Notes de renseignements: Dja et Lobo, une poudrière latente

DamienOwono, Prefet Dja et Lobo

Mon, 18 Oct 2021 Source: Sans Détour

Trafic d’influence, manœuvres de caporalisation de la base militante, clientélisme, intimidation, achat de consciences… Recueil des faits et actes qui font du chef – lieu du département du chef de l’État le terreau d’un volcan somnolent en phase de maturation…

A Sangmélima, et singulièrement dans la section Rdpc du Dja et Lobo 1, les militants attendent toujours les résultats des dernières élections consacrées au renouvellement des bureaux des organes de base.

Une attente de plus en plus longue, qui commence à radicaliser de nombreux militants de base, qui s’interrogent sur les motivations inavouées d’un scénario qui pour certains, masque mal la volonté de quelques élites, présentées comme de mauvais perdants, à récuser le verdict des urnes, et décidés à saborder les vérités issues des isoloirs.

Le constat est désormais établi par les analystes les plus érudits. Plus de trois semaines après le processus électoral, le renouvellement des organes de base du Rdpc dans le Dja et Lobo 1 jouent les prolongations.

A en croire des indiscrétions, des officines mafieuses s’activeraient dans les coulisses pour bloquer les résultats, qui avaient consacré le vote de Jean Sylvain Mvondo, devant André Noël Essian, au poste de président élu de la section, au terme d’une procédure rocambolesque, entretenue par les mandataires du comité central.

Pourtant, le résultat de cette consultation sulfureuse au poste de président de la section, qui avait éclipsé la sérénité relevée dans le choix des responsables des sections Ofrdp et Ojrdpc, était sans appel, et trahissait la volonté de la très grande majorité des militants de base en faveur du changement : environ 5 500 voix, soit 33,13 % des suffrages exprimés en faveur du président Sortant André Noël Essian, contre quelque 10 667 voix, soit 64,77 % au crédit du candidat entrant Sylvain Mvondo, sur les 16 921 suffrages exprimés, pour un scrutin qui a mobilisé près de 98 % de l’électorat.

Autant le dire, un test grandeur nature pour l’émancipation démocratique au sein du parti au pouvoir, que les adeptes du conservatisme, et ennemis du progrès, multiplient des manœuvres pour une remise en cause.

Notes de renseignements

Depuis lors, que de velléités pernicieuses de retoquer la volonté exprimée par les militants de base, au grand dam des directives de la hiérarchie du parti, qui faisaient du respect des choix des militants à la base, la pierre angulaire de cette élection. A l’instar des 360 sections internes et 17 sections établies à l’extérieur du pays, le renouvellement des bureaux des organes de base dans le Dja et Lobo 1 n’aura pas été une sinécure.

Comme ailleurs, les militants de base ont refusé le diktat de quelques élites, obnubilées par les pratiques obscurantistes qui ont longtemps régulé la vie du parti, et consistant à parachuter des responsables de base cooptés par l’élite, au mépris de la démocratie voulue par son président national depuis les années 1990.

Ailleurs dans d’autres sections du parti, et en dépit de l’adversité et l’émulation observées autour du processus, l’élection des nouveaux responsables de base du Rdpc relève désormais de la chose jugée, de nombreux perdants ayant choisi de respecter le verdict populaire. Mais à Sangmélima, des thuriféraires n’entendent point se conformer à l’évolution, et s’illustrent par des manœuvres perfides, qui, au fil du temps, ne contribuent qu’à maintenir le département d’origine du chef de l’État sous la tension d’une éventuelle implosion socio-politique.

Durant la procédure de renouvellement des bureaux des organes de base du parti, on a entendu tout un mandataire du comité central affirmer sans sourciller qu’il avait reçu des instructions d’un très proche collaborateur du chef de l’État, en vue de faciliter l’élection de l’un des candidats en lice.

D’où les tentatives, finalement désavouées, d’empêcher la candidature du Dr Jean Sylvain Mvondo à la compétition. De prétendues instructions totalement à l’antipode de la volonté manifeste de Paul Biya d’imprimer la démocratie comme mode de fonctionnement au sein de son parti.

Aujourd’hui, dans les coulisses de cette actualité, des indiscrétions révèlent que le parapheur présidentiel est truffé de notes d’informations, émanant des services de renseignements, toutes orientées vers la diabolisation des élites les plus représentatives du Dja et Lobo, et même au-delà, à l’instar du ministre Louis Paul Motaze.

Pourtant, il est de notoriété que le pauvre, en cours de traitement dans un établissement sanitaire suisse, ne pouvait être d’aucune influence sur le cours de ce processus. C’est dire si Sangmélima et le Dja et Lobo sombrent de manière lancinante vers une épuration politique, orchestrée par ceux qui voudraient apparaitre comme les seuls maîtres à bord, au nom des « hautes instructions » qu’ils recevraient du chef de l’État, du fait de la proximité de leurs bureaux.

Même les précieux conseils prodigués par une député de la même circonscription à l’adresse d’Obam Assam, ci-devant président de la commission départementale de contrôle des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base dans la Dja et Lobo, et visiblement le porteur des « hautes instructions» du collaborateur du chef de l’État, ne semblent pas diluer l’obsession des nouveaux « conquistadores », de faire le ménage dans le Dja et Lobo, et de rester les seuls maîtres politiques à bord.

Rebelote

Il faut dire que ces velléités de placer le Dja et Lobo sous la coupe réglée de quelques apparatchiks, qui ambitionnent des martyriser les autres du fait de leur position auprès du chef de l’Etat, commence à être stéréotypées comme étant une marque de fabrique du département du chef de l’Etat. On a appris la semaine dernière des soulèvements populaires à Meyomessala, sur fond d’expulsion des ressortissants Bamoun et nordistes, à la suite de la découverte du corps sans vie d’une jeune fille de l’arrondissement.

Des images insoutenables dans un Etat de droit, qui rappellent les tristes évènements des 08 et 09 octobre 2019 enregistrés à Sangmélima, baptisés « Les émeutes de Sangmélima », et cristallisés par la chasse aux allogènes dans les marchés de Sangmélima. Il avait fallu la prompte intervention du ministre Louis Paul Motaze, aujourd’hui vampirisé, sous sa casquette d’élite et de président de la coordination des activités du Rdpc dans le Dja et Lobo, pour que le pire soit évité de justesse.

On croyait refouler au registre des souvenirs tristes ces agitations, mais les manœuvres abyssales de rejet de la volonté de la base militante autour du processus de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc, risquent de replonger Sangmélima dans la spirale de violences, si d’aventure les irrédentistes venaient à torpiller la volonté de la base.

Pour cause, dans le chef-lieu du département du Dja et Lobo, les militants se disent déterminés à défendre leurs votes, en dépit des rumeurs qui ont fuité sur l’éventualité de la reprise des élections, selon les plans machiavéliques des mauvais perdants.

Rebelote. Ce n’est pas la première fois que certaines personnalités s’activent à capora-liser la vie politique dans cette section Dja et Lobo 1, au gré de leurs intérêts inavoués. Ici, de nombreux militants n’ont pas encore oublié l’affront qui leur avait été fait le 06 novembre 2020, par un dépisté et le président de la section, qui avaient préféré fermer hermétiquement les portes de la maison du parti, afin d’empêcher la tenue des manifestations y prévues, en commémoration de l’anniversaire du Renouveau.

Un acte de défiance qui avait choqué au-delà des appartenances partisanes, et révélé au grand jour la volonté de quelques thuriféraires de semer du trouble au sein de cette section du parti au pouvoir, créé par le chef de l’État Paul Biya. Déjà à l’occasion des investitures en vue des élections municipales et législatives du 09 février 2020, le choix des candidats du Rdpc avait été perturbé par les mêmes démarches pernicieuses, visant à saborder la volonté du peuple.

Des mandataires du comité central avaient pareillement mis sur la table, de prétendues instructions du chef de l’État, en vue du choix de la .liste conduite par André Noël Essian, pour briguer le conseil municipal. Comme si le Dja et Lobo devait apparaitre comme un cas isolé à travers la république, où Paul Biya doit choisir par décret ses candidats aux postes électifs.

Pourtant, c’est bien sur ce Paul Biya que tous les projecteurs sont aujourd’hui braqués, lui dont l’arbitrage est attendu pour un dénouement du processus de renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc dans le Dja et Lobo 1, au profit des candidats soutenus par son plus proche collaborateur, tel qu’insinué par le mandataire du comité central.

Et ce, au mépris de la volonté clairement exprimée par les militants de base. En clair, ces requérants d’un autre genre espèrent voir Paul Biya satisfaire leurs instincts hégémoniques, au risque de mettre entre parenthèses les principes «démocratiques qu’il a lui-même imprimés pour la bonne marche de son parti. Paul Biya va-t-il se dédire pour satisfaire les aspirations politiciennes de son collaborateur qui donne régulièrement des instructions aux mandataires du comité central ?

Là se trouve l’énigme de cette équation dont la résolution reste très attendue, et dont les contours font du département d’origine du chef de l’État une véritable poudrière qu’il convient de maîtriser. Pour le grand bien de l’avenir du Dja et Lobo dans l’écosystème politique futur du Cameroun.

Source: Sans Détour