'Nous voulons que les droits des étudiants soient respectés'

313 Jean Thierry Batoum Nyobe251115650 Thierry Batoum, président de l'ADDEC

Tue, 15 Dec 2015 Source: carmer.be

“ J’ai été exclu pour deux années et ces deux années ont pris fin. Ayant donc purgé ma peine tout comme mon secrétaire général, j’ai bel et bien repris les cours. J’ai donc  la légitimité et la légalité de parler au nom de l’association des droits des étudiants du Cameroun”. Le président de l’Addec, revient sur les faits qui lui sont reprochés depuis son interpellation le 16 novembre 2015 et pour  lesquels il  comparaîtra le 26 Janvier 2016 au Tribunal de première Instance du centre administratif de Yaoundé. 

Qui est Thierry Batoum?

Je m’appelle  Jean Thierry Batoum Ba Nyobe. Je suis étudiant à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé I, niveau 4, filière Biologie. Je suis président de l’association des droits des étudiants (Addec), depuis le 31 août 2012.

Pour quels motifs avez-vous été interpellé le 16 Novembre dernier?

Je n'ai pas été interpellé. J’ai été agressé ainsi que trois membres de l’Addec par les agents de police du Campus, alors que nous sensibilisons les étudiants  hors du campus, au lieu dit Château à Ngoa Ekelle. Ceci en rapport avec  la marche pacifique prévue par l’association le mercredi 18 Novembre, pour  dénoncer les frais de paiement de la carte d’étudiant, exigés par les responsables de l’Université de Yaoundé I. Ces agents nous ont brutalisé, avant de nous intimer l’ordre de les suivre dans le campus.  Nous nous sommes laissés conduire dans leur bureau au rectorat. Les responsables du campus ont alors appelé le commissaire du 5ème arrondissement de Ngoa Ekelle, qui est venu me prendre et m’a amené au commissariat, où j’ai passé une nuit. Nous étions  le lundi 16 novembre 2015. Le mardi 17, j’ai été conduit au parquet. J’ai passé une autre nuit après le parquet au Commissariat du 2ème arrondissement. Le mercredi, j’ai été renvoyé au commissariat du 5ème pour compléments d’enquêtes. Ce jour, il m’a  plutôt  été demandé d’amener deux témoins.  Le vendredi, j’ai été ramené au parquet. J’ai été libéré sous le couvert de deux garants, ce qui m’a permit de comparaître libre lors de la première audience le 24 novembre 2015 au Tribunal de première instance de Yaoundé, centre administratif. L’audience consistait à me présenter les faits qui me sont reprochés.

Quels sont donc les faits qui vous sont reprochés?

Il m’est reproché d’avoir participer à l’organisation d’une manifestation non autorisée dans un lieu ouvert, dans le but d’inciter les étudiants à la révolte. ll faut dire, que lorsqu’on me met entre les mains du commissariat du 5ème, il y’a pas de plainte. c’est  après mon audition le mardi matin par l’enquêteur que je découvre l’objet de la plainte. Trouble à l’ordre public et incitation à la révolte. La plainte est signée par le secrétaire général de Yaoundé I, le professeur Jean Emmanuel Pondi.  

Est ce trop demander à un étudiant que de verser 2000F Cfa pour sa carte d’étudiant?

Si à ces 2000 F,  vous devez ajouter 50 000 F représentant les frais d’inscriptions,  300 000F  comme loyer annuel de l’étudiant, les frais de photocopie, le matériel de laboratoire, les frais de connexion internet  pour les recherches etc… C’est trop pour l’étudiant.  En réalité,  ce qui suscite le mécontentement des étudiants, c'est non  pas la vente de la carte d'étudiant, mais  les contraintes liées autour. Vous êtes encore en phase de pré-inscription et on vous demande dans votre dossier, de présenter le reçu de la carte de paiement d’étudiant. Or le décret présidentiel qui fixe les droits de l’étudiant à 50 000F Cfa, taux forfaitaire, demande que l’inscription se déroule en deux tranches. Après le versement des 50 000F, l’inscription de l’étudiant est matérialisée par une  carte d’étudiant. Laquelle carte donne droit  à l’assurance maladie. A l’accès à la bibliothèque. Aux enseignements classiques et dirigés. A toutes les œuvres d’université ainsi que  les avantages y afférents. Nous dénoncions donc une arnaque à laquelle aucun citoyen de devrait se plier.

Sont-ce les étudiants qui ont manifesté leur mécontentement ou simplement  le président de  l’Addec et deux de ses membres?

Il ne s’agit pas  de Batoum, il ne s’agit  pas de ma personne. Mais en tant que président de l’Addec, j’ai le devoir de porter ce que la majorité a décidé.  L’Addec compte près d’un milliers d’étudiants régulièrement inscrits dans les universités du Cameroun. Nous voulons simplement que  les droits des étudiants soient respectés. Si l’Addec ne défend pas ce petit droit de l’étudiant, l’Addec ne doit pas exister.
 
Comment pouvez-vous défendre les droits des étudiants, alors que vous êtes exclu des universités du Cameroun?

Il faut d’ailleurs indiquer que j’ai deux décisions contre moi.  La première décision   qui  m’exclut temporairement pour deux années académiques, m’autorise à me réinscrire pour l’année académique 2015- 2016. La première décision m’exclut,  pour fraude aux examens. Mais après avoir apporté toutes  les preuves que je n’avais pas fraudé aux examens,  la  décision a été revue  et rectifiée. Elle dit plutôt que j’ai produit un acte susceptible de compromettre le fonctionnement de l’université. Je voudrais cependant  préciser que l’acte querellé, est  la correspondance adressé au Consupe en 2013, qui dénonçait  la vente de la carte d’étudiant.  J’ai été exclu pour deux années et ces deux années ont pris fin. Ayant donc purgé ma peine tout comme mon secrétaire général qui à l’école  polytechnique, j'ai bel et bien repris les cours. J'ai  donc la légitimité et la légalité de parler au nom des étudiants.

Que pouvez-vous nous dire sur l’Addec?

Depuis sa  création en 2004, l’Addec  a réalisé plusieurs choses.  Tant sur le plan académique, que sur l’amélioration des conditions de vie des étudiants.  Mais c’est  surtout après la grande manifestation des 2000 étudiants en  2005, laquelle manifestation avait nécessité   la descente du ministre Jacques Fame Ndongo, que l’association a réellement pris sa vitesse de croisière. Le ministre de l’enseignement supérieur avait du braver  la pluie pour parler aux étudiants.  La  manifestation qui était l’expression  des multiples  frustrations  et mécontentements   que rencontraient les étudiants au quotidien, a eu une suite favorable auprès des pouvoirs publics.  Il y a eu un certain nombre de réformes, parmi lesquelles,  l’interdiction des ventes de polycopies,  “bords”. Sur le sujet,  l”Addec avait pensé que le rôle de l’enseignement était de produire les connaissances. D’autre part, l’association  a demandé la construction des babillards.  Il faut indiquer que  les étudiants n’avaient pas accès à leur note pour absence de babillard. Il y a eu la construction de plusieurs amphis. Une autre doléance de l’Addec. les étudiants s’asseyaient en même le sol, ou, étaient obligés de se lever très tôt le matin pour aller suivre les enseignements. Il  y’avait ce manque criard  d’enseignants. L’Etat a du faire des recrutements. Même si tous ces problèmes existent encore aujourd’hui, ils ont été atténués. Sur un autre angle, l’Addec a œuvré à l”amélioration  du système éducatif de l’enseignement supérieur.

Par exemple, l’introduction du système Master  et Doctorats, qui ont  officiellement été mis sur pied . En 2007, l’Addec a permis que quatre ministères puissent mettre en place une grille de logement. Aujourd’hui, nous avons les étudiants qui payent le loyer à 4 000F. Un maxima et un minima fixés par ces quatre ministères et la préfecture du Mfoundi. Nous déplorons néanmoins, que cette décision ne soit pas respectée dans toutes les universités. La prime d’excellence que nous recevons depuis 2009 est une autre action de l’Addec.

Source: carmer.be