Dans la journée du mercredi 05 octobre 2023, deux hommes ont été exécutés publiquement par les séparatistes. La scène s’est déroulée sur la place du marché de Guzang, arrondissement de Batibo, département de la Momo, région du Nord-Ouest, en présence des populations, pétrifiées.
Elles ont assisté, impuissantes, à la mort par balles des deux hommes, aux environs de 17h. Sur les circonstances de cette exécution, un riverain révèle que « mercredi en fin d’après-midi, un groupe de terroristes armés a envahi le village de Guzang, kidnappés deux civils chez eux qu’ils ont ensuite été sommairement exécutés par balles sur la place du marché, devant une foule de personnes impuissantes ». Les séparatistes reprochent à Aburo Cletus Njohgo et Mbanyamsig Hansel Ndi de collaborer avec les Forces de défense et de sécurité camerounaises (FDS).
Motif suffisant, d’après eux, pour leur ôter la vie. L’enquête préliminaire menée par la Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC) révèle que « Aburo Cletus Njohgo, commerçant, propriétaire d’une boutique au marché de Guzang, et Mbanyamsig Hansel Ndi, tous résidents de Guzang ont été enlevés à leurs domiciles le 04 octobre 2023 vers 17h. Ils ont été traînés sur la place du marché de Guzang où ils ont été accusés publiquement d’espionnage pour le compte des Forces de défense et de sécurité, et de coopérer avec l’administration. Ils ont pour cela été qualifiés de traitres et ont finalement été assassinés par des terroristes sécessionnistes par une rafale de coups de feu, semant la terreur parmi les populations de ce village qui ont pris la fuite », écrit le président de la CDHC, James Mouangue Kobila.
Terreur. Guzang n’est presque plus peuplé. La guerre qui y sévit depuis 2016 a contribué à faire déserter les habitants. « Il n’y a presque plus personne ici au village. Tout le monde a fui. Les gens-là (sécessionnistes, ndlr) ont créé des cartes d’identité et des cartes de séjour ambazoniennes, et obligent tout le monde à en acheter. Ils disent que l’Ambazonie est un pays différent, et qui a ses propres lois », informe sous anonymat un habitant du Nord-Ouest. Selon la même source, ces cartes sont vendues à 10 000 francs CFA, et tous ceux qui n’en possèdent pas sont arrêtés, conduits dans un camp où ils vont payer 50 000 francs CFA avant de regagner leurs domiciles.
« Les deux hommes qui ont été tués étaient des commerçants. Ils n’avaient pas encore de cartes et demandaient aux sécessionnistes de patienter encore un peu. Mais, ils ont été arrêtés par des hommes armés qui disaient qu’ils travaillent pour le Bataillon d’intervention rapide (BIR) », raconte un riverain. Bal d’exécutions. La fusillade sur la place publique des civils par les sécessionnistes n’est pas la première du genre dans cette ville où des habitants tombent très souvent sous les balles des ambaboys.
Deux jours plus tard, c’est un chauffeur qui perd la vie au volant de son véhicule, sous les balles des séparatistes. Voulant éviter un contrôle auquel les séparatistes soumettent tous les usagers de la route, ces hommes armés ont ouvert un feu nourri sur le véhicule, arrachant la vie de ce père de famille. Un mois plus tôt, des hommes et femmes étaient exécutés par les sécessionnistes dans cette région où l’insécurité dicte sa loi depuis 2016. Ils avaient été sortis de leurs maisons et tués à un carrefour, quelques mètres plus loin. Des actes condamnés par plusieurs organisations de défense des droits humains.