'Il y a de bonnes raisons de croire que le rapport est une dissimulation'
Le communiqué du Secrétaire général de la Présidence du Cameroun sur les résultats des conclusions de la Commission nommée par le gouvernement qui a enquêté sur les massacres de Ngarbuh est problématique. En effet, pour s'assurer de l'indépendance, du professionnalisme, de l'expertise et de l'intégrité de la Commission, celle-ci aurait dû elle-même rendre ses conclusions publiques lors d'une manifestation publique convoquée à cet effet et en présence des victimes survivantes, des familles des victimes décédées, des ONG nationales et internationales, du Barreau, de la presse nationale et internationale.
La Commission aurait dû soumettre ses conclusions à l'examen du public et répondre aux questions de la presse et des parties prenantes, dont le Barreau, sur son mandat, sa composition, l'expertise des membres en matière de médecine légale, de pathologie, de balistique et la méthodologie utilisée dans ses enquêtes ou son enquête. La raison pour laquelle j'ai soulevé ces questions de grande envergure qu'une enquête et/ou un examen compétent, informé et crédible doit prendre en compte pour être utile, est basée sur les recommandations faites en matière de responsabilité pénale et de discipline militaire.
La Commission a conclu que les auteurs physiques présumés des massacres et leur supérieur hiérarchique étaient responsables d'un manquement au devoir justifiant uniquement une action disciplinaire. Dans le contexte de crimes de guerre de cette ampleur et de cette gravité, cette conclusion est absurde. Il existe une distinction entre la responsabilité pénale individuelle d'un commandant et la responsabilité du supérieur hiérarchique d'un commandant.
Le commandant supérieur, qui a ordonné l'opération dans un campement civil qui a conduit au massacre, porte la responsabilité individuelle et celle du commandement supérieur pour les crimes perpétrés par ses subordonnés pour avoir omis de prévenir ou de punir ses subordonnés pour ces crimes. Je ne suis pas convaincu par le fait qu'il ait été induit en erreur par un rapport erroné soumis par son subordonné qui dissimulait sa responsabilité pénale pour les crimes.
Face au tollé persistant des victimes, des organisations nationales et internationales de défense des droits de l'homme, des commandants supérieurs civils et militaires engagés dans la dissimulation, le harcèlement et la disparition de témoins et les explications ou justifications scandaleuses et contradictoires des crimes, il y a de bonnes raisons de croire que le rapport est une dissimulation.
Les tirs croisés présumés dans un campement civil ne respectent pas le seuil de proportionnalité prévu par les conventions de Genève et ne devraient pas faire partie d'une enquête ou d'un examen crédible. Une armée professionnelle ne devrait pas mener d'opération armée dans une localité civile.
La présence suspecte présumée de combattants armés présumés dans la colonie civile ne modifie pas la nature civile de la colonie. C'est une raison importante pour laquelle les commandants supérieurs qui ont ordonné l'opération doivent porter la responsabilité individuelle et celle du commandement supérieur pour les crimes commis par leurs subordonnés.
Pour moi, et à moins que le rapport complet n'établisse le contraire, le communiqué du secrétaire général de la présidence semble être un effort de limitation des dégâts destiné à dissimuler les crimes des commandants supérieurs plutôt qu'à établir une base crédible pour la responsabilité et la justice ...
Par le chef FUATABONG Charles ACHALEKE TAKU
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