Ni bétails, ni instruments électoraux : une mauvaise nouvelle tombe pour Paul Biya

Les jeunes du Septentrion refusent d'être instrumentalisés à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025 et appellent à boycotter un rassemblement prévu à Maroua

Dans un communiqué cinglant rendu public cette semaine, un collectif d'acteurs de la société civile et de militants originaires de l'Extrême-Nord du Cameroun exprime sa "profonde désapprobation" face à l'initiative d'un certain El Hadj Boukar Abdoulrahim, qui appelle à mobiliser 100 000 jeunes à Maroua pour manifester leur soutien à une éventuelle candidature du président Paul Biya à l'élection présidentielle d'octobre 2025.

"La jeunesse mérite mieux qu'une instrumentalisation politique", clament les signataires du communiqué, qui dénoncent une vision réductrice des jeunes de la région, considérés comme "des bétails électoraux que l'on agite à l'approche des élections".

Le collectif propose des alternatives concrètes qui, selon lui, répondraient véritablement aux besoins urgents de la population : "Au lieu de convoquer 100 000 jeunes pour scander des slogans politiques, pourquoi ne pas initier l'opération '10 000 microprojets pour les jeunes de l'Extrême-Nord' ou '100 000 actes de naissance pour les enfants de l'Extrême-Nord' ?"

Le communiqué dresse un tableau sombre de la situation dans cette région septentrionale du Cameroun, décrite comme "l'une des plus éprouvées du pays" : insécurité chronique, chômage extrêmement élevé, sous-scolarisation inquiétante, infrastructures défaillantes, accès limité à l'eau potable et à l'électricité, routes quasi inexistantes.

Les signataires rappellent également les "promesses électorales non tenues", citant en exemple "les 3 000 forages promis par le Chef de l'État lors d'une de ses campagnes électorales". Dans ce contexte, ils jugent la mobilisation politique prévue comme "une insulte" et une marque de "mépris" envers une jeunesse dont "des centaines fuient chaque jour le désespoir en quête d'opportunités incertaines".

Le collectif conclut son message par un appel direct aux jeunes de l'Extrême-Nord, les exhortant à "ne pas se laisser instrumentaliser" et à "rester chez eux le 10 mai 2025", date prévue pour la manifestation.

"Refusez d'être les figurants d'un théâtre politique qui ne tient pas compte de vos réalités", martèle le porte-parole du collectif, invitant plutôt la jeunesse à s'engager "là où cela compte vraiment".

Cette prise de position intervient dans un contexte politique de plus en plus tendu à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025, où les spéculations vont bon train quant à une possible nouvelle candidature du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.