Une si longue audience qui aura duré plus de quatre heures d’horloge. On serait tenté d’affirmer qu’on ne saurait confondre la durée et la pertinence des débats. Dans la mesure où l’audience présidée hier, 13 octobre 2015, par le Président Nyo Mathias qu’assistaient Nimagalina Mpalang et Nyassa Luc, a été l’une des plus ennuyeuses et poussives.
Pas du fait des magistrats de haut rang, mais du témoin du Ministère public (l’accusation) qui a fait auditionner un témoin qui semblait ignorer le but de sa présence dans le box à lui réservé. L’audience du tribunal de céans devait ‘’cross examiner’’ sieur Ndifor Dikum, le dernier témoin du Parquet général dans cette cause.
En effet, cet expert financier, auditeur à la Commercial Banque of Cameroon (CBC) est venu comme le dernier ‘’Joker’’ du Procureur général pour soutenir la culpabilité de Polycarpe Abah Abah, ex-Minefi et ancien Directeur des Impôts à l’époque des faits, 1999-2003. A la précédente audience, le Procureur général avait produit le relevé de l’historique des comptes d’Abah Abah. Ce document tant attendu a fait l’objet de plusieurs reports d’audience.
La défense s’est adossée sur ce document de 13 pages pour questionner le témoin Ndifor Dikum. Pendant quatre heures d’horloge, le témoin Ndifor Dikum a alterné hésitations, balbutiements et de l’à-peu-près. Certes, le témoin avait une connaissance livresque en matière d’audit, mais il lui a manqué cruellement la manière de la faire partager avec le tribunal, la défense et à une assistance très attentive.
Entre le dépôt à terme (DAT) et la mise en place ou en forme du DAT, il fallait choisir. Or, le Cross examination, en d’autre terme le ‘’contre interrogatoire’’, devait permettre au témoin de confondre, de culpabiliser, au besoin, Abah Abah des faits de détournement de deniers publics (DDP) à l’examen et à l’analyse de l’historique de des comptes de l’ancien Directeur des Impôts. Les différents comptes portaient l’estampille de la Direction des impôts au titre de ‘’Remboursement TVA’’. Ces documents ne portaient pas le nom d’Abah Abah Polycarpe en tant que personne physique.
Bref, en tout état de cause, la défense a produit trois pièces, dont deux sur le fonctionnement des comptes querellés. La première pièce est une lettre adressée le 20 juillet 2000 par le Directeur des Impôts Abah Abah à M. le Directeur général de la CBC à l’Attention du directeur d’Agence CBC à Yaoundé. Dans cette correspondance, le Dg écrit: «L’examen du relevé de mon compte personnel n° 301 807-01-S, ouvert dans vos livres laisse apparaître que vous l’avez crédité le 05 mai 2000 d’un montant de 1.158.352.393.FCFA par le débit du compte 301 897-01-M (Remboursement TVA)». Le même jour, le Dg de la CBC répondra à Abah Abah.
Il confirme sa lettre du 11 mai 2000 (copie en annexe) portant sur des opérations comptabilisées à tort sur le compte personnel d’Abah Abah. Pour le patron de cette institution bancaire, il s’agissait d’une erreur émanant d’un agent peu attentif, en raison de la similitude des numéros de compte. Toutes ces pièces ont été admises en son temps dans le dossier de procédure. Elles ont été une fois encore présentées au tribunal.
A l’épreuve de Cross examination, le témoin est resté dans la vacuité. Or, Abah Abah est poursuivi devant depuis janvier dernier pour détournement présumé de la somme suscitée, virée à tort dans son compte et qui a été réparée le même jour. Ladite somme ayant été sur le compte 301 897-01-M (Remboursement TVA).