Toujours décidé à faire dissoudre l’Association des parents d’élèves et enseignants (Apee) du lycée de New-Bell qu’il juge « illégale », notre confrère annonce une autre grève de la faim. Il projette de la mener le jour de la prochaine rentrée scolaire au siège du ministère des enseignements secondaires, à Yaoundé. Entretien.
Comment avez-vous été traité au cours des cinq jours pendant lesquels vous avez été détenu dans les services de la division régionale de la police judiciaire du Littoral ?
Je n’ai pas subi de violences physiques. J’ai été en revanche brutalisé psychologiquement. Ma première audition a lieu aux environs de deux heures du matin. Dans la nuit du lundi 1 er au mardi 2 juin. Je leur ai demandé si je n’ai pas droit à un avocat, s’il y avait une urgence pour que l’on m’entende aussi rapidement. Mes geôliers m’ont rétorqué que j’avais le droit de ne pas répondre à leurs questions. Mais comme je n’avais rien à cacher parce que toutes les dispositions de la loi sont pour moi, j’ai été entendue à cette heure indue-là, puis le lendemain aux environs de dix heures avant que le procureur de la République Eboa vienne interrompre la séance.
Quand vous avez été arrêté, vous aviez commencé une grève de la faim. Pourquoi vous plaignez-vous après d’avoir été empêché de recevoir de la nourriture de votre famille ?
L’interruption de ma grève de la faim était brusque. Je vais la poursuivre plus tard. Je la reprendrai à l’occasion de la rentrée scolaire prochaine. Je la referai parce que les responsables en charge de l’enseignement secondaire au Cameroun refusent d’appliquer les dispositions légales. Je me vois donc obligé de reprendre cette grève de la faim le jour de la prochaine rentrée scolaire au Ministère des enseignements secondaires, à Yaoundé.
« L’Apee du lycée bilingue de New-Bell est illégale »
Qu’attendez-vous concrètement d’eux ?
Ils doivent d’abord dissoudre purement et simplement l’Association des parents d’élèves et enseignants (Apee) du lycée de New-Bell et mettre sur pied un comité de redressement conformément à la circulaire du ministre des enseignements secondaires de 2008 qui dit que si les statuts et le règlement intérieur d’une association des parents d’élèves n’est pas conforme aux dispositions de cette circulaire, est purement et simplement dissoute. Or l’Apee n’a ni statut, ni règlement intérieur. Pas même en version ramassée. Elle est aussi illégale et illégitime car n’ayant pas de récépissé de déclaration. Elle ne peut donc pas fonctionner si l’on s’en tient à la circulaire de 2008 fixant les conditions de fonctionnement des Apee. Or si elle n’a pas de récépissé de déclaration, elle ne peut avoir la compétence qui lui permet de gérer les sommes d’argent provenant des cotisations. Or, au lycée de New-Bell, les seules dispositions qui sont appliquées sont celles contenues dans la tête du chef de l’établissement qui est l’épouse du procureur Eboa. Mais elle voudrait penser que quand on est l’épouse d’un magistrat, on peut être amené à ne pas respecter les lois de ce pays.
Vous êtes de nouveau libre, mais l’on sait que vos geôliers s’apprêtaient à vous déférer au parquet. Faut-il comprendre que les poursuites engagées contre vous sont arrêtées ?
Difficile de dire si les poursuites contre moi sont arrêtées ou non ? Je pense que c’est après la rencontre avec mon conseil, commis par le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) que je tiens d’ailleurs à remercier, que nous allons retenir. Mais je vais vous dire que ce n’est pas l’accusation de « trouble à l’ordre public » que l’on voulait retenir contre moi. On voulait m’accuser d’actes de terrorisme, m’appliquer la loi sur le terrorisme. Mais ils ont pensé qu’en m’appliquant cette disposition, l’affaire leur échapperait des mains et tomberait dans celles du tribunal Militaire compétent dans le cas d’espèce. Ils ont requalifié les faits et penser à ma coller l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Sauf que là aussi, le dossier serait passé au tribunal de Grande Instance dont monsieur Henri Eboa est le procureur. Il se serait retrouvé en train de gérer un problème dans lequel son épouse est impliquée. Il y avait donc ce conflit d’intérêt. Il ne pouvait donc pas être en train de tirer les ficelles et protéger son épouse. Voilà pourquoi le motif de « trouble à l’ordre public a été retenu.
Pourquoi avez-vous accepté d’être entendu sans être assisté d’un avocat ?
En vérité parce que je voulais l’ouverture du procès des Apee. Tant au lycée de New-Bell qu’ailleurs. Au tribunal j’aurais fait des révélations sur la gestion des Apee. Je vais vous faire une révélation : au lycée de New-Bell, en trois ans, les frais d’Apee sont passés de 14 000 francs Cfa à 28 000 et de 28 000 à 33 000. En plus le contrat qui lie l’Apee du lycée de New-Bell à la société Icrafon ne figure nulle part. L’argent qui en est issu est perdu entre l’administration du lycée, l’Apee et Icrafon.