L’ancien gouverneur du Nord-Ouest décrit Bamenda comme une ville épicentre de la contestation, comme le laboratoire d’essai du désordre et des actes inciviques à reproduire ailleurs, avec une population animée de « courage, d’impétuosité et de hardiesse.
Dans un article intitulé « Au Cameroun anglophone, la violence semble être la seule manière de se faire entendre » et publié le 30 novembre dans le journal Le Monde, Abakar Ahamat, ancien gouverneur du Nord-Ouest, analyse la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plus d’un an.
L’administrateur civil à la retraite estime que la violence dans cette partie du pays, est un phénomène permanent qui s’exprime de diverses manières. « Chaque fois qu’il y a un raidissement dans les relations entre les populations et les autorités, la violence est utilisée comme mode d’expression. Comme si c’était la seule manière pour ce peuple de se faire entendre et comprendre », souligne t-il.
Il trouve qu’à l’époque quand il était gouverneur du Nrord-Ouest, les problèmes qui se posaient étaient de nature différente, « même s’ils étaient tous liés aux nombreuses frustrations, à la marginalisation, à l’assimilation forcée et à la francophonisation que subissent les populations anglophones » comme c’est le cas aujourd’hui.
Selon Abakar Ahamat, le problème anglophone est vieux et bien connu de tous. « Bien que ne maîtrisant ni les tenants ni les aboutissants de l’escalade actuelle, je pense que c’est la gestion plus ou moins heureuse dudit problème qui a abouti à cette regrettable et préoccupante crise socio-politique. Les négociations ont été, de mon point de vue, menées de manière peu satisfaisante, soit parce qu’on a minimisé le problème, soit parce qu’on a voulu trouver de fausses solutions à de vrais problèmes », analyse l’ancien gouverneur.
De son point de vue, les réponses du Gouvernement aux revendications des populations de ces régions semblent « insuffisantes » car en dehors des enseignants et des avocats, les autres populations ont des soucis. « Et même dans les deux domaines évoqués, il n’est pas sûr que toutes les vraies préoccupations aient été correctement et totalement adressées ».
Il trouve que cette crise a atteint « un point de non-retour », mais ne pense pas que l’on puisse franchir le pas du mouvement armé. L’ancien gouverneur invite les pouvoirs publics à la gérer « intelligemment » en mettant sur pied d’«un collège de médiateurs intègres, objectifs, rigoureux et courageux, afin de paver la voie, de détruire les murs et de construire les ponts entre des acteurs qualifiés pour représenter d’un côté le gouvernement et de l’autre les populations ».