Nouvelles révélations sur le scandale de licenciement abusif à l'ambassade des USA

Sa hiérarchie lui reproche d’être débiteur d’une forte somme d'argent à la banque.

Wed, 9 Aug 2023 Source: Le Messager

La représentation diplomatique américaine au Cameroun a mis fin illégalement au contrat de travail du sieur Julius Banka, en juin 2018.

Rien ne va plus entre l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique (USA) et son ex employé Julius Banka Che. Jusqu’au 14 juin 2018, tout semblait baigner dans l’huile. Et patatras ! Cet employé dévoué reçoit sa lettre de licenciement. L’Ambassade des USA décide de manière unilatérale, de mettre fin au contrat de travail avec cet employé. L’affaire a fait le tour de l’inspection du travail pour déboucher sur un procès-verbal de non-conciliation.

La Justice est saisie pour dire le droit. La prochaine audience est prévue le 14 août 2023 au Tribunal de grande instance du Mfoundi. L’Ambassade notifiée pourra sans doute se présenter au prétoire. Dans les détails de l’affaire, deux mobiles sont convoqués pour justifier la rupture entre la mission diplomatique et le concerné. Primo, l’employeur évoque un prêt bancaire dont sieur Julius Banka Che avec l’aval de l’Ambassade, a contracté. Sa hiérarchie lui reproche d’être débiteur d’une forte somme d'argent à la banque.

Secundo, un échange de téléphone est pointé du doigt. En effet, sieur Julius Banka, avec autorisation, tout comme les autres avant lui, avait échangé deux vieux téléphones contre deux téléphones usa-gés provenant du Peace Corps, pour une vente aux enchères qui devait avoir lieu à l'ambassade. Interpellé à ce sujet il a aussitôt rendu les téléphones. Or, la lettre de licenciement notifiée à l’infortuné ne comporte pas le motif pour lequel on l’a congédié. De manière laconique, il est mentionné que «l’Ambassade a décidé que la poursuite de son emploi, en tant que directeur d'entrepôt - services généraux, n'est pas dans le meilleur intérêt de l'Ambassade des États-Unis et qu'il est licencié, avec effet immédiat».

Contre toute attente, le 27 juin 2018, une toute nouvelle lettre de licenciement datée du 26 juin 2018 est servie à son domicile avec des motifs qui laissent songeur. L’Ambassade allègue dans cette correspondance que la carte d'identité du plaignant aurait été saisie. Que le certificat de sécurité aurait été révoqué pour des raisons de sécurité (perte de confiance) sur la base des motifs d’utilisation non autorisée de biens, d'équipements et de véhicules américains, de vol de biens du gouvernement des États-Unis, d’utilisation non autorisée du statut. Conscient du caractère factice des allégations de son ex-employeur, sieur Julius Banka refuse de décharger. Ce d’autant qu’elle lui avait été présentée, deux semaines après avoir reçu la première.

Harcèlement

En réalité, le déclic de ce licenciement abusif a un lien avec la plainte pour harcèlement sexuel et représailles, de Julius Banka contre son superviseur américain William Mellwain, à l’époque réputé gay, deux mois plus tôt. Ce dernier voulait faire de Julius Banka Che (JBC), un éventuel partenaire sexuel. Le concerné dit niet ! JBC décide alors de se plaindre verbalement le 26 avril 2018, et rédige une plainte écrite formelle le 15 mai 2018, par l'intermédiaire du conseiller de l'Equal Employment Opportunity (EEO) et du responsable des ressources humaines (RH) de l'ambassade. Julius Banka oppose un refus catégorique aux avances de l’Américain bisexuel. Car, selon Julius Banka, cette pratique est totalement contraire à son orientation sexuelle, ainsi qu’aux lois et règlements de la République du Cameroun.

Face à cette résistance, le superviseur américain entreprend de rendre l'environnement de travail extrêmement hostile à sa cible. Toutes choses rendues favorables par le mutisme du chef de la diplomatie américaine à Yaoundé, bien informé de cette situation. JBC saisit le ministre des Relations extérieures pour intervention auprès de son employeur. C’est pour cette raison que dans une correspondance adressée à l’Ambassade des USA, le MINREX relève le caractère abusif du licenciement du requérant, non sans inviter, l’Ambassade de lui rapporter sa version des faits. Bien plus, des actes de représailles et d'hostilité sont mis à contribution. Ce superviseur gay ordonne au responsable du «Employé local» de modifier l'évaluation annuelle des performances de Julius Banka, qui avait été classé «bon», en une classification plus basse dans l’optique d’une «nécessité d'amélioration ».

Dans ces conditions de discrimination, Julius Banka Che refuse d'accepter et de signer l'évaluation modifiée sachant que l'évaluation originale avait été signée par lui et par le superviseur local considéré comme son agent de notation. A la suite de cet incident Julius Banka dépose une plainte auprès du superviseur de William pour régler le problème. Sans suite. Le destinataire se positionnant plutôt comme un allié de son bourreau.

Procès-verbal

Bon à savoir, pendant les 9 ans et 4 mois où Julius a été employé à l'Ambassade des États-Unis, il a toujours été classé comme le meilleur employé de la région avec de nombreux prix et certifications, à l’appui. Son dossier était impeccable. Sans avertissement. Pas de réprimande. Encore moins de suspension. En outre, le contrat de travail entre sieur Julius Banka et l'Ambassade a été signé le 30 janvier 2009, avec une date de début le 1er février 2009 et une date de fin le 5 avril 2015. Julius occupe le poste de magasinier. Le 1er avril 2014, au regard de ses états de service, son poste a été réévalué, et un nouveau contrat a été signé. Julius Banka est promu superviseur d'entrepôt Ce contrat renouvelé devait expirer le 5 avril 2024.

Fort du caractère abusif de son licenciement, Banka Julius Che a, ainsi que l’exige l’article 139 alinéa 1er du Code du travail camerounais, saisi l’inspecteur du travail et de la sécurité sociale du Centre. Le but étant de tenter une conciliation en 2018. Echec et mat ! Le procès-verbal de non conciliation a été fait en date du 07 avril 2022. Après deux ans, JBC est contraint de se constituer un avocat pour le suivi de son dossier. Depuis lors, Me James Joseph Francis Epo est le Conseil du requérant. L’affaire est portée à la connaissance des autorités judiciaires. Elle est enrôlée et appelée en audience le 12 septembre 2022, au tribunal de grande instance du

Mfoundi, statuant en matière sociale. Plus loin, en février 2023, le parquet général transmet après moult tractations et atermoiement les convocations à la Chancellerie pour acheminement au MINREX.

Bon à savoir, l’avocat de JBC, Me James Joseph Francis Epo, déclare que son client «se bat pour ses droits et pour restaurer son image. Il se bat également pour ses collègues de l’Ambassade qui sont en esclavage et pour que les Lois et coutumes de son pays soient respectées. Les USA peuvent être le Goliath du monde, ils sont tenus de respecter l’état de droit au Cameroun». Contactée l’Ambassade des USA au Cameroun par le truchement de son porte-parole, M. Tabor Ethan, a fait savoir au Messager que «la politique du gouvernement américain ne lui permet pas de s’étaler sur les affaires internes à l’Ambassade». Pour le reste, rendez-vous est pris au prétoire…

Source: Le Messager