Nuit des longs couteaux à Etoudi: la sortie d'Oswald Baboke qui révèle tout

La nuit des longs couteaux s’inaugure-t-elle par le clabaudage et le chantage ?

Wed, 1 Dec 2021 Source: Le Point

Dans une tribune publiée récemment, le directeur adjoint du Cabinet civil de la présidence de la République confirme les jeux et les enjeux qui se tissent autour de la succession de Paul Biya. Un véritable régal pour les yeux

Qui hait (est) qui ? Chienlit sur les startingblocks du lynchage je.” C’est le titre d’une tribune libre écrite par les bons soins de Oswald Baboke, directeur adjoint du Cabinet civil de la présidence de la République. S’il fait partie du sérail, Oswald Baboke n’est pas connu comme quelqu’un de particulièrement bavard.

D’ailleurs sa réserve le classe comme un élève très assidu de son maitre Paul Biya. Diplomate de carrière et de profession, il a fait ses humanités au célèbre Institut des Relations internationales du Cameroun Jlric), ce prestigieux homme de Dieu a donc le verbe qu’il faut à la place qu’il faut. C’est donc avec de hauteur qu’il faut lire cette tribune qui témoigne à suffire ce jeu de massacre qui se joue aujourd’hui dans le proche entourage du président de la République Paul Biya. Ainsi sur la forme, il n’y a rien à redire. Mais alors, le fond est tout simplement une merveille pour les puristes.

La plume

Notre essayiste de circonstance s’inspire donc de l’ouvrage de Patrice Duhamel et Jacques Santamaria intitulé «Les Flingueurs». «L’essai rédigé sous la physionomie acrimonieuse d’un film western plante le décor anarchique digne du Far West, l’arène où les édiles et édits des lois ne font plus foi, pour faire-valoir le droit. La déco des «Flingueurs» évoque l’univers amphorique d’une enceinte bestiale amorale si ce n’est le diktat du colt. Ce livre d’une huitaine d’années, demeure d’une incroyable actualité. Et d’une congruente universalité» écrit Baboke pour planter le décor de son essai. De sa position, il n y a l’ombre d’aucun doute qu’il sait de quoi il parle.

Pour lui, «les effets pervers du persiflage et les techniques triviales de la calomnie gratuite qu’évoquent les auteurs des «Flingueurs» ne datent pas de nos jours.»Il rappelle ainsi que cet ouvrage «décrit et décrie le jeu de massacres sociopolitiques entre les élites, via de pseudos «lanceurs d’alertes» et «influenceurs», quand bien même ce titre tonitruant ne renvoie à rien d’illustre et de concret…

«Depuis lors, la chienlit a trouvé refuge dans nos mœurs. Au point d’y élire domicile. Qui douterait encore de l’expérimentation tous azimuts, du jeu de massacres politiques que nous vivons chez nous, entre pseudo-collègues et vrais concurrents. La même déloyauté se vit et sévit entre faux-homologues et certains autres pseudo-camarades, qui se réclament pourtant d’un même bord politique. Très souvent, les auteurs de la chienlit et les victimes ciblées par la manigance et l’hypocrisie humaine sont logés à la même enseigne, guidés par une idéologique commune.»

Le marigot camerounais

Oswald Baboke poursuit alors sa démonstration. « Depuis lors, écrit-il, la chienlit a trouvé refuge dans nos mœurs. Au point d’y élire domicile. Qui douterait encore de l’expérimentation tous azimuts, du jeu de massacres politiques que nous vivons chez nous, entre pseudo-collègues et vrais concurrents. La même déloyauté se vit et sévit entre faux-homologues et certains autres pseudo-camarades, qui se réclament pourtant d’un même bord politique.

Très souvent, les auteurs de la chienlit et les victimes ciblées par la manigance et l’hypocrisie humaine sont logés à la même enseigne, guidés par une idéologique commune. Mais divisés, « chacun pour soi, Dieu pour tous », dans une ambition concurrentielle larvée…Chaque militant fantasmant de frénétiques ambitions individualistes…Tant pis, si l’impétrant n’en possède ni l’étoffe ni la mensuration. Ni l’appétence ni la compétence… Tout le monde brigue les sommets de l’État – via la médisance – un épiphénomène » d’ascension-calomnie » ayant cours dans les antichambres des cours royales. »

Entre loups…

« « Le monde politique est cruel. Il l’a toujours été, parfois [hier] plus encore qu’aujourd’hui’ », mentionnent-ils dans « Les Flingueurs ». Mais le développement des médias et la déferlante des réseaux sociaux ont, depuis des années, un effet dévastateur : pour être entendus dans le brouhaha de l’information permanente, les responsables politiques doivent, à tout moment, se distinguer, trouver la phrase qui fait mouche, le mot qui tue, l’expression qui sera reprise et amplifiée. Et à ce jeu, c’est le plus cruel qui l’emporte… » note Oswald Baboke qui en-chaine en puisant dans l’histoire : « depuis les temps très anciens, repérables dans la lointaine antiquité gréco-romaine, des siècles avant Jésus-Christ, les duels politiques d’Athènes et de Rome étaient publics et impudiques. Jadis, la cruauté des escrimes s’écrivait en lettres de sang, au gré des violences bestiales frisant l’horreur. Au moins, sous Néron, on se battait pour l’honneur.

