dans la conviction de l’apprenant ; le bâton, lui, fait partie de l’histoire ancienne. Il y a des méthodes pédagogiques aujourd’hui pour faire comprendre à l’enfant qu’il est déviant et on le ramène à l’ordre avec des méthodes plus sophistiquées. Il y a des gens qui sont formés dans des écoles pour récupérer des enfants qui se seraient distingués dans la déviance», a clamé l’autorité administrative.
Mais le gouverneur a tenu à lever toute équivoque sur une certaine chasse aux sorcières contre les écoles coraniques. «Nous sommes un pays laïc qui favorise les apprentissages que ce soit dans les écoles modernes ou confessionnelles. Il n’est donc pas question d’une chasse contre une confession donnée», a-t-il tenu à préciser. Avis à ces tortionnaires qui, couverts par le Coran, se donnent pour mission de «dresser» les plus jeunes dans le Château d’eau en générale.