Ngule Linus Fonteh et Mbo Jeres Akua : Les familles se remettent à Paul Biya pour que justice soit faite

Paul Biya

Sun, 9 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

Une conférence de presse a été organisée à cet effet au cabinet de la défense, Amungwa Tany Nicodemus ce 6 avril 2023 à Yaoundé.

Les familles des deux étudiants de l’université de Buea, très éprouvées autour de leur avocat, ont décidé de rompre le silence pour porter à la connaissance des hautes autorités de l’Etat et à l’opinion publique leur cauchemar sur le sinueux chemin de faire éclater toute la lumière sur le décès de Ngule Linus Fonteh et la détention de Mbo Jeres Akua. Le corps du premier est à la morgue de l’hôpital régional de Buea alors que le second est en détention dans la même ville. Arrêtés le 15 mars 2023 aux environs de 13 heures, l’aîné du défunt, Raymond Ngule, apprendra par téléphone le décès de son frère à 1 heure du matin. Quant à la famille de Mbo Jeres Akua, elle ne comprend pas que ce dernier soit non seulement toujours en détention, mais surtout l’accusation portée à son encontre d’être un combattant sécessionniste. « Nous demandons au président de la République de nous aider à entrer en possession du corps de notre frère pour faire l'autopsie et de procéder à son inhumation », déclare Raymond Ngule. Il confie dans la foulée y avoir payé tous les frais exigés pour l'autopsie et qu'en retour tout piétine. Puisque les choses piétinent, renchérit l’avocat de la défense, qu’on laisse la justice camerounaise faire son travail. Nous sommes dans un état de droit. « La Sécurité militaire (Sémil) ne peut pas faire l’enquête contre ses éléments. Je pense qu’on peut par ailleurs créer une commission d’enquête indépendante pour qu’on tire les choses au clair. Cet étudiant mérite qu’on le fasse. Tout est fait pour noyer l’affaire et pour perturber cette famille », assène Amungwa Tany Nicodemus. Par ailleurs, il rappelle que ce n’est que le tribunal qui peut établir les faits. « Il n’appartient pas à la Sémil aujourd’hui de faire l’autopsie car on ne peut pas être juge et partie », soutient-il en s’interrogeant sur ce que les militaires font avec les civils. Toujours dans cette logique de faire la lumière sur les circonstances, les causes et l’auteur de la mort Ngule Linus Fonteh, l’avocat poursuit en s’interrogeant : « Comment comprendre que les éléments de la Sémil arrête un étudiant et moins de 12 heures après, on apprend qu’il est mort de choc émotionnel ? » Bien plus, il s’étonne qu’on ait montré le corps à la famille mais pas le rapport médical. « Nous allons suivre cette affaire de près. Et nous sommes prêts. C’est honteux qu’on organise un point de presse pour parler de ce que la justice aurait dû s’en saisir naturellement », ajoute-t-il avant de déclarer qu’ils sont en train de préparer une plainte contre l’université de Buea. Cette institution, à ses yeux, a joué un rôle très trouble dans l’affaire. « Nous avons écrit à cette université et quelques jours après, elle n’a pas réagi et vient aujourd’hui parler d’autopsie ». Pour finir, il rappelle que le Mindef devrait se saisir de cette affaire.

Les faits

Le mercredi 15 mars 2023, les deux étudiants sont enlevés dans leur chambre en journée autour de 13 heures par des éléments inconnus. Ils partageaient la même chambre. C’est plus tard qu’on saura que ce sont les éléments de la Semil, affirment les parents. Ngule Linus Fonteh était un étudiant de 3ème année en Relations internationales à la faculté de droit et de sciences politiques de l'Université de de Buea alors que Mbo Jeres Akua était au Master en Administration publique dans la même université. Le frère aîné du défunt, Raymond Ngule qui vit à Banga, confie qu’après cet enlèvement, il sera informé de la mort de son petit frère à 1 heure du matin par un inconnu utilisant son téléphone. Cette voix lui indique que le corps est à la morgue de Buea, qu’il est tombé sur le terrain de combat face à l’armée régulière. Il avoue ne croire aucun mot de ces affirmations et s’être lancé à Buea pour constater qu’effectivement son petit frère était effectivement décédé, portant des blessures sur le corps, dont il lui est impossible d’affirmer s’il s’agit des traces de balles ou pas. Il demande dont une autopsie pour en savoir davantage et paye les frais de 30.000 Fcfa exigés. De cette date jusqu’à ce jour, rien n’est fait dans le sens de procéder à l’autopsie. Il avoue aussi s’être retourné vers l’officier qui lui avait annoncé la mort de son frère pour en savoir davantage. A sa grande surprise, ce dernier qui la veille lui annonçait la mort de son frère suite aux combats sur le terrain de conflit, va se rebiffer et lui signifier que son frère est mort suite à un choc émotionnel quand on lui a présenté dans son téléphone des preuves accablantes de son appartenance aux sécessionnistes. Il s’est écroulé en comprenant que sa cause était entendue et ne s’est plus relevé. De guerre lasse face à cette situation, il se déporte à Yaoundé pour essayer de débrouiller les circonstances de la mort exacte de son petit frère. Le patron de la Sémil lui a donné, affirme-t-il, sa parole que l’autopsie sera faite. En ce qui concerne l’étudiant Mboh Jeres Akua, en garde à vue, ses parents disent tout autant leur étonnement qu’il soit accusé de combattant sécessionniste. Ils sont d’autant surpris que les Forces de sécurité leur font comprendre qu’il est passé aux aveux complets d’être un combattant. Son père, Mboh Thomas confie par ailleurs qu’étant informé de cette situation, il a demandé en vain à voir son fils. Lui qui est peintre, il crie son désarroi devant cette accusation qui pèse sur son fils qui l’a toujours accompagné en période de congés scolaires dans ses différents chantiers. Il ajoute que tout le quartier est désemparé qu’un tel sort s’abatte sur son fils reconnu comme un enfant paisible et sans histoires avec quiconque. La famille de Ngule Linus Fonteh, tout en sollicitant la haute intervention du chef de l’Etat, rappelle que les funérailles du père du défunt devaient se tenir le 4 avril dernier. A cause de ce décès, tout a été reporté. Bien plus en cas de deuil, la famille est tenue par la coutume de s’abstenir de tous travaux champêtres jusqu’à l’inhumation. Depuis la mort de l’étudiant, sa famille est interdite par les traditions du terroir de travailler pendant cette périodede retour des pluies. C’est quelques arguments mis en avant pour expliciter l’autre facette de la pénibilité de cette affaire.

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