‘Nous sommes tous fous au Cameroun’

Marcelle Prudence 'Nous sommes tous assez fous et dingues de ce pays'

Sun, 22 Sep 2024 Source: www.camerounweb.com

L’avocate camerounaise Prudence Marcelle Mandeng II raconte le quotidien plutôt ordinaire d’un Cameroun. Il est généralement pavé de faits insolites de mésaventures.

Nous sommes tous assez fous et dingues de ce pays, malgré tout! Parfois, on se réveille le matin, on a envie de tout plaquer, partir loin de cette galère quotidienne. Mais, le soir chez soi, on se calme et le lendemain, dès le réveil on fulmine encore.

JOURNÉE ORDINAIRE D'UN MBONGOOLANDAIS

Où que l'on vive, on se réveille avec du bruit, des odeurs. Des voisins bruyants, des motos qui vont partout. On se lève bam pas d'eau, pas de lumière, internet aussi s'invite! La résilience nous pousse à anticiper, réserves d'eau, vêtements déjà repassés.

On sort de chez soi, BAM un voisin mal garé, le type a son permis-téléphone, il ne sait pas ce que signifie porte cochère. Il obstrue votre entrée, pim pim il sort très nerveux et vous agresse en plus! Il bouge sa caisse en grognant, now immersion dans l'enfer.

Sortie home, empruntée par au moins 1000 personnes, des cailloux de fortune en guise de macadam. On les brave oufff, entre 2 benskin impatients et une voiture. Et hop sur les pavés sur 1km, tout bouge dans votre ventre, le dos souffre, il faut esquiver les motos, les camions 10 roues, 12 tonnes, les piétons qui confondent la route à leur chambre, des tricycles chargés, des chèvres, des vaches, des pousse-pousse, brouettes. Bam un lac, pas besoin de laver sa voiture, car elle fera trempette dans du chocolat.

Plus loin sur des pavés, des dépotoirs d'ordures( pourtant, il suffit de les ranger dans un sac poubelle), divisent la route, il faut attendre son tour pour passer. Now c'est vigilance plus, plus, en slalomant entre les sans-permis, permis-téléphone, permis- oreillers, mais en circulation. A un moment vous décidez de changer d'itinéraire, bam la police municipale sort, avec un vieux taco, pas de signalisation, elle vous colle une infraction. Elle vous dit qu'il y a une camera, mais vous ne voyez pas de panneau, sens interdit. Elle bondit de l'infraction à la négociation. Rires. Au fait à quoi sert-elle?

Après ce périple de Amon, vous arrivez au bureau, pas de lumière. Vous décidez de sortir en clientèle, pas de parking, vous tournez pendant une heure, pour chercher une place. Pendant ce temps, le rdv manqué, à cause du temps mis pour chercher le parking. Fin de journée, vous rentrez chez vous, en chemin, vous stoppez au feu, yen a 4 un seul fonctionne , en 1s vous devez le comprendre. Derrière un klaxon strident, vous vous rassurez que c'est bien rouge, mais le dingue derrière insiste et vous contourne et passe!

Il n'y a pas 36 solutions, vous foncez chez vous, car le danger rôde, avec une indiscipline pareille. Vous achetez des fruits, arrivé home, bananes pourrries, mais bien jaunes, pastèque blanche, ananas gratouille. On met tout à la poubelle. Pas d'eau, pas de lumière. Dans cette ambiance de violence, et d'indiscipline caractérisée, la liberté piétinée. Personne ne sait où s'arrête sa liberté. On ment, on trompe, on vole, on insulte, on escroque, le soir on achète des yaourts empois@onnés de ces maux, on donne à ses enfants!

Alors, on cogite, on fait le tour des opportunités ailleurs, on se demande ce que l'on fait dans un environnement, aussi anarchiste. On a vu beaucoup, mieux, on n'a une large palette de choix, mais on est là, on sait que ce n'est pas normal, mais on est là! On essaie de poser des actes de changement, mais on rencontre de la résistance ignorante ou intéressée.

Rien n'est facile dans notre pays, mais nous avons une capacité de résilience et de résistance, incroyables.

Une Nation à bâtir, Nous sommes probablement, 30 millions, mais c'est le tiers qui veut le changement, l'évolution du pays, pour une meilleure qualité de vie. Le reste veut juste voler sa quantité de sardines pour eux , leurs enfants et petits-enfants. Sinon, ce pays terre d'opportunités, bourrée de cerveaux, seraient un véritable paradis.

Source: www.camerounweb.com