Les gladiateurs les plus coriaces (endurcis par la force herculéenne des biceps, l’intelligence qui raccompagne, la ruse empirique et la double stratégie offensive et défensive des combats les victoires, les trophées et les palmarès accumulés permettaient d’accéder aux postes et fonctions les plus élevés. (Un cran en dessous des oligarchies héréditaires de César).

En ces temps, là, il fut établi que le Peuple aimait les jeux, du vin et du pain, autant qu’il leur plaît. Aux citoyens d’aujourd’hui, nos compatriotes et contemporains, s’empressent d’assouvir leur fringale bestiale en assistant à la disgrâce des actants et leaders politiques, et à la chute vertigineuse des opérateurs économiques… »

La toile en écarlate

Fort de ses certitudes et revenant plus près de nous, Oswald Baboke indique que « les batailles sociopolitiques pullulent désormais sur la toile. En croyant se mettre au-dessus de tout soupçon, les hommes politiques affrontent leurs camarades du même parti, à travers la divulgation des documents d’État, censés relever de la plus -haute confidentialité.

Dans ce jeu de massacres systémiques, les secrets d’État classés « Top Secret » se retrouvent dans la rue, via les réseaux sociaux. Le but étant de calomnier les dirigeants, aux affaires, et la supposée trivialité des Gouvernants que n’importe qui s’offre le loisir de critiquer.Les documents frappés du sceau de l’État s’échappent des cabinets par des serviteurs déloyaux.

Les virements financiers indirects qui nourrissent les fameux « influenceurs » desréseaux sociaux, dont bon nombre vit en Europe et aux Etats-Unis, sont connus… Les nouvelles autoroutes de la communication $ont transformées en laboratoires clandestins de fausses accusations, et usines de photomontages, délivrant de fausses-vraies pièces à conviction… Tout ça pour nuire. Pour créer le doute et la zizanie, la dysharmonie et la méfiance à la tête de l’État, et dans les plateformes insulaires qui soutiennent le chef de l’État.»

Il poursuit : «les grands boulevards de la diffamation et de la médisance automatique sont habités, pour certains, par des pseudos lanceurs d’alertes payés pour salir les adversaires, dans l’intention inavouée de briser des carrières, et pour éliminer toutes les barrières humaines qui se dressent comme des digues ambulantes devant les marionnettistes aux abois. Ainsi, plusieurs millions d’euros et de francs cfa qui auraient pu servir à construire des industries locales, des écoles, des routes, voire des hôpitaux, ces pactoles servent à alimenter les pseudos lanceurs d’alertes, qui, bien évidemment «mangent» à plusieurs râteliers.»

On est bien là au Cameroun. Mais le constat est davantage effarant quand Baboke soutient que «la technique des rapaces et maîtres-chanteurs est bien connue. Le lanceur d’alerte reçoit des documents et des détails chiffrés dans une fausse boite mail ou un faux compte créé quelque part, en même temps que les virements y afférents, qui transitent sur trois pseudos adresses.

Puis, en bon rapace, le même lanceur d’alertes saisit la personne visée pour négocier un montant de «retour à l’expéditeur, Ttc…». Riche des deux virements, le pseudo lanceur d’alertes relance le plus offrant, et s’enrichit triplement… Ainsi de suite, parfois le contact local au Cameroun reçoit les faux articles et l’argent… L’engrenage des cartels maffieux ne prend jamais fin. ‘Surtout pas en ce moment, devant l’impatience impertinente d’un remaniement ministériel, Cent fois annoncé, et cent fois ajourné…»

Le one man show

«En attendant que les commanditaires soient assurés de leur maintien aux postes ou de leur promotion, les pseudos lanceurs d’alertes s’engraissent. Il ne se passe pas une journée sans que des fausses informations alimentent les réseaux sociaux. Attention à l’effet boomerang. Va-t-on laisser des morveux prendre tout un pays en otage ? Le pays.’ne vit qu’au rythme des publications mensongères des rapaces et chasseurs de primes. Et pan ! Ils tirent sur tout le monde. Il suffit d’entrer en politique pour être une proie.

Ici comme ailleurs, le mérite se doit davantage à la lâcheté des calomnies gratuites des flingueurs plutôt qu’à la compétence intrinsèque des acteurs: «Une anthologie des cruautés politiques, c’est l’occasion de mesurer combien l’idéologie, la dialectique, les grands débats de société ont aujourd’hui laissé le plus souvent la place à l’invective, à la formule toute faite et soigneusement préparée, au Jeu des petites phrases. «Les Flingueurs» c’est, au choix, la comédie ou la tragédie du pouvoir.»

Oswald Baboke

Directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République, Oswald Baboke sait plus que tout le monde ce qu’il vit au quotidien lorsqu’il affirme que : «désormais les potins des malins n’épargnent plus personne ; ni le sacré, ni le profane. La famille présidentielle n’est-elle pas trainée dans la gadoue de la calomnie ? L’entourage présidentiel n’en est pas épargné. Le contexte s’y prête, peut-être. Le Président de la République, son épouse que l’on connaît serviable et altruiste, ne sont guère ménagés par les boulets incandescents des tontons flingueurs.

Le mélange trivial de genres aboutit à une confusion de rôles frisant l’anarchie. Le drame est d’enterrer le Renouveau vivant… La campagne d’outrage orchestrée par les pourfendeurs trouve justification dans la chronique d’un règne plus viable que jamais que l’on croyait à la dérive…» Et vient alors la question essentielle : «la fin justifie-t-elle les moyens ? La nuit des longs couteaux s’inaugure-t-elle par le clabaudage et le chantage ?

Source: Le Point