Jean Fochivé, le tout puissant chef de police des présidents Paul Biya et Ahmadou Ahidjo est limogé à la surprise générale. C'était le 1er Mars 1996. Séverin Tchounkeu, patron de la nouvelle expression qui a été l’une de ses victimes, n'a pas manqué de réagir à son limogeage.
« Le pouvoir a ceci de particulier que lorsqu'on l'a, on se croit au-dessus de tout. On se croit alors immortel et on s'entoure de courtisans qui, habilement, donnent l'illusion de l’inamovibilité.
Du coup, on se prend à rêver de paradis et on confond tout, surtout, lorsqu'une marque de confiance, même momentanée, vient renforcer ce pouvoir. L'homme, de part le temps passé à la tête de la police et les actes posés dans l'exercice de ses fonctions avait fini par faire confondre police, répression et Jean Fochivé individu.
De nombreux Camerounais ont souffert de son fait. De nombreuses familles restent endeuillées par sa pratique. L’image qui lui collait le mieux était celle du Maréchal Goering. cet officier SS de triste mémoire avec qui il partageait sans doute le
сynisme.
Homme de poigne, il lui fallait certainement une éviction à sa véritable dimension, une eviction calculée. Jean Fochivé fait en effet partie de ces hommes qu'on croyait indifférents a la douleur, insensibles à tout ce qui peut angoisser, détruire lhomme dans son essence. Gilbert Andze Tsoungui et lui auront fini par incarner la tyrannie à la place du tyran.
Pourtant, avec le décès de son épouse, on a compris que, comme ces parents qui ont longtemps souffert de la disparition d'un des leurs, comme ces orphelins qui souffrent encore de la disparition de leur géniteur du fait de ces tyranneaux de pacotille, Jean Fochive pouvait être atteint.
Et comme si la providence avait décidé de lui faire payer ses exactions pour de bon, voilà que Ndam Njoya sonnait le glas de sa disgrâce en infligeant une déculottée sans précédent à son parti aux dernières municipales dans le Noun.
Fochivé certainement pensé comme beaucoup d'autres, que le peuple camerounais était un peuple sans mémoire. Il s'est donc aventurié dans une bataille où même le chien du village, longtemps brimé, aurait trouve la l'occasion de prendre sa revanche.
Affaibli politiquement, affectée sentimentalement, même lorsqu'on s'appelle Fochivé, on ne peut qu'en prendre un coup au moral. Et en politique, c'est le moment idéal, C’ est le moment qu'affectionne le Prince. Car il jubile à voir le baroudeur d'hier réduit à sa plus simple expression.
Déjà l'usure du pouvoir avait fini par transformer le SESI en une maison où intrigues, corruptions, el rackets étaient devenus la règle. L’autorité du chef n y avait plus sa place , tellement les clans avaient noyauté la structure.
Biya aurait pu feindre d'arrêter l’hémorragie depuis que, dans nos villes et campagnes, les policiers se contentent d'une pièce de 100 F CFA pour laisser filer un chauffeur indélicat. On ne renvoie pas un "sécurocrate" de la trempe de Fochive comme un vulgaire ministrillon !
Pour cela, l'affaire des Français protestant pour leur soi disant insécurité exclusive, des sénateurs de Français tempêtant pour les cartes de sejour jugées hors de prix, les diplomates agressés en permanence, ont été le leitmotiv tout trouvé.
Croyez moi, ce n'est pas sur le limogeage de quelqu'un dont les éléments m'ont torturé et humilié au sens strict du terme que je m'apitoierais. Ce qui choque c'est de savoir que, lorsqu'un Camerounais est assassiné par la police, les Français ne s'en émeuvent pas. Les Camerounais protestent tous les jours contre les abus d'Andzé Tsoungui et de Fochivé. Pour cela, on ne demandera jamais leur départ.
Mais parce que Godfrain et l’Elysée jugent inadmissibles les nouveaux frais de séjour au Cameroun, alors il faut absolument que Fochivé tombe. Et chose voulue, chose faite.
Ceux-la qui l'ont toujours encouragé à réprimer les nationaux en lui fournissant du gaz lacrymogène et, autres logistiques pour torturer les Camerounais n'ont pas accepté d'être victimes de sa subite clairvoyance". Biya fait également d'une pierre deux coups : Il envoie un avertissement à tous ceux qui se croient intouchables et rappelle à tout le monde qu'il est le seul maître à bord. »
Le livre « les révélations de Jean Fochive »