Paul Biya comme les hommes illustres de ce monde détient un certain nombre de pouvoirs. Il règne et gouverne également par l'occultisme auquel recourent les chefs d'État. C'est probable. Mais Biya sait tout aussi bien qu'il est un homme, avec les limites qui particularisent le règne humain. Biya se sert certainement de tous les artifices pour pérenniser son règne.
Lors des campagnes présidentielles, le président se réfugie derrière ses représentants personnels, les Premiers ministres, pour haranguer les foules. Simon Achidi Achu et Peter Mafany Musonge ont joué ce rôle de paravent politique alors que le prince menait les opérations depuis le palais de l'Unité et Mvomeka'a, loin des gris-gris et des sorts si actifs pendant les campagnes électorales et les règnes.
Biya ne s'inscrit pas dans le sillage de l'athéisme d'État, de même qu'il ne s'accommode pas du fanatisme religieux ou magique. C'est un homme ordinaire au plan religieux et mystique. Cependant Biya est habité par une passion politique excessive mais pas au point de ressembler aux disciples de « la volonté de puissance » de Nietzsche.
Mezri Haddad pense : « Inexorablement la passion du pouvoir entre en concurrence avec la passion de Dieu. On s'éloigne d'autant plus de Dieu qu'on s'approche du pouvoir ». Paul Biya ne refuse guère une cérémonie traditionnelle qui le protège des conquérants obscurs du pouvoir, mais le président gère méthodiquement les icônes qui concourent au maintien de son pouvoir, et la pérennité de son influence.
Le pouvoir traditionnel garde ainsi un rôle d'adjuvant précieux pour le pouvoir politique.