• Ces enseignants sont du département du Ngoketunjia
• Nalova Lyonga annonce une enquête
• 1000 enseignants sont en situation irrégulière
L’école dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est un problème préoccupant pour les autorités depuis le déclenchement du conflit séparatiste en 2017. Les sécessionnistes prenant les établissements scolaires, les élèves et les enseignants pour cible. Ce qui a eu pour conséquence de faire fuir ces derniers, dont beaucoup ont déserté les salles. En représailles, le ministère des Finances a suspendu leur salaire.
Dans un communiqué du 26 janvier, la ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Nalova Lyonga (photo), déclare que son département ministériel n’est en rien impliqué « dans les suspensions de solde en cours visant la quasi-totalité des personnels du Minesec en service dans le département du Ngoketunjia ». C’est dans la région du Nord-Ouest.
La ministre indique que ces suspensions de solde se font conformément à des arrêtés préfectoraux du 24 février et du 7 juillet 2021. Néanmoins, elle annonce que des « investigations dont le but est de faire la lumière sur cette opération sont en cours ».
Fin 2020, le Minesec a sommé près de 1000 enseignants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en absence irrégulière, de regagner leur poste sous peine de sanctions administratives. De leur côté, préfets et sous-préfets de ses régions menacent régulièrement les enseignants qui ne sont pas à leur poste. Le préfet de Wum (Nord-Ouest) a par exemple donné jusqu’au 18 janvier aux enseignants déserteurs pour qu’ils regagnent leur poste de travail sous peine de sanction.
Cinq membres de l'équipe éducative d'un lycée du Nord-Ouest ont été enlevés cette semaine dans l'enceinte même de leur établissement. Depuis le début de la crise sécuritaire dans les régions à majorité anglophone du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les menaces et attaques contre les écoles gouvernementales sont récurrentes. Celle-ci intervient moins de deux semaines après un communiqué des autorités locales demandant aux enseignants de reprendre le travail.
Dans cette zone, où les attaques sont régulières sur la route, rocailleuse et cabossée et bordée de forêts dense, c'est la première fois que des enlèvements ont lieu à l'intérieur même d'un établissement. Pour Semma Valentine, secrétaire général du syndicat Cattu, c'est la preuve que la situation sécuritaire n'est pas sous contrôle.
Il dénonce l'attitude des autorités : « Les responsables dans les administrations ont l'habitude d'être protégés par les forces de sécurité et circulent dans des véhicules blindés, mais ils mettent la pression sur les enseignants pour qu'ils retournent dans les écoles. Mais quand ces derniers risquent leur vie et sont enlevés, personne ne vient à leur rescousse. Et s'ils ne vont pas en classe, ils ne sont plus payés. Tant d'enseignants ont vu leurs salaires suspendus ! »