Les forces de sécurité camerounaises se mobilisent après l'attentat-suicide du samedi 25 juillet au soir, dans la ville de Maroua, à l'Extrême-Nord du pays. Un attentat qui a fait 21 morts et plus de 70 blessés.
La ville avait déjà été la cible d'une double attaque sanglante mercredi. Une série d’attentats qui n'est toujours pas revendiquée mais qui, pour tous les observateurs, seraient l’œuvre des jihadistes du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest, ex-Boko Haram.
Les opérations de police se sont multipliées tout au long de la nuit, après l'attentat-suicide. Des ratissages ont eu lieu dans des quartiers entiers sur dénonciation des suspects par les populations. Plusieurs interpellations ont été effectuées notamment dans le canton Balassa, à une vingtaine de kilomètres de Maroua.
Ces opérations de police sont appelées à se densifier. Les autorités locales ont dit attendre des renforts imminents de 300 à 400 gendarmes et policiers. Ceux-ci devraient passer la ville au peigne fin, fouiller les concessions et procéder à de larges mesures d’identification des habitants. Tous les bailleurs ont été sommés de déclarer aux chefs de quartier les identités complètes de leurs locataires. Les étrangers en situation irrégulière seront automatiquement renvoyés chez eux.
Policiers et gendarmes vont aussi cibler les enfants de la rue. Ils ne seront plus tolérés sur la place publique. Outre les renseignements attendus des populations, les autorités ont encouragé la multiplication des comités de vigilance et interdit les regroupements dans les points de rencontre, comme les bars et les mosquées, au-delà de 18h. Autant dire que Maroua est plus que jamais sur les dents.
L'aide de la population
Face à cette menace terroriste grandissante, le gouvernement de Yaoundé a demandé à la population de venir en aide aux forces de l'ordre pour identifier les terroristes et kamikazes parmi les citadins. Oumanou Moussa Sanda est professeur dans une école de Maroua, il explique comment les habitants de son quartier organisent la lutte pour leur propre sécurité.
« La lutte est vraiment devenue une lutte populaire, une lutte qui concerne tout le monde. Les recherches ont commencé, les gens du quartier parlent d’identifier toutes les personnes. Ils ont donc commencé par identifier toutes les personnes qui sont venues dans la ville, qui ont pris un loyer et vivent dans une maison. Aujourd’hui, même les activités ont été réduites. Je suis passé par le marché, la moitié des boutiques n’ont pas ouvert leurs portes… Un autre marché est resté fermé, alors qu’il est ouvert tous les dimanches. Il y a vraiment la panique au sein de la population ! »
Mais il n'est pas toujours évident pour les habitants de déterminer qui pourrait être un terroriste. C'est ce qu'explique, Madi, un autre habitant de Maroua, même si la volonté d’aider les forces de sécurité est bien présente.
« Dans la ville, on trouve beaucoup de filles de moins de 15 ans. Ce sera difficile de les détecter, puisque on peut supposer que cette petite fille, c’est sa mère ou son père qui l’a envoyé au marché. On ne peut pas savoir si c’est un membre de la nébuleuse Boko Haram. Mais pour les grandes personnes, ça peut se savoir. Je prends le cas de la burqa, par exemple. On a interdit de porter la burqa dans l’étendu du territoire en général. Quand je vois qu’une personne porte une burqa, je peux la dénoncer. C’est une règle instaurée par l’Etat camerounais. Moi, quand je vois qu’un tel est membre de la secte Boko Haram, je vais me rendre à la police pour dénoncer la personne. On est disposé à aider l’armée camerounaise à trouver tous ces terroristes, s’il y a possibilité ! »