Selon une étude conjointe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef), près de la moitié des nouvelles mères au Nigéria, deux mères marocaines sur cinq et plus d'un cinquième des mères sud-africaines se sont vu conseiller par un professionnel de la santé de donner à leur bébé un produit de type lait maternisé.
"Ce rapport montre très clairement que la commercialisation du lait maternisé reste inacceptablement répandue, trompeuse et agressive", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
Le Dr Nigel Rollins, un pédiatre qui a supervisé l'étude pour l'OMS, souligne en outre que "nous voyons du marketing partout. On voit des approches différentes, parfois transparentes, parfois plutôt axées sur le numérique et dans d'autres cas ce sont les professionnels de santé qui sont ciblés" pour leur pouvoir d'influence.
L'allaitement maternel permet de prévenir des maladies comme la diarrhée, les infections respiratoires et contribue de ce fait à sauver des milliers de vies d'enfants. On estime par exemple que l'allaitement, s'il était pratiqué de manière optimale et à échelle, permettrait de sauver environ 8 000 vies d'enfants et, en plus de cela, d'avoir des bénéfices pour l'enfant.
C'est une pratique qui a des bénéfices pour la mère et les mêmes évidences rapportent que l'allaitement lorsqu'il est pratiqué de façon optimale, permet aussi de sauver environ 20.000 décès de mères dus au cancer, explique Dr Nanama.
Les scientifiques démontrent que le lait maternel est bel et bien supérieur au lait artificiel en termes de protection de la survie des enfants. Mais au-delà de leur développement cognitif et de leur capacité à devenir des adultes. Les enfants qui sont allaités au lait sont protégés et ont un risque moins élevé de développer des maladies chroniques comme l'obésité lorsqu'ils deviennent adultes.
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Les deux agences onusiennes recommandent des programmes de soutien à l'allaitement, comme des congés parentaux adéquats, mais aussi d'interdire aux personnels de santé d'être sponsorisés par ces fabricants.
Dr Siméon Nanama, spécialiste en Nutrition, estime qu'il faut déconstruire les idées reçues par rapport à l'allaitement maternel. Ces idées reçues contribuent aussi à faire en sorte que certaines femmes s'orientent vers les laits artificiels. Il y en a qui pensent que le lait maternel n'est pas suffisant pour le bébé, que le bébé a une meilleure impression de satiété comparativement au lait maternel etc. Pour lui, dans la plupart des cas, on a juste besoin d'apporter le soutien et l'appui et l'assistance aux femmes qui allaitent.
Qu'elles soient des femmes qui allaitent et qui travaillent ou des femmes qui allaitent et qui ne travaillent pas et qui font face à des contraintes. C'est de s'assurer que dans le milieu du travail, on met en place des conditions qui permettent à ces femmes-là de continuer à allaiter les enfants.
Le spécialiste suggère également de mettre en place des crèches sur les lieux de travail pour permettre aux mères d'allaiter.
Il s'agit de travailler notamment sur certaines normes sociales pour briser les croyances que les femmes ont tendance à ne pas allaiter ou alors à faire recours aux substituts du lait maternel.
L'OMS et l'Unicef demandent aussi aux fabricants de s'engager publiquement à respecter le code de conduite.
L'Assemblée mondiale de la santé, organe décisionnel suprême de l'OMS, a bien adopté un code de conduite depuis 1981 mais souvent il n'a pas été transcrit dans la législation nationale ou n'est pas appliqué.