La sortie du ministre de l’Administration territoriale le 6 mai dernier ordonnant aux gouverneurs des régions de s’impliquer dans la traque des enseignants grévistes Ots-Ota, a suscité de ces derniers et d’autres syndicats solidaires, une levée de bois verts contre le patron de l’Administration. Danger d’une année blanche.
« Au moment où nous nous battons pour le respect de nos droits, Monsieur le ministre de l’Administration territoriale, l’interpellation des représentants Ots-Ota- Sevcam-Seca, ou des cosignataires des communiqués et correspondances serait une énième atteinte aux droits des enseignants et particulièrement le droit de la grève », lit-on dans le communiqué riposte des enseignants signé hier lundi 9 mai 2022.
Les représentants de « on n’a trop supporté (Ots), on a trop attendu (Ota), le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca), les Collectifs des enseignants vacataires du Cameroun (Cevcam) », sont vivement remontés par la sortie menaçante du Minat et sont de ce fait unis dans un front contre l’autorité.
Les enseignants grévistes ne vont pas du dos de la cuillère et annonce à Paul Atanga Nji que la conséquence logique de leur traque aura pour conséquence immédiate « aucune activité scolaire, pédagogique, plus personne ne se rendra dans aucun établissement scolaire jusqu’à libération ».
Ils disent ainsi au Minat les représailles si un seul des leurs est interpellé. Un bras de fer engagé pour tout dire. Par ailleurs, ils indiquent que cette situation « présage déjà aussi, l’état de l’année scolaire en cours et celle de l’année prochaine ». Pour eux, il va sans dire que si l’un des leurs est arrêté, « il faudra donc aussi interpeller tous les enseignants grévistes pour être cohérent avec une telle démarche ».
Revenant sur les différentes mesures prises par le gouvernement pour juguler la grève, les enseignants s’offusquent de ce que « les mesures prises par le gouverne- ment sont totalement insuffisantes et c’est sans doute en le comprenant que le Premier ministre chef du gouvernement, essaie de trouver des solutions additionnelles ».
Par contre ils s’insurgent contre la posture du Minat engagé dans une posture de répression en indiquant qu’il « devrait également œuvrer dans ce sens et non se verser dans un courant inverse ».
« Cesser les intimidations et engager le dialogue franc »
Prenant toujours le patron de l’Intérieur à contre-pied, ils assurent que leurs revendications sont à la fois légales et légitimes. C’est d’ailleurs dans cette veine, précisent-ils qu’une lettre a été envoyée au président de la République et détaillent par ailleurs les points de revendication et les textes y afférents. Dans la foulée, les mouvements grévistes demandent au gouvernement de cesser les intimidations et de s’engager dans un dialogue franc avec « les vrais représentants Ots-Ota-Cevcam-Seca et non plus avec ceux qu’il s’est choisis ».
Rebondissant sur la déclaration du Minat d’avoir interpellé certains enseignants grévistes en conclave avec les leaders de certains partis politiques et d’Ong, ils le remercient « d’avoir identifié et interpellé les infiltrés » qui auraient pu détourner leur mouvement de la revendication corporatiste.
Pour finir, ils attirent l’attention de la communauté nationale, internationale et du Minat sur le fait que les représentants Ots « ne sont pas des maquisards, ni des personnes cachées, la preuve, les signatures avec les noms à l’appui et les numéros de ces représentants sont sur les communiqués et correspondances ».
Une autre façon de répliquer aux patrons des gouverneurs qu’ils agissent à visage découvert et se tiennent prêts à assumer à en toute responsabilité leurs agissements.