Nomination des recteurs et Pca : les ressortissants de l’Adamaoua interpellent Biya

Paul Biya ignore les ressortissants de l’Adamaoua juin 9, 2022

Thu, 9 Jun 2022 Source: Le MEssager du 09-06-2022

Le chef de l’Etat a signé ce vendredi 03 juin 2022 deux décrets portant nomination des présidents du Conseil d’administration et des recteurs dans les toutes nouvelles universités d’Etat. La région de l’Adarnaoua oubliée.

1 -Sous-représentation dans ta sphère étatique

Dans un mémorandum publié le 15 août 2016, les auteurs attirent la haute attention de Paul Biya, chef de l’Etat sur la marginalisation des ressortissants de l’Adamaoua. Chiffres à l’appui, et ce dans tous les grands corps de l’Etat, ils démontrent que l’Adamaoua brille par sa sous-représentation : 03 membres du Gouvernement sur un effectif de 60 ; Aucun ressortissant responsable à la Présidence de la République ; 02 Secrétaires Généraux de Ministère sur 37 ;01 Directeur général sur 97 entreprises et établissements publics ; 01 Général des ,armées sur 37 ; 04-Commissaires divisionnaires sur 100 ; 0,5% de ressortissants admis aux grandes écoles (Enam, FMSBM, Emia, Polytechnique etc) ; 0,3% dans la fonction publique et les entreprises publiques ; 02 Directeurs de l’Administration centrale sur 700 ; Aucun Inspecteur général. Plus de cinq ans après la situation a-t-elle positivement évolué ? Que non l Paul Biya a signé le vendredi 03 juin 2022 deux décrets portant nomination des présidents du Conseil d’administration et des recteurs dans les toutes nouvelles universités d’Etat de Bertoua, Garoua et Ebolowa.

Selon le décret N°2022/202 du 03 juin 2022 portant nomination des présidents du conseil d’administration dans certaines universités d’Etat, l’université de Bertoua a pour PCA Bernard Wongolo ; l’université d’Ebolowa a pour PCA Jean Pierre Mvondo Evezo’o et le PCA de l’université de Garoua est Souley Daouda.

Aux termes du décret N’ 2022/203 du 03 juin 2022 portant nomination de recteurs dans certaines universités d’Etat, le recteur de l’université de Bertoua est Pr. Remy Magloire Dieudonné Etoa. Celui de l’université d’Ebolowa est Pr. Jean Bosco Etoa Etoa et celui de l’université de Garoua Pr. Boubakary Oumarou.

On se souvient que c’est te 05 janvier 2022 que le chef de t’Etat a signé le décret N‘2022/003 portant création des universités de Bertoua région de l’Est, de Garoua région du Nord et d’Ebolowa région du Sud. Cette création avait d’ailleurs été annoncée par Paul Biya lors de son traditionnel discours à la nation du 31 décembre 2021. Une fois encore la région de l’Adamaoua n’a pas eu voix au chapitre. Du coup des fils et filles de cette importante région du pays en sont à se demander si tlAdamaoua n’est pas victime d’ostracisme assimilable à une discrimination punitive ou à un mépris.

Alors que l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 vient de s’achever avec la publication du résultat officiel par le Conseil Constitutionnel-Paul Biya avait été réélu avec 71,28% ; l’Adamaoua l’avait choisi à 79,77%, soit plus de 08 points au-dessus du score national du candidat du Rdpc, le Cercle de Réflexion des Elites de l’Adamaoua (CREA) avait porté à l’attention du président réélu pour un nouveau septennat les problèmes spécifiques de cette région que taisent à dessein ou par crainte révérencielle les élites politiques. Celles-ci étant vieillissantes et impopulaires, plus soucieuses de leur confort personnel et de la conservation de leurs privilèges que du bien-être des populations.

Au rang de ces problèmes majeurs auxquels est confrontée cette région, figure l’insécurité. En effet, depuis l’année 2013, la région de l’Adamaoua est en proie au phénomène de prise d’otages et de vol de bétail, en raison de sa position géographique unique, frontalière avec trois pays en crise (République Centrafricaine, Nigéria et Tchad)

Des bandits armés, sillonnant en toute liberté tes zones rurales, commettent des exactions d’une brutalité inouïe. Des éleveurs et des agriculteurs ou leurs proches sont kidnappés et leur libération est subordonnée au paiement des rançons. Beaucoup d’otages malheureusement sont parfois froidement abattus, pendus ou égorgés en cas, de non paiement de rançon. Face à cette situation, beaucoup d’éleveurs ou agriculteurs bradent tout leur patrimoine pour payer des rançons », dénonçait le Créa dans le mémorandum adressé au chef de l’Etat.

2-L’inaction des autorités

Selon le Créa, on estime à cette époque à plus d’un milliard le montant des rançons versées ces trois dernières années, chiffre probablement sous-estimé, compte tenu de nombreux cas de non-dénonciations par peur des représailles. Aujourd’hui plusieurs villages sont désertés par leurs habitants à cause de cette insécurité. Le nombre de réfugiés internes consécutifs au phénomène de prise d’otages serait estimé à plus de 4 000.

Les vols de bétails perpétrés par les bandits organisés ont pris également une croissance exponentielle. Pas un jour sans qu’on ne déplore le vol de bétail. A titre illustratif, un réseau qui avait à son actif plus de trois mille têtes de bêtes volées a été démantelé à Meïganga. Les phénomènes de prise d’otage et de vols de bétail affectent durablement l’économie de la région basée essentiellement sur l’élevage de bovins et sur l’agriculture, accentuant ainsi la pauvreté et le chômage ».

Dans l’Adamaoua, ceux qui pourtant ont vocation à protéger les personnes et les biens brillent par l’inaction. Meurtries et frustrées, les populations ne savent plus à quel saint se vouer. « La Justice, chargée de réprimer tes vols de bétail, semble complaisante, voire complice des auteurs qui sont notoirement connus et bénéficient de la protection de ceux qui sont chargés de réprimer ces actes.

Les voleurs de bétail sont très souvent remis en liberté à l’instar des membres 4u réseau démantelé à Meïganga dans le Mbéré. La corruption de la justice procure l’impunité aux bandits qui continuent leurs activités criminelles en toute sérénité ; Les forces de sécurité et de défense sont quasi absentes sur le terrain.

En dehors de leurs effectifs insuffisants, les éléments de l’armée ne disposent pas de matériels roulants facilitant leurs déplacements dans cette vaste région. Comment peut-on imaginer que dans les localités de Martap, Nganha, Belel, Mbé, Dir, Ngaoui, Minim, Doualayel, Carbaya etc… épicentres de la grande criminalité rurale, les maigres effectifs en détachement ne disposent pas de véhicules d’intervention alors que dans les grands centres urbains, des hauts gradés de l’armée et de ta police se baladent dans des 4×4 rutilants hors de prix, sans que ces véhicules ne servent à ta sécurité de leurs concitoyens. Les bandes armées qui sillonnent les zones rurales sont aussi pernicieuses que les éléments de Boko Haram. Si aucune mesure concrète n’est prise, il y a risque de voir des jeunes chômeurs de plus en plus nombreux s’enrôler dans ces bandes armées, phénomène susceptible de faire le lit du terrorisme ».

Outre ce problème d’insécurité, la région de l’Adamaoua souffre de l’insuffisance d’infrastructures de base propices au bien-être des populations. L’érection du Département de l’Adamaoua en région ne s’est pas accompagnée d’infrastructures adéquates de transport, de santé et, d’éducation. Les réseaux de distribution d’eau et d’électricité sont quasi inexistants. L’Adamaoua est aujourd’hui parmi les dix régions du Cameroun, la dernière en matière de développement malgré ses énormes potentialités économiques.

3-Les élites politiques indexées

Selon les estimations les plus prudentes, la région compte de nos jours plus 1.800.000 habitants. Cette population se caractérise par : 53% âgés de moins de 20 ans ; 55% vivant en dessous du seuil de pauvreté ; 77% n’ayant pas accès à l’eau potable ; 75% n’ayant pas accès à l’électricité. Un autre secteur qui broie du noir est celui de ta santé publique marqué par l’insuffisance d’infrastructures d’accueil et la rupture d’approvisionnement en médicaments essentiels dans les centres de santé.

L’éducation n’est pas en reste. L’Adamaoua est classée parmi les réglons les moins scolarisées du pays. Ce secteur est caractérisé par l’insuffisance des établissements scolaires.

« Dans les zones rurales, de nombreuses écoles primaires sont logées dans des cabanes ou des huttes. La plupart des écoles (80%) ne disposent ni de points d’eau, ni de latrines ; ce qui expose tes élèves aux maladies. Malgré l’existence d’un Centre Universitaire à Ngaoundéré depuis plus de 25 ans, l’accès, surtout au cycle supérieur est fermé aux enfants de l’Adamaoua du fait d’une sélection arbitraire et tribale.

Les concours d’entrées dans les grandes écoles sont devenus un haut lieu des magouilles, des dessous de table et des trafics d’influences aux profits des plus nantis ou des élites politico administratives les enfants des familles pauvres sont exclus de fait de ta gestion des affaires du pays. L’Adamaoua est pratiquement ta seule région qui ne dispose ni d’industrie ni d’entreprise publique pourvoyeuse d’emplois.

Les sociétés de développement génératrices d’emplois et de revenu sont inexistantes, la Sodeble et de la Société de Tannerie et de Peausserie du Cameroun étant fermées depuis belle lurette. Ce sous-développement est certainement la conséquence de l’absence des ressortissants de ta région dans la gestion des affaires du pays », déplore le Créa.

Qui pense que les élites politiques de l’Adamaoua dont le rôle est de défendre te développement de la région et le bien- être des populations ont failli. A en croire le Créa, il est loisible de constater que cette élite vieillissante, égoïste et couarde est incapable de résoudre le moindre problème de là région constituée à 70% de jeunes de moins de 35 ans. Faute de trouver des solutions durables et justes aux problèmes de sécurité, de sous-développement et de marginalisation de ses ressortissants, ces jeunes ne représentent-ils pas une véritable bombe à retardement ?

Source: Le MEssager du 09-06-2022