Ngoh Ngoh contre Motaze : Jeune Afrique fait de nouvelles révélations sur la guerre de succession de Paul Biya

Ngoh Ngoh est considéré comme le Vice-président

Sat, 8 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

C’est un secret de Polichinelle. Entre Ferdinand Ngoh Ngoh et Louis Paul Motaze, ce n’est pas le big love. Les deux proches collaborateurs de Paul Biya sont à la tête de deux clans qui se battent respectivement pour le contrôle du pays dans l’après-Biya. Jeune Afrique fait de nouvelles révélations sur la guerre entre les deux personnalités.

« Sous la cendre, le feu couve. Ces deux membres de la famille Biya s’opposent à fleurets mouchetés, en particulier par le biais de leurs fidèles et alliés respectifs. Chantal, qui a tissé des réseaux tentaculaires au sein du pouvoir et de l’administration, n’a plus rien de la jeune femme réservée et hésitante de ses débuts au palais d’Etoudi. Elle a achevé sa formation auprès de son époux, qui, en politicien madré, lui a appris à se mouvoir dans cet univers impitoyable.

C’est peu dire qu’elle exerce une grande influence sur la marche des affaires publiques, notamment par le truchement du secrétaire général de la Présidence (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh. Ce proche collaborateur du chef de l’État, qui bénéficie d’une délégation de signature, fait partie des alliés de la première dame. Et il transmet au gouvernement les « hautes instructions » du président », évoque Jeune Afrique.

« Homme à poigne, Ngoh Ngoh voit néanmoins ses prérogatives contestées par des rivaux qui estiment son pouvoir excessif. Il entretient ainsi des rapports délicats avec Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du cabinet civil du président, qui est aussi un proche de Franck Biya. Avec Louis-Paul Motaze, le ministre des Finances – lequel est, par ailleurs, le cousin de Franck Biya –, le SGPR entretient des relations orageuses. Ngoh Ngoh a rapatrié à la présidence les marchés du programme de construction des infrastructures de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Sur ce dossier, le ministre des Finances et le secrétaire général de la Présidence se renvoient la responsabilité du report de la CAN de 2021 à 2022 », précise le Magazine panafricain.

Selon Jeune Afrique, c’est une guerre permanente à Etoudi qui ne dit pas son nom. « Le chef de l’État observe cette querelle, sans jamais l’arbitrer. Dans le courant de 2022, il a décidé que le ministre de l’Économie et celui des Finances devaient obtenir l’accord du SGPR avant d’engager toute dépense supérieure à 150 000 euros. Ferdinand Ngoh Ngoh a également encouragé le ministère délégué chargé du contrôle de l’État à commander un audit portant sur les lignes 65 et 94 du budget national, en raison de soupçons de détournements d’argent public.En représailles, le clan rival, qui compte dans ses rangs Laurent Esso, le ministre de la Justice, a fait émettre un mandat d’amener, signé le 20 octobre 2022, à l’encontre du secrétaire général de la Présidence. Ce mandat fait suite au refus de Ngoh Ngoh de se présenter, le 18 octobre, à une audition au tribunal criminel spécial – audition consécutive à l’enquête ordonnée par Paul Biya pour faire la lumière sur le scandale de la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19 », insiste Jeune Afrique avant de préciser : « Pendant que ces deux pôles du pouvoir s’affrontent, le président laisse faire et maintient les belligérants à leur poste. Il ne remanie pas son gouvernement et veille à ce qu’aucun clan ne prenne trop l’avantage sur l’autre. Et, quand le calme revient, le patriarche lui-même jette de l’huile sur le feu.Paradoxalement, cette atmosphère de guerre intestine permanente assure une relative tranquillité au monarque vieillissant. Pourtant, la succession n’étant pas ouverte, ces batailles paraissent vaines. D’ailleurs, loin de répondre à la question de son départ à la retraite, le chef de l’État donne des signes attestant d’une volonté de se maintenir à la tête du pays. S’adressant aux jeunes, le 11 février, il a ainsi promis : « Je serai toujours à vos côtés dans ce combat salutaire. Celui de la réalisation de vos aspirations au progrès et à la modernité. C’est un combat que nous ne pouvons pas envisager de perdre. Je sais pouvoir compter sur vous. Vous pouvez compter sur moi. »

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