Nous devons entrer dans la transition politique - Kah Walla

Kah Walla CPP Leader La présidente du Cameroon People’s Party, Kah Walla

Sun, 8 Jan 2017 Source: camersenat.info

La présidente du Cameroon People’s Party, l’a fait savoir en fin de semaine au siège de son parti à Douala, le temps d’une cérémonie de présentation de vœux de nouvel an aux peuples camerounais. Durant cette échange avec la presse, elle a aussi passé en revue la situation socio-économique du pays en 2016. Voici l’essentiel de son message.

MESSAGE DU CPP A LA NATION

Chers Compatriotes,


C’est un grand honneur pour moi de vous transmettre le message du Cameroon People’s Party pour 2017. Je le fais avec humilité.

Comme vous venez de le voir et de l’entendre, en 2016, le Cameroon People’s Party a demandé aux Camerounais de se lever et de défendre leurs droits; se lever et réclamer une transition politique; se mettre debout pour construire un Cameroun Leader.

En 2016, les Camerounais se sont mis debout. Ils continuent à le faire en ce moment.

• En mars 2016 – Face au drame atroce et à la tragédie de Monique Koumatekel – Des activistes de tous bords se sont rassemblés devant l’Hôpital Laquintinie pour protester contre notre système de santé inefficace.

• En avril 2016 – Le rouleau compresseur régime du RDPC s’est mis en marche pour modifier la Constitution pour ses propres intérêts et contre la volonté des Camerounais. Stand Up For Cameroon s’est levé, a lancé les vendredis en noir et a stoppé la modification de la constitution.

• D’avril à novembre 2016- Les travailleurs exaspérés par la violation de leurs droits fondamentaux ont bloqué le pont du Wouri, les rues de Yaoundé, l’entrée du Ministère des Finances. Félicitations aux retraités des entreprises étatiques, aux employés de PLACAM, aux employés de Le Bus et à tous les autres travailleurs qui ont défendu leurs droits en 2016.

• Le 21 octobre 2016 – Dans la plus grande stupéfaction, nous avons assisté à l’une des plus grandes tragédies que notre pays ait connue. Des centaines de Camerounais ont été victimes de l’accident de train à Eseka. En l’absence totale d’une réponse appropriée du gouvernement et cette fois ci de manière très différente, les Camerounais se sont levés. Ils se sont montrés solidaires, émus et ont donné ce qu’ils pouvaient aux victimes et à leurs familles. C’est aussi, une manière très importante, d’être debout pour le Cameroun.

• En novembre 2016, les avocats anglophones ont emmenés sur la place publique des griefs, vieux de plusieurs décennies, que des millions de Camerounais anglophones portent dans leurs cœurs. Enseignants, étudiants, commerçants et des milliers d’autres se sont joints à eux. Deux mois plus tard, les anglophones sont toujours debout, exigeant justice et équité en tant que citoyens à part entière de notre nation.

En 2016, les Camerounais se sont définitivement mis débout. Nous sommes passés de la parole à l’action. C’est un grand pas en avant pour nous en tant que peuple.

Cependant, ce n’est qu’un premier pas.

Les problèmes difficiles et douloureux qui ont provoqué nos actions, restent intacts. Le régime actuel n’a pas réussi à fournir des réponses ne serait-ce que minimales à ces problèmes fondamentaux des Camerounais.

Sur le plan social

• Malgré le cas Monique Koumatekel, les femmes continuent à mourir dans nos hôpitaux par milliers alors qu’elles cherchent à donner une nouvelle vie à la nation.

• Plus de trois mois après la catastrophe d’Eseka, les victimes continuent à être abandonnés à elles-mêmes. En tant que Camerounais, nous n’avons reçu aucune information sur les causes de cet accident qui a impacté des milliers de vies. Il n’y a pas de communication sur l’amélioration de la sécurité des transports publics, aucune mesure ne semble être prise pour s’assurer qu’une telle catastrophe ne se reproduise pas.

• Les enseignants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest nous ont aidés à comprendre la situation catastrophique dans leurs écoles. Ceux des huit autres régions font écho que notre système éducatif n’est pas meilleur ailleurs.

Sur le plan économique

• La situation des travailleurs dans le secteur formel ou informel, employés par l’Etat ou par le secteur privé, reste précaire. Les salaires sont en retard, l’assurance est un mythe, la sécurité n’est pas garantie.

• Le chômage des jeunes continuent à monter en flèche et nos enfants continuent à risquer leur vie en mer ou à travers le désert parce que ce régime n’a pas été en mesure de leur donner l’espoir pour leur avenir.

• Dans ce contexte, le régime de Yaoundé ne cesse d’aligner des décisions économiques désastreuses après décisions économiques désastreuses: l’accord de partenariat économique signé avec l’Union européenne; La remise du pouvoir de nos décisions économiques au FMI et au Ministère des Finances français, l’augmentation des taxes et des redevances payées par le Cameroun moyen sont autant d’indicateurs qu’après 34 ans, le gouvernement actuel est incapable de stimuler la croissance économique dont les Camerounais ont désespérément besoin.

Sur le plan politique

• Le régime de Biya a violé de manière flagrante les libertés fondamentales des Camerounais.

o Les membres de Stand Up pour le Cameroun ont été soumis à 6 arrestations en 2016 impliquant plus de 150 personnes.

o Les syndicats, les autres partis politiques et même les civils ordinaires se sont vu refuser le droit de se réunir, le droit à la parole et le droit de protester.

o Plus gravement, pendant les manifestations à Buea et Bamenda, des manifestants ont été harcelés, torturés et tués. Il n’y a eu aucune répercussion pour les auteurs, même si plusieurs ont été enregistrés sur vidéo.

o Le mouvement anglophone a mis en lumière une question capitale pour la nation. Quelle devrait être la forme actuelle de l’Etat camerounais, étant donné que l’État unitaire centralisé a produit des résultats désastreux en en ce qui concerne la fourniture des services de base aux citoyens?

o Un an seulement avant la tenue de quatre élections nationales, la question de la réforme électorale demeure intacte. Il n’y a pas de consensus sur le processus électoral.

Le malaise camerounais a atteint un niveau insupportable. Les Camerounais se plaignent, manifestent et protestent parce que nos vies sont devenues intolérables.

Alors, que voulons-nous, Camerounais, exactement ?

Aujourd’hui, nous voulons la restauration effective et immédiate de nos libertés civiles.

Nous exigeons le droit de nous réunir, de parler librement, de protester pacifiquement et de contester les choix du Gouvernement.

C’est notre droit fondamental en tant que citoyens de cette nation!

Nous avons besoin de l’opportunité de nous asseoir entre Camerounais et de guérir les blessures profondes de notre passé.

• Le traumatisme de notre lutte pour l’indépendance au cours de laquelle des milliers de personnes ont été torturées et tuées.

• La déception de la réunification, qui a eu pour résultat la détresse des anglophones au sein de l’Union aujourd’hui.

• Les abus et discriminations sur des groupes tels que les Bakas et les Mbororos.

• Les échecs du développement qui ont créé un terrain fertile permettant à des groupes comme Boko Haram d’attaquer notre pays.

• Les échecs de la croissance économique qui ont laissé des millions de jeunes découragés, prêts à risquer leur vie, pour trouver un avenir à l’étranger.

L’analyse de ces situations et d’autres nous permettra de définir notre identité, de forger une nouvelle unité qui s’appuie sur notre diversité et de réécrire une constitution qui créera une fondation solide pour notre nation.

Nous exigeons la possibilité de définir une forme d’Etat qui sera véritablement décentralisée avec:

• Des gouverneurs élus et les assemblées régionales,

• 40 – 60% des ressources nationales investies au niveau local et régional ;

• Les services de base tels que l’eau, l’électricité, les soins de santé, l’éducation et plus encore; garanties et gérées aux niveaux régional et local.

Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est construire un excellent système électoral.

• Un système qui permet aux Camerounais de s’inscrire sans hésitation et sans tracasseries ;

• Un système consensuel, transparent et juste ;

• Un système qui produit des résultats que personne ne remet en cause ;

• Un système qui garantit l’alternance à la tête de la nation.

Aujourd’hui, nous voulons gérer notre économie au profit de la majorité des Camerounais. Nous voulons :

• Définir des stratégies de croissance économique qui profitent de notre position géostratégique ;

• Contrôler notre propre politique monétaire. La retirer des mains des anciens maîtres coloniaux, la retirer des mains des organisations internationales où nous n’avons pas voix au chapitre et en faire un instrument qui fonctionne vraiment pour notre économie ;

• Utiliser le dynamisme de notre secteur informel pour créer des entrepreneurs formels et des emplois décents ;

• Intégrer pleinement les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les autres catégories marginalisées dans une économie en croissance.

Nous souffrons aujourd’hui, nous sommes en colère aujourd’hui, nous pleurons aujourd’hui l’état de nos vies en tant que Camerounais.

Nous sommes également debout aujourd’hui et nous rêvons aujourd’hui.

Nous rêvons aujourd’hui du Cameroun sans corruption de Kuma Mbappe. Nous rêvons du Cameroun fort et fier de Gertrude Omog et de Marie Djat. Nous rêvons du Cameroun qui est uni en respectant la diversité et l’histoire de ses enfants, le Cameroun pour lequel Ndeh Ntumazah et Ernest Ouandie ont combattu.

Nous rêvons d’un Cameroun qui est un leader en Afrique. Le Cameroun que représentait Marthe Moumie lorsqu’elle s’est adressée aux dirigeants africains en 1958. Nous rêvons d’un Cameroun véritablement indépendant et unique : culturellement, économiquement et politiquement. Nous rêvons d’un Cameroun Leader.

2016 a été une année de réveil. Nous nous sommes mis debout, nous avons défendu nos droits et nous avons gagné beaucoup de batailles.

2017 doit être l’année où nous nous battons, sans violence, mais avec une détermination implacable jusqu’à ce que nous réalisions le rêve.

56 ans du régime actuel nous ont prouvé, que tant qu’ils sont aux commandes, nous ne pouvons pas réaliser le rêve.

Comment réaliserons-nous ce rêve?

A travers, Stand Up For Cameroon, le Cameroon People’s Party et de nombreux autres ont proposé et commencé à se battre pour la solution de la Transition Politique.

Nous sommes arrivés à ce point plusieurs fois au cours de notre histoire et nous ne l’avons jamais réalisé.

À la fin des années 1950, les nationalistes voulaient une conférence de réunification avant l’indépendance. Ils ne l’ont jamais obtenu et l’indépendance a été tronquée dès le départ. Au début des années 1990, des milliers de Camerounais ont protestés dans les rues pour exiger une Conférence Nationale, on leur a dit que c’était “sans objet” et on a été servi une conférence tripartite corrompue. Notre démocratie a été détournée et le reste jusqu’à aujourd’hui.

En 2017, nous devons accomplir cette dernière étape. Nous devons entrer dans la Transition Politique.

Pour répondre aux besoins des anglophones, pour répondre aux travailleurs, pour répondre aux femmes et aux jeunes, nous devons entrer dans la Transition Politique.

Chaque voix, qu’elle soit anglophone ou francophone, nordiste ou sudiste, Bulu ou Bamileke, chaque voix qui rêve d’un Cameroun juste et équitable doit se lever et exiger la Transition Politique.

Tous les mouvements: enseignants et commerçants, de l’Est et de l’Ouest, Bakweris et Bassas; Chaque mouvement qui se bat pour un meilleur Cameroun doit se joindre à l’autre pour mener des actions puissantes, non violentes et implacables dans la détermination d’imposer la transition politique pour le Cameroun.

Une transition qui sera gérée non par nous, les politiques, mais par des camerounais indépendants ayant l’intégrité morale, étant techniquement compétents et patriotiques. Une transition qui nous permettra de :

• Tenir notre conversation nationale : la conférence, le dialogue qui nous permettra de définir notre identité

• Réécrire notre constitution

• Réformer notre système électoral

• Commencer la restauration de notre histoire collective

• Tenir des élections qui produiront les dirigeants qui mettront en œuvre rêve camerounais.

Chers Camerounais et Camerounaises ;

2016 a été l’année de l’éveil, l’année pour se mettre debout.

2017 est l’année pour gagner le combat, pour réaliser le rêve.

Nous devons nous organiser, construire, élaborer des stratégies et travailler collectivement pour réaliser notre Transition Politique.

? La solution à notre indépendance économique et à notre croissance est la transition politique !

? La réponse à la question anglophone est la transition politique !

? La route pour nous aider à accéder à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé et à l’éducation est la transition politique !

? La voie pour obtenir un système électoral équitable au Cameroun est la transition politique !

2016 a été une année de problèmes et de défis. Nous les Camerounais, avons affronté ces challenges avec beaucoup de détermination.

Nous nous sommes réveillés, nous nous sommes levés et nous avons gagné beaucoup de batailles. En 2017, nous devons raffermir cette force en nombre, en coordination et en stratégie.

Nous devons être infatigables et inébranlables dans notre détermination. Nous devons gagner la lutte et réaliser le rêve.

2017 est l’année de la Transition Politique !

Nous sommes le Peuple, nous avons le pouvoir et il est l’heure !

Vive le Peuple du Cameroun,

Vive la Nation du Cameroun.

Que 2017 soit l’année où nous combattons pour la Nation, que 2017 soit l’année où nous gagnons la possibilité de réaliser notre rêve.

Bonne année.

Kah Walla

Présidente Nationale

Source: camersenat.info