Nouveaux cas de covid : la vérité autour de l’affaire

Dans un communiqué publié le 15 octobre 2025, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, invite la population à la vigilance et au renforcement des mesures d'hygiène port du masque dans les lieux publics fermés, toux dans le pli du coude, lavage fréquent des mains et consultation rapide en cas de symptômes.

Des cas de syndromes grippaux constatés dans plusieurs régions du Cameroun ces dernières semaines, prennent une tournure préoccupante. Dans un communiqué publié, le 15 octobre, le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie alerte sur une augmentation des cas dans les régions de l’Ouest, du Centre, du Nord-Ouest et du Littoral. D’après lui, 179 cas positifs ont été détectés sur 850 échantillons analysés au cours des huit dernières semaines, soit un taux de positivité de 21,1 %. Les virus identifiés sont principalement de type A(H1N1), A(H3N2) et B/Victoria.

« Aucun décès n'a été enregistré parmi les cas confirmés. Cette activité grippale, bien que soutenue, reste sous contrôle grâce à un réseau de surveillance fonctionnel. Parallèlement, la situation de la Covid19 demeure stable. Sur la même période, seuls 5 cas ont été confirmés, avec un taux de positivité de 0,59 %, bien en-deçà du seuil d'alerte. Aucun décès, hospitalisation majeure ou nouveau variant préoccupant n'ont été détectés. La circulation du SarsCov-2 reste donc sporadique et sous contrôle », fait remarquer le Minsanté, dans son communiqué.

Face à cette situation, Manaouda Malachie invite la population à la vigilance et au renforcement des mesures d'hygiène port du masque dans les lieux publics fermés, toux dans le pli du coude, lavage fréquent des mains et consultation rapide en cas de symptômes (fièvre, toux, difficultés respiratoires). « Le dispositif national de surveillance et de riposte reste pleinement opérationnel. Pour tout renseignement, le numéro vert 1510 est disponible. », souligne-t-il.

Mais dans un contexte politique tendu - entre attente des résultats de la présidentielle du 12 octobre -, cette sortie ministérielle interroge. Car le timing du communiqué soulève la suspicion : Manaouda Malachie, ministre et figure active dans la campagne du président Paul Biya, pourrait préparer le terrain à d’éventuelles restrictions de rassemblements publics sous prétexte de santé publique. Pour certains observateurs, ce mélange entre santé et politique rappelle les stratégies déjà vues lors de crises précédentes : agiter la peur du virus pour désamorcer toute contestation postélectorale. Info ou intox ? À voir.

Mesures exécutoires de mars 2020

Pour rappel, la pandémie de Covid-19 au Cameroun avait officiellement démarré le 6 mars 2020. Le premier cas officiellement reconnu du coronavirus au pays était un ressortissant français de 58 ans, arrivé à Yaoundé, le 24 février 2020. Le Cameroun étant le deuxième pays le plus touché d'Afrique subsaharienne, le président Biya va instruire, le 18 mars 2020, un train de mesures exécutoires à la minute et jusqu’à nouvel ordre : les frontières terrestres, aériennes et maritimes du Cameroun seront fermées : tous les vols passagers en provenance de l’étranger sont suspendus, à l’exception des vols cargos et des navires transportant les produits de consommation courante ainsi que les biens et matériels essentiels, dont les temps d’escale seront limités et encadrés ; les Camerounais désireux de retourner dans leur pays devront prendre l’attache de nos différentes représentations diplomatiques ; la délivrance des visas d’entrée au Cameroun aux différents aéroports est suspendue ; tous les établissements publics et privés de formation relevant des différents ordres d’enseignement, de la maternelle au supérieur, y compris les centres de formation professionnelle et les grandes écoles seront fermés ; les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits sur toute l’étendue du territoire national ; les compétitions scolaires et universitaires sont reportées, à l’instar des jeux Fenassco et des jeux universitaires.

Dans le même temps, Paul Biya va prescrire que l’on ferme systématiquement les débits de boissons, les restaurants et les lieux de loisirs, à partir de 18 heures, sous le contrôle des autorités administratives. L’on a instauré un système de régulation des flux des consommateurs dans les marchés et les centres commerciaux ; les déplacements urbains et interurbains ne devraient s’effectuer qu’en cas d’extrême nécessité ; les conducteurs de bus, de taxis et de mototaxis seront désormais invités à éviter des surcharges dans les transports publics : les forces de maintien de l’ordre y veillaient particulièrement ; les formations sanitaires privées, les hôtels et autres lieux d’hébergement, les véhicules ainsi que les équipements spécifiques nécessaires à la mise en œuvre du plan de riposte contre la pandémie du Covid19 au Cameroun pouvaient être réquisitionnées en tant que de besoin, à la diligence des autorités compétentes ; les administrations publiques devaient privilégier les moyens de communications électroniques et les outils numériques pour les réunions susceptibles de regrouper plus de dix personnes ; les missions à l’étranger des membres du gouvernement et des agents du secteur public et parapublic seront suspendues et les populations invitées à observer strictement les mesures d’hygiène recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir notamment se laver régulièrement les mains au savon, éviter des contacts rapprochés tels que se serrer les mains ou s'embrasser, se couvrir la bouche pour éternuer. Mais à l’observation, toutes ces mesures, à la vérité, seront plus ou moins respectées